Pour une école de la justice et de la dignité

Le Groupe socialiste–Opposition ittihadie trace la voie d’une réforme juste et courageuse


Mehdi Ouassat
Vendredi 20 Juin 2025

Pour une école de la justice et de la dignité
Dans un Parlement souvent accaparé par des débats techniques et des logiques de gestion, les conseillers ittihadis ont choisi de recentrer le regard sur l’essentiel, de remettre l’humain au centre et de défendre les fondations d’un Maroc plus juste.

A travers l’intervention du député Omar Aânane, le Groupe socialiste–Opposition ittihadie a une nouvelle fois fait montre d’un engagement politique et moral rare : replacer l’école publique au cœur du projet national. Pas comme un simple service administratif ou un instrument de gestion budgétaire, mais comme un levier stratégique pour construire une société de dignité, d’égalité et de progrès partagé.

La séance consacrée à la discussion des propositions de lois touchant à l’éducation fut bien plus qu’un exercice parlementaire routinier. Elle s’est transformée, grâce à la clarté et la profondeur de l’analyse du Groupe socialiste, en un moment de vérité politique. Le diagnostic posé est sans concession : il ne saurait y avoir de réforme authentique sans vision globale, sans intégration réelle entre la législation et le tissu social, entre la classe et la cité, entre les valeurs constitutionnelles et l’expérience concrète des enfants marocains.

Dès lors, les interventions des Ittihadis n’ont pas été de simples ajustements techniques mais des propositions à haute portée symbolique et stratégique. La question de l’obligation scolaire, par exemple, n’est pas seulement une affaire de textes ou de dates de naissance.

Elle est, comme l’ont souligné les élus socialistes, un indicateur cruel d’inégalités profondes. Car que signifie, concrètement, l’obligation scolaire dans un pays où plus de 260 000 enfants âgés de 6 à 15 ans échappent encore au système éducatif ? Où l’endroit de naissance, qu’il soit rural ou périurbain, détermine encore trop souvent le destin d’un enfant ? Ces chiffres ne sont pas neutres. Ils racontent une fracture sociale que l’on se doit de résorber.

C’est dans cet esprit que le Groupe socialiste a mis en lumière une faille légale aux conséquences douloureuses : l’impossibilité pour de nombreuses mères, souvent séparées sans jugement formel, d’inscrire leurs enfants dans une nouvelle école à cause de l’absence d’un document administratif. Derrière ce détail juridique se cachent des vies suspendues, des parcours éducatifs brisés, des injustices infligées à des enfants déjà fragiles. Le remède proposé est à la fois simple et profondément juste : garantir à chacun des parents, sauf décision judiciaire contraire, le droit de scolariser leur enfant, dans le respect de la réalité sociale des familles.

Cette même logique de protection de l’enfance traverse la prise de position du Groupe concernant l’enseignement préscolaire. Le constat est amer : malgré les ambitions affichées de généralisation, l’enseignement préscolaire demeure un secteur vulnérable, marqué par l’absence de cadre juridique rigoureux, d’assurance systématique pour les enfants, et d’une transparence élémentaire dans les rapports entre les établissements et les parents.

Certains enfants ne sont même pas assurés, et les parents, délibérément tenus dans l’ignorance de leurs droits, se trouvent impuissants face aux abus. Le Groupe socialiste ne s’est pas contenté de dénoncer ; il a proposé des mesures concrètes : rendre l’assurance obligatoire, fournir les contrats complets aux familles, et surtout, renforcer les sanctions pour les établissements récidivistes, sans céder à la tentation du pur répressif. Car il ne s’agit pas de punir pour punir, mais de restaurer la confiance dans l’école publique, de sécuriser les premières années décisives de la vie éducative.

L’un des points saillants du débat fut également la question de la gouvernance. Le soutien du Groupe socialiste à la proposition visant à intégrer les directeurs provinciaux dans les conseils d’administration des académies régionales n’est pas un geste opportuniste. C’est une réponse pragmatique à une réalité administrative dysfonctionnelle : le fossé béant entre les décisions prises au niveau régional et les contraintes vécues au quotidien dans les établissements. En rendant les directions provinciales pleinement partie prenante de la gouvernance éducative, le Groupe plaide pour une cohérence verticale de l’action publique et une responsabilisation accrue des acteurs locaux.

Mais l’un des débats les plus sensibles et les plus révélateurs d’une vision progressiste a été celui de l’âge requis pour entrer dans la profession enseignante. En approuvant l’abandon de la limite d’âge, le Groupe socialiste fait un choix courageux et audacieux. Car il défend une idée simple mais fondatrice : la compétence ne connaît pas d’âge. L’excellence pédagogique repose sur la qualité de la formation, la motivation et la capacité à se remettre en question, non sur une date de naissance. Ce choix, toutefois, n’est pas un chèque en blanc. Il s’accompagne, dans la vision socialiste, d’une exigence forte : renforcer la formation initiale et continue, poser des critères exigeants, pour garantir un service public d’enseignement à la hauteur des enjeux.

Ce qui transparaît de manière saisissante dans cette intervention du Groupe socialiste–Opposition ittihadie, c’est une capacité rare à penser l’éducation comme un projet de société. Pas comme un empilement de réformes techniques, mais comme un choix politique fondateur. Le discours des Ittihadis ne parle pas de gestion, mais de justice; il ne se limite pas à administrer, mais à transformer. Et c’est là, peut-être, que se joue la différence entre une réforme conjoncturelle et une refondation essentielle.

L’école dont parlent les socialistes n’est pas une école des statistiques ou des classements internationaux, mais une école du lien social, de l’émancipation et de la réparation. Une école qui ne reproduit pas les inégalités, mais les combat. Une école qui ne sacrifie pas les enfants des pauvres sur l’autel du marché, mais les protège, les élève, les arme.

Le Groupe socialiste, dans cette intervention, ne cherche pas à plaire mais à convaincre. Il ne propose pas un vernis de modernisation, mais une révolution silencieuse et structurante. Il pose, avec une gravité salutaire, cette question essentielle : quelle école voulons-nous ? Une école publique, inclusive, juste, ou une école à deux vitesses, soumise à la logique libérale ?

L’heure est venue de choisir. Et le Groupe socialiste–Opposition ittihadie, fidèle à l’éthique de l’USFP, a choisi sans ambiguïté : il est du côté de l’enfant, du côté des mères, du côté des régions oubliées, du côté de l’intérêt général. Dans un pays où l’éducation reste le combat des combats, cette parole politique mérite d’être entendue, relayée, et surtout traduite en actes.

Mehdi Ouassat


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