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Plafonnement ou pas ? Ça nous saoule !

Daoudi entre affirmation et infirmation


Hassan Bentaleb
Jeudi 13 Juin 2019

Pour le consommateur, c’est … le carburant jusqu’à la lie

Lahcen Daoudi persiste et signe. Le plafonnement des prix des carburants aura bien lieu. Selon lui, la mise en place de ce dispositif ne se fait pas du jour au lendemain et son opérationnalisation n’est qu’une question de temps et rien d’autre. Mais quand précisément ? Personne ne le sait, même le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance himself qui a annoncé le 30 janvier dernier que le Maroc plafonnera les prix de l’essence et du diesel entre fin février et mi-mars dernier. Neuf mois plus tard, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre, ni le plafonnement des prix ni l’ouverture du marché à de nouveaux opérateurs, mesure pourtant annoncée par le ministère de l’Energie, des Mines et du Développement durable.
Intervenant lundi dernier en séance des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre a précisé que la mise en place d’une telle mesure exige un suivi des évolutions des prix du baril sur les marchés internationaux tout en ajoutant que la fluctuation des prix des carburants à l’international est la cause de ce retard.
Mais que se passe-t-il réellement ? En effet, nombreuses sont les questions que suscite ce retard. D’abord, pourquoi Lahcen Daoudi semble-t-il si confiant d’une mise en œuvre prochaine de cette mesure alors qu’il a reconnu, il y a un mois, son impuissance à faire appliquer le plafonnement des marges aux sept grandes sociétés de distribution de carburants au Maroc ? Il a même déclaré que ce dossier dépasse ses prérogatives en affirmant devant les médias que son ministère ne représentait pas tout l’Exécutif et que la balle est plutôt dans le camp de celui-ci.
Ensuite, qu’en est-il du sort de l’audit  concernant ce projet de plafonnement qui était en préparation par le ministère de l’Energie, des Mines et du Développement durable ?  Qu’en est-il également de la complexité réglementaire avancée comme frein à un rapide retour au plafonnement ?  
Et enfin,  pourquoi Daoudi tient-il tant à ce projet alors que le Conseil de la concurrence a considéré dans son avis relatif à la réglementation des prix des carburants liquides, que le plafonnement des prix n’est qu’une mesure conjoncturelle limitée dans le temps par la loi qui reste conditionnée des fluctuations imprévisibles et non maîtrisées des cours mondiaux des hydrocarbures sur lesquels le gouvernement n’a aucune prise ? Driss Guerraoui, président du Conseil, n'est pas plus clair sur ce point. Selon lui, le fait d'agir uniquement sur les marges des distributeurs de gros et de détail ne va pas changer la réalité des prix et corrélativement ne conduira pas à protéger le consommateur et préserver son pouvoir d’achat.
En plus, ledit Conseil a estimé que la mise en œuvre du plafonnement pourra être préjudiciable à certains opérateurs puisque la mesure en question sera appliquée sans prise en compte de la taille des entreprises de distribution des carburants ni de la structure de leurs coûts. Ce qui risque de pénaliser les opérateurs de petites et moyennes tailles qui verront leur vulnérabilité s’accroître. En conséquence, «le plafonnement des prix et des marges donne un mauvais signal au marché et perturbe la visibilité de tous les opérateurs du secteur».
Ceci d’autant plus que cette mesure a déjà montré ses limites lors de son  expérimentation entre décembre 2014 et décembre 2015 d’après l’avis rendu suite à la demande formulée par le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Affaires générales et de la Gouvernance quant à la réglementation des prix des carburants. En effet, il s’est avéré que les opérateurs s’alignent généralement sur les prix maximum fixés sans fournir d’efforts en termes de baisse des prix.
Selon le Conseil, le plafonnement comme d’autres réponses conjoncturelles ne peuvent avoir que des effets limités et circonscrits du fait que  le marché est handicapé par plusieurs dysfonctionnements structurels qui s’expliquent par les conditions de la mise en œuvre de la libéralisation totale des prix des carburants entrée en vigueur en décembre 2015.


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