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Ouafa Hajji, la nouvelle présidente de l’ISF : Portrait d’une militante de gauche élue à la tête des femmes socialistes du monde


Narjis Rerhaye
Mercredi 29 Août 2012

Ouafa Hajji, la nouvelle présidente de l’ISF : Portrait d’une militante de gauche élue à la tête des femmes socialistes du monde
«Une militante qui a des convictions et non pas des certitudes», disent d’elle les Usfpéistes ayant suivi ses pas en politique. «Une bosseuse qui préfère l’action au bavardage», renchérissent ses collègues de travail. «Une femme qui s’est toujours battue pour les droits des Marocaines, non pas pour en faire un tremplin mais un vrai combat», résument les activistes du mouvement féminin qui l’ont bien connue. Ouafa Hajji, la nouvelle présidente de l’Internationale socialiste des femmes -élue à l’unanimité à ce poste lors du 20ème congrès de l’ISF qui vient de se tenir en Afrique du Sud- est bien ce qu’il convient d’appeler une  femme engagée.  En plus d’être une «wonder woman» à la carrière exceptionnelle –quand on est femme, au Maroc et nulle part ailleurs- à Bank Al Maghrib où elle figure parmi la short list des directeurs «qui comptent».  «Mais attention, s’empressent de préciser militants et militantes du parti de la Rose, seul l’engagement politique peut apporter ce supplément d’âme».
Dans la famille Hajji, demandez la sœur ! Fille et sœur d’Ittihadis, Ouafa Hajji est née, en 1959, dans la potion magique de la politique. Ses souvenirs d’enfance se sont construits entre jeux de gamine et débats sans fin où l’on refaisait sans cesse le monde, un monde forcément meilleur. Dans la famille Hajji, l’héritage usfpéiste se transmet, de père en fils et fille. Celle qui vient d’être élue à la tête de l’Internationale socialiste des femmes – l’aboutissement suprême pour une féministe de gauche- a naturellement fait ses premières armes au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc, l’emblématique syndicat estudiantin de gauche. C’est sur les bancs de l’Université Mohammed V de Rabat où elle est étudiante en économie –après avoir décroché un bac C au lycée Descartes en 1977– que la jeune femme fait son apprentissage  de la lutte et du combat  en même temps que  son baptême du feu. En ces  années de braise, la répression s’abattait sur tous ceux et celles qui rêvaient de démocratie.  Les convictions de Ouafa Hajji n’en finissent pas de se forger.  Un parcours militant commence. Au 16ème congrès de l’UNEM, Ouafa Hajji est élue membre de la commission administrative.
De cette époque, Habib El Malki qui a été son professeur d’histoire de la pensée économique, garde le souvenir d’une étudiante «toujours assise au premier rang, prenant peu de notes et réussissant toujours à avoir de bonnes notes aux examens».

«Une étudiante toujours assise au premier rang !»
«Les traits saillants de la personnalité de Ouafa Hajji que je retiens sont la persévérance, le sens de la méthode et l’intelligence dans le contact. Cette militante a un parcours marqué par la fidélité et le respect des valeurs. Ce qui peut être rare en politique», confie ce membre du Bureau politique de l’USFP et ancien secrétaire général du Conseil national de la jeunesse et de l’avenir, une institution à laquelle Ouafa Hajji apportera son expertise aux côtés de Habib El Malki de 1990 à 1995.
En même temps qu’elle mène carrière à Bank Al Maghrib –un antre presque hermétique aux femmes il y a quelques années- l’engagement politique de Mme Hajji se fait au plus près des citoyens. Elle choisit la proximité et se présente aux élections municipales «meilleure école de la démocratie locale», dit-elle. Edile d’Agdal-Ryad, à Rabat, durant trois mandats successifs, elle sera également la vice-présidente d’un conseil municipal qui avait porté à sa tête un autre Usfpéiste, Hafid Boutaleb. «Ouafa Hajji et Hafid Boutaleb ont formé un tandem de choc. C’est sous leur mandat que les quartiers de l’Agdal et Ryad se sont métamorphosés. Ils ont fonctionné comme de vrais élus locaux, à l’écoute des citoyens qui leur ont fait confiance», témoigne une habitante qui vit toujours  à l’Agdal, sur l’avenue Fal  Ould Oumeir.
Celle qui est membre du Conseil national de l’USFP et ancienne présidente fondatrice de l’Association féminine «Jossour» n’a jamais dissocié l’engagement politique du  combat pour les droits des Marocaines. La question féminine, a-t-elle coutume d’expliquer, est  forcément politique car elle est au cœur de tout projet de société. «Je me rappelle du débat des années 70 aux termes duquel l’émancipation de la femme ne devait être qu’un corollaire du développement économique du pays. Les mouvements féminins épousaient d’ailleurs cette thèse selon laquelle l’émancipation de la femme serait une conséquence du développement du pays. Dans les années 80, le mouvement féminin au Maroc a commencé à prendre conscience qu’il ne fallait pas que la question féminine soit l’otage d’une politique politicienne. C’est à cette époque que les associations se sont constituées pour défendre une particularité. Les ONG n’ont pas été créées pour sortir la question des femmes du discours politique mais pour mieux l’y intégrer en la défendant d’une autre manière, avec une autre conception et la sortir beaucoup plus des contingences partisanes. Ce n’est qu’au début des années 90 que l’élite politique a pris conscience qu’elle ne pouvait pas passer outre ce débat sur la femme. Dans tous les programmes des partis, la femme a sa place. Il y a encore un autre parcours du combattant, celui de faire en sorte que ce discours se transforme en réalité. C’est justement notre rôle en tant que femmes ; et je ne parle pas des ONG féminines qui le font bien. Il faut que les partis politiques arrivent petit à petit à dépasser cette dichotomie entre le discours et la réalité», déclarait-elle il y a quelques années dans un  entretien accordé à un quotidien de la place.

Femmes et construction démocratique, une feuille de route
Le 30 septembre dernier, Ouafa Hajji sera l’une des principales chevilles ouvrières de la Déclaration de Rabat qui a sanctionné la réunion régionale pour la Méditerranée Nord et Sud, la Méditerranée orientale, le Moyen-Orient et le Caucase de l’Internationale socialiste des femmes. Une déclaration qui, entre autres,  «soutient et exige la participation active des femmes dans les processus démocratiques appelés  «le Printemps arabe» et dans tous les autres processus qui lutent  pour la démocratie dans le monde, et souligne l’importance des droits des femmes comme l’un des éléments cruciaux de ces processus».
A la séance d’ouverture de cette rencontre tenue sous le thème du rôle des femmes arabes dans la construction démocratique, celle qui deviendra un an plus tard présidente de l’ISF avait prononcé  une allocution qui résonne aujourd’hui comme une feuille  de route. «Nos situations dans les régions de la Méditerranée, du Moyen-Orient et du Caucase réunies aujourd’hui sont certes différentes, liées aux  avancées de nos pays respectifs, mais pour un même combat, celui de la dignité, de la reconnaissance des droits, dont celui fondamental d’être actrices de notre devenir et de celui de nos pays. C’est une question de temps et de persévérance qui sollicite de notre part, membres de l’Internationale socialiste des femmes, de mettre en lumière les enjeux de l’égalité des genres et de la citoyenneté effective des femmes dans les processus de construction démocratique et de privilégier la solidarité comme nous savons si bien le faire. Cela pour que les femmes de la région, et particulièrement les femmes arabes, ne soient pas les oubliées de cette phase historique, et pour que la floraison de ce Printemps soit porteuse d’égalité, d’équité et de justice».


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