Politique extérieure de l’administration Obama : reconsidérer la Chine


Par Leon Hadar
Jeudi 22 Janvier 2009

Politique extérieure de l’administration Obama : reconsidérer la Chine

A quelques heures de l’investiture d’Obama, les questions se multiplient au sujet de ce que va faire le 44ème président des Etats-Unis, notamment en matière de politique étrangère. Si l’actualité est dominée par le conflit israélo-palestinien, il n’en demeure pas moins que, tôt ou tard, la question chinoise fera éruption sur la scène médiatique. Leon Hadar, analyste en politique extérieure au Cato Institute, nous explique pourquoi les problèmes majeurs géostratégiques et géoéconomiques auxquels feront face les Etats-Unis ces quatre prochaines années, devront être négociés avec la Chine.
La critique majeure que les dirigeants Est-Asiatiques pourraient faire à la politique extérieure de l’administration américaine sortante serait que Washington s’est concentré sur les problèmes géostratégiques du grand Moyen-Orient durant les huit dernières années, laissant à l’écart de l’agenda américain la Chine et la plupart de l’Asie de l’Est.
Les derniers déplacements de la Secrétaire d’Etat Condoleeza Rice en Asie du Sud (pour tenter de calmer les tensions indo-pakistanaises après les attaques terroristes) et au Moyen-Orient (pour essayer de ré-énergiser les négociations israélo-palestiniennes) ont été largement commentés dans les grands journaux américains.
En revanche, ces mêmes médias n’ont pas fait grand écho des rencontres à Pékin du Secrétaire au Trésor Henry Paulson dans le cadre du Dialogue Economique Stratégique en cours.
De même, après que le président élu Barack Obama a récemment dévoilé la composition de son équipe en charge de la sécurité nationale, les discussions entre les experts de Washington se focalisaient essentiellement sur la question de savoir comment la sélection de Hillary Clinton en tant que Secrétaire d’Etat et le choix de Robert Gates comme responsable de la défense affecteraient la politique américaine au Moyen Orient. Là encore, la Chine et l’Asie de l’Est sont restées largement absentes des analyses.
Plus tôt en 2008, au cours des débats de politique extérieure durant la campagne électorale présidentielle, lorsque la Chine était mentionnée, cela était essentiellement dans le contexte d’une critique de sa politique commerciale, et de cris d’alarme à l’égard de son ascension en tant que nouvelle “menace” pour les intérêts géo-économiques américains.
Il ne fait nul doute que M. Obama a besoin de gens compétents au sein de son administration pour relever avec succès les défis du Moyen-Orient. Mais M. Obama et son équipe en charge de la politique extérieure doivent réaliser que les problèmes majeurs géostratégiques et géoéconomiques auxquels feront face les Etats-Unis ces quatre prochaines années - y compris la politique de l’énergie, le changement climatique, la prolifération nucléaire, et même la crise économique globale actuelle - nécessiteront une coopération avec Pékin.
Lors de ses discussions avec les dirigeants à Pékin, M. Paulson a exprimé sa préoccupation à l’égard d’une dévaluation du yuan censée stimuler l’économie chinoise, dévaluation qui pourrait aggraver la récession américaine en maintenant les prix des exportations chinoises relativement bas et les importations en provenance des Etats-Unis en Chine  relativement plus chères, ce qui pourrait porter tort aux exportateurs américains. Par le passé, les législateurs américains avaient menacé de punir la Chine si elle refusait de changer ses politiques de taux de change. Mais il est peu probable que le Congrès se risque à une guerre commerciale actuellement, étant donné que l’effort américain pour se sortir de la récession à grands coups de dépenses, dépend cruellement du bon vouloir des Chinois à continuer à financer le déficit américain.
Ce dilemme met en lumière le besoin d’une stratégie de long terme pour amener la relation sino-américaine dans une direction qui encourage la Chine à assumer un plus grand leadership dans les organisations internationales économiques telles le Fonds Monétaire International.
Durant la guerre froide, la première question qui venait en tête des alliés et des rivaux des Etats-Unis à la suite de l’élection d’un nouveau président était : “Comment va-t-il manoeuvrer avec Moscou ?”. Aujourd’hui et à l’avenir, les amis et les adversaires de l’Amérique devraient plus se préoccuper de l’approche du nouveau locataire de la Maison Blanche à l’égard de Pékin.

Leon Hadar est analyste
en politique extérieure au Cato Institute à Washington.
Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org.


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