
Dans un article précédent, publié le 13 août dans les colonnes du journal Libération et intitulé: Les murs silencieux de notre esprit - Comment les récits dominants dessinent les limites de notre univers - j’explorais déjà cette mécanique insidieuse par laquelle les récits dominants - ces grandes histoires que l’on répète, que l’on absorbe, que l’on finit par croire - façonnent nos perceptions, tracent les frontières de notre pensée, et dressent autour de nous des murs invisibles, faits de croyances empruntées, d’évidences non questionnées, de vérités héritées.
Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de dénoncer ces murs, mais de chercher comment les traverser. Comment se réapproprier notre capacité à penser par nous-mêmes, à ressentir librement, à rêver hors des cadres imposés. Développer une immunité intellectuelle, ce n’est pas ériger un mur contre l’autre, mais tisser un tissu plus dense de conscience, de discernement, de lenteur face à l'emballement des idées préfabriquées. C’est apprendre à écouter sans se soumettre, à accueillir sans se dissoudre, à dialoguer sans se perdre.
Réveiller l’esprit critique à l’ère des récits: Les enseignements d’Ibn Khaldoun
L’Histoire n’est jamais une ligne droite ni un miroir fidèle; elle est un récit, façonné par des mains humaines, traversé de passions, d’oublis, d’intérêts et de rêves. Ibn Khaldoun, dans Al-Muqaddima,1 ne s’y trompe pas. Avant d’écrire, il interroge. Avant de croire, il doute. Car le mensonge, dit-il, ne surgit pas toujours par malveillance — il s’insinue, doucement, dans les plis de la narration, s’installe dans les certitudes confortables, se nourrit de l’ignorance et se déguise en vérité. Il y a dans toute transmission historique une tension silencieuse entre ce qui a été et ce que l’on veut faire croire. C’est pourquoi il faut scruter les mécanismes subtils par lesquels la vérité s’efface, et le faux s’installe. Sept voies principales ouvrent la porte à cette distorsion : sept failles de l’esprit humain qu’il met en lumière avec une rigueur implacable. Toujours d’actualité, explorons-les, non comme une accusation, mais comme un miroir tendu à notre propre manière de voir, de croire, de raconter.
L’esprit partisan: quand le cœur prend le pas sur la vérité
Il suffit qu’une idée résonne avec nos croyances pour que notre esprit, au lieu de questionner, embrasse. L’intellect devient alors un serviteur docile de nos inclinations, un complice qui ne vérifie plus, mais justifie. Ibn Khaldun le savait: là où l’esprit s’incline devant la passion partisane, le mensonge entre par la grande porte, habillé des oripeaux de la vérité. L’événement est tordu, ajusté, réécrit pour conforter une vision préexistante. Et ce n’est pas la vérité qu’on cherche, mais la confirmation de ce que l’on veut croire. Dès lors, l’examen critique ne survient plus. Le récit devient arme, le témoignage devient plaidoyer. L’histoire, elle, perd son âme.
La confiance aveugle: l’illusion de la source pure
Il y a des voix que l’on écoute sans les soumettre au doute. On leur prête serment de véracité comme on signerait un contrat les yeux fermés. Ibn Khaldoun nous alerte : croire, ce n’est pas savoir. Et celui qui ne questionne pas l’homme qui parle, ne peut espérer discerner le vrai du faux. La source, avant d’être écoutée, doit être éprouvée. Pas seulement sur le fond, mais dans sa droiture morale, sa cohérence intérieure, sa distance d’avec l’événement. Or, la plupart prennent l’information comme on boit à la fontaine : sans se soucier des pierres qu’elle charrie. C’est là que naît l’erreur - dans la paresse du doute.
L’ignorance du sens: le vernis des apparences
Certains faits sont vus, entendus, mais non compris. Ils traversent les regards comme des ombres dans la brume. L’homme raconte ce qu’il croit avoir saisi, mais c’est une image creuse, une silhouette sans âme. Car comprendre demande plus qu’assister: cela exige de pénétrer le pourquoi, de lier les causes, de lire le monde avec les clefs de la civilisation. Ibn Khaldoun rappelle que la signification est plus subtile que l’apparence. Le danger n’est pas seulement dans le mensonge volontaire, mais dans la sincérité ignorante. On raconte avec foi, mais sans fond. Et l’erreur, dans ce cas, est d’autant plus pernicieuse qu’elle se drape d’innocence.
La certitude illusoire : chacun se croit détenteur du vrai
Le drame commence quand chacun, campé dans sa vision, affirme: «Je sais». Mais que sait-il vraiment ? Le plus souvent, il ne fait que répéter ce qu’un autre a dit, sans même remonter la chaîne des croyances. Ibn Khaldoun parle ici de cette illusion qui fait de chaque bouche une oracle, de chaque opinion une vérité. Or, celui qui est certain sans méthode est un danger pour la mémoire des peuples. Il transmet avec assurance ce qu’il n’a jamais vérifié. Et cette certitude, loin d’être un signe de connaissance, devient un étendard d’ignorance. L’humilité devant le doute est le début de la lucidité.
Le glissement entre fait et interprétation: le brouillard des circonstances
Les faits sont nus. Mais dès qu’ils entrent dans la bouche de l’homme, ils s’habillent d’habitudes, de contextes, de déformations. L’événement n’est jamais raconté tel quel, il passe à travers le prisme de celui qui le vit, puis de celui qui le rapporte. Et dans ce passage, les circonstances sont souvent mal appliquées, mal comprises. Ibn Khaldoun avertit : la méconnaissance du lien entre le fait et son époque, entre l’acte et son climat social, déforme la mémoire collective. Le récit devient fiction, non parce qu’on ment volontairement, mais parce que le réel est noyé dans l’ambiguïté. Et la vérité devient une silhouette fuyante.
La flatterie des puissants: orner l’histoire des grands de ce monde
L’histoire des puissants est souvent écrite avec de l’or sur du velours. Les mots s’adoucissent, les erreurs s’effacent, les crimes deviennent gloires. Car nul ne veut approcher le trône avec les mains vides : il faut y déposer des louanges. Ibn Khaldoun le savait, lui qui a fréquenté les cours et les chancelleries. L’historien devient alors poète de cour, et la vérité s’incline devant le pouvoir. Ce n’est pas seulement une trahison de l’Histoire ; c’est une mutilation de la mémoire. Car lorsque le récit devient un miroir flatteur, les peuples oublient la leçon, et les erreurs se répètent, décorées des mêmes mensonges dorés.
L’ignorance des lois naturelles de la civilisation: le plus grand des aveuglements
Tout événement, dit Ibn Khaldoun, porte en lui une loi, une logique profonde, un rythme qui lui est propre. Comme une plante qui pousse selon sa saison, une société agit, évolue, décline selon des lois naturelles. Ignorer ces lois, c’est raconter le monde sans en connaître les rouages. C’est prendre l’exception pour la règle, le miracle pour l’habitude. L’historien véritable est celui qui lit derrière les faits, qui détecte les constantes dans le chaos, les structures dans l’anecdote. Ne pas comprendre cela, c’est transformer l’Histoire en théâtre absurde. Et c’est sans doute là, le plus grand des dangers: raconter ce que l’on voit sans savoir ce que cela veut dire.
De l’histoire comme domination, à l’histoire comme tremplin de développement
L’objectif, à mes yeux, n’est pas de rejeter d’un bloc l’histoire que l’autre raconte, ni de la brûler sur l’autel de notre propre vérité. Ce serait là un autre absolutisme, aussi stérile que celui qu’on prétend combattre. Il s’agit plutôt d’un travail plus fin, plus lent, presque alchimique : prendre ce récit dans ses mains, non pour le briser, mais pour le déconstruire.
L’écouter, puis l’éplucher, comme on le ferait d’un fruit dont on veut extraire l’essence. Laisser couler, mot après mot, tout ce qui est fabriqué, plaqué, ou hérité sans examen — pour qu’au terme de cette distillation, ne demeure que le noyau vivant, ce qui résiste à l’épreuve du sens. Car même le récit de l’autre, même chargé de ses angles morts et de ses élans partisans, peut contenir une étincelle de vérité - ou du moins un indice, un fragment d’expérience. Ce reste, ce résidu précieux, peut alors servir. Non pour imposer une vision, mais pour bâtir un langage commun, une mémoire partagée, une trame de sens où chacun retrouve une part de lui-même. C’est ainsi, me semble-t-il, qu’on peut passer du récit imposé au récit composé - et de l’histoire comme domination, à l’histoire comme tremplin de développement.
Construire - vraiment construire - ne se résume pas à juxtaposer des intérêts ou négocier des compromis à la va-vite. C’est un acte plus subtil, plus profond, presque sacré. Cela demande d’élever le regard, de quitter le sol instable de nos certitudes individuelles pour embrasser une méta-perspective. Voir plus loin, voir plus haut. Cela demande de tendre l’oreille à l’histoire de l’autre - pas seulement ses mots, mais ses silences, ses blessures, ses espoirs muets - et, en même temps, de revisiter la nôtre, non pas comme un récit figé, mais comme une matière vivante, prête à être transformée. Entre ces deux histoires, il ne s’agit pas de fusion, ni d’effacement, mais d’arrimage. Trouver ce point d’ancrage où ce que nous sommes ne nie pas ce que l’autre est. Ce lieu rare où naît la possibilité d’un objectif commun - non pas imposé, mais reconnu comme nécessaire, parce qu’il porte en lui un gain partagé, un bien pour tous. Et c’est peut-être là, le vrai défi de toute construction humaine : non pas bâtir sur les ruines de l’autre, mais ériger ensemble ce qui nous élève sans nous trahir.
1Al-Muqaddima, LivreI, p 66
Par Abderrazak Hamzaoui
Email : hamzaoui@hama-co.net
www.hama-co.net
Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de dénoncer ces murs, mais de chercher comment les traverser. Comment se réapproprier notre capacité à penser par nous-mêmes, à ressentir librement, à rêver hors des cadres imposés. Développer une immunité intellectuelle, ce n’est pas ériger un mur contre l’autre, mais tisser un tissu plus dense de conscience, de discernement, de lenteur face à l'emballement des idées préfabriquées. C’est apprendre à écouter sans se soumettre, à accueillir sans se dissoudre, à dialoguer sans se perdre.
Réveiller l’esprit critique à l’ère des récits: Les enseignements d’Ibn Khaldoun
L’Histoire n’est jamais une ligne droite ni un miroir fidèle; elle est un récit, façonné par des mains humaines, traversé de passions, d’oublis, d’intérêts et de rêves. Ibn Khaldoun, dans Al-Muqaddima,1 ne s’y trompe pas. Avant d’écrire, il interroge. Avant de croire, il doute. Car le mensonge, dit-il, ne surgit pas toujours par malveillance — il s’insinue, doucement, dans les plis de la narration, s’installe dans les certitudes confortables, se nourrit de l’ignorance et se déguise en vérité. Il y a dans toute transmission historique une tension silencieuse entre ce qui a été et ce que l’on veut faire croire. C’est pourquoi il faut scruter les mécanismes subtils par lesquels la vérité s’efface, et le faux s’installe. Sept voies principales ouvrent la porte à cette distorsion : sept failles de l’esprit humain qu’il met en lumière avec une rigueur implacable. Toujours d’actualité, explorons-les, non comme une accusation, mais comme un miroir tendu à notre propre manière de voir, de croire, de raconter.
L’esprit partisan: quand le cœur prend le pas sur la vérité
Il suffit qu’une idée résonne avec nos croyances pour que notre esprit, au lieu de questionner, embrasse. L’intellect devient alors un serviteur docile de nos inclinations, un complice qui ne vérifie plus, mais justifie. Ibn Khaldun le savait: là où l’esprit s’incline devant la passion partisane, le mensonge entre par la grande porte, habillé des oripeaux de la vérité. L’événement est tordu, ajusté, réécrit pour conforter une vision préexistante. Et ce n’est pas la vérité qu’on cherche, mais la confirmation de ce que l’on veut croire. Dès lors, l’examen critique ne survient plus. Le récit devient arme, le témoignage devient plaidoyer. L’histoire, elle, perd son âme.
La confiance aveugle: l’illusion de la source pure
Il y a des voix que l’on écoute sans les soumettre au doute. On leur prête serment de véracité comme on signerait un contrat les yeux fermés. Ibn Khaldoun nous alerte : croire, ce n’est pas savoir. Et celui qui ne questionne pas l’homme qui parle, ne peut espérer discerner le vrai du faux. La source, avant d’être écoutée, doit être éprouvée. Pas seulement sur le fond, mais dans sa droiture morale, sa cohérence intérieure, sa distance d’avec l’événement. Or, la plupart prennent l’information comme on boit à la fontaine : sans se soucier des pierres qu’elle charrie. C’est là que naît l’erreur - dans la paresse du doute.
L’ignorance du sens: le vernis des apparences
Certains faits sont vus, entendus, mais non compris. Ils traversent les regards comme des ombres dans la brume. L’homme raconte ce qu’il croit avoir saisi, mais c’est une image creuse, une silhouette sans âme. Car comprendre demande plus qu’assister: cela exige de pénétrer le pourquoi, de lier les causes, de lire le monde avec les clefs de la civilisation. Ibn Khaldoun rappelle que la signification est plus subtile que l’apparence. Le danger n’est pas seulement dans le mensonge volontaire, mais dans la sincérité ignorante. On raconte avec foi, mais sans fond. Et l’erreur, dans ce cas, est d’autant plus pernicieuse qu’elle se drape d’innocence.
La certitude illusoire : chacun se croit détenteur du vrai
Le drame commence quand chacun, campé dans sa vision, affirme: «Je sais». Mais que sait-il vraiment ? Le plus souvent, il ne fait que répéter ce qu’un autre a dit, sans même remonter la chaîne des croyances. Ibn Khaldoun parle ici de cette illusion qui fait de chaque bouche une oracle, de chaque opinion une vérité. Or, celui qui est certain sans méthode est un danger pour la mémoire des peuples. Il transmet avec assurance ce qu’il n’a jamais vérifié. Et cette certitude, loin d’être un signe de connaissance, devient un étendard d’ignorance. L’humilité devant le doute est le début de la lucidité.
Le glissement entre fait et interprétation: le brouillard des circonstances
Les faits sont nus. Mais dès qu’ils entrent dans la bouche de l’homme, ils s’habillent d’habitudes, de contextes, de déformations. L’événement n’est jamais raconté tel quel, il passe à travers le prisme de celui qui le vit, puis de celui qui le rapporte. Et dans ce passage, les circonstances sont souvent mal appliquées, mal comprises. Ibn Khaldoun avertit : la méconnaissance du lien entre le fait et son époque, entre l’acte et son climat social, déforme la mémoire collective. Le récit devient fiction, non parce qu’on ment volontairement, mais parce que le réel est noyé dans l’ambiguïté. Et la vérité devient une silhouette fuyante.
La flatterie des puissants: orner l’histoire des grands de ce monde
L’histoire des puissants est souvent écrite avec de l’or sur du velours. Les mots s’adoucissent, les erreurs s’effacent, les crimes deviennent gloires. Car nul ne veut approcher le trône avec les mains vides : il faut y déposer des louanges. Ibn Khaldoun le savait, lui qui a fréquenté les cours et les chancelleries. L’historien devient alors poète de cour, et la vérité s’incline devant le pouvoir. Ce n’est pas seulement une trahison de l’Histoire ; c’est une mutilation de la mémoire. Car lorsque le récit devient un miroir flatteur, les peuples oublient la leçon, et les erreurs se répètent, décorées des mêmes mensonges dorés.
L’ignorance des lois naturelles de la civilisation: le plus grand des aveuglements
Tout événement, dit Ibn Khaldoun, porte en lui une loi, une logique profonde, un rythme qui lui est propre. Comme une plante qui pousse selon sa saison, une société agit, évolue, décline selon des lois naturelles. Ignorer ces lois, c’est raconter le monde sans en connaître les rouages. C’est prendre l’exception pour la règle, le miracle pour l’habitude. L’historien véritable est celui qui lit derrière les faits, qui détecte les constantes dans le chaos, les structures dans l’anecdote. Ne pas comprendre cela, c’est transformer l’Histoire en théâtre absurde. Et c’est sans doute là, le plus grand des dangers: raconter ce que l’on voit sans savoir ce que cela veut dire.
De l’histoire comme domination, à l’histoire comme tremplin de développement
L’objectif, à mes yeux, n’est pas de rejeter d’un bloc l’histoire que l’autre raconte, ni de la brûler sur l’autel de notre propre vérité. Ce serait là un autre absolutisme, aussi stérile que celui qu’on prétend combattre. Il s’agit plutôt d’un travail plus fin, plus lent, presque alchimique : prendre ce récit dans ses mains, non pour le briser, mais pour le déconstruire.
L’écouter, puis l’éplucher, comme on le ferait d’un fruit dont on veut extraire l’essence. Laisser couler, mot après mot, tout ce qui est fabriqué, plaqué, ou hérité sans examen — pour qu’au terme de cette distillation, ne demeure que le noyau vivant, ce qui résiste à l’épreuve du sens. Car même le récit de l’autre, même chargé de ses angles morts et de ses élans partisans, peut contenir une étincelle de vérité - ou du moins un indice, un fragment d’expérience. Ce reste, ce résidu précieux, peut alors servir. Non pour imposer une vision, mais pour bâtir un langage commun, une mémoire partagée, une trame de sens où chacun retrouve une part de lui-même. C’est ainsi, me semble-t-il, qu’on peut passer du récit imposé au récit composé - et de l’histoire comme domination, à l’histoire comme tremplin de développement.
Construire - vraiment construire - ne se résume pas à juxtaposer des intérêts ou négocier des compromis à la va-vite. C’est un acte plus subtil, plus profond, presque sacré. Cela demande d’élever le regard, de quitter le sol instable de nos certitudes individuelles pour embrasser une méta-perspective. Voir plus loin, voir plus haut. Cela demande de tendre l’oreille à l’histoire de l’autre - pas seulement ses mots, mais ses silences, ses blessures, ses espoirs muets - et, en même temps, de revisiter la nôtre, non pas comme un récit figé, mais comme une matière vivante, prête à être transformée. Entre ces deux histoires, il ne s’agit pas de fusion, ni d’effacement, mais d’arrimage. Trouver ce point d’ancrage où ce que nous sommes ne nie pas ce que l’autre est. Ce lieu rare où naît la possibilité d’un objectif commun - non pas imposé, mais reconnu comme nécessaire, parce qu’il porte en lui un gain partagé, un bien pour tous. Et c’est peut-être là, le vrai défi de toute construction humaine : non pas bâtir sur les ruines de l’autre, mais ériger ensemble ce qui nous élève sans nous trahir.
1Al-Muqaddima, LivreI, p 66
Par Abderrazak Hamzaoui
Email : hamzaoui@hama-co.net
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