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Des bandes armées, localement appelées "bandits", terrorisent les communautés du nord et du centre du Nigeria, pillant des villages, kidnappant des habitants pour obtenir des rançons et incendiant des maisons après les avoir pillées.
Bello Turji, ancien éleveur de 31 ans, s'est imposé comme l'un des chefs de "bandits" les plus violents du pays, connu pour ses exécutions sommaires et ses vidéos menaçantes. Pourtant, le mois dernier, il a conclu un accord avec les autorités fédérales nigérianes visant à cesser les attaques dans le district de Shinkafi.
Ces "bandits" ont transformé le vol de bétail, les enlèvements et la perception de taxes auprès des paysans en sources de revenus considérables dans cette région rurale appauvrie, où l'Etat est quasi-absent depuis plusieurs années.
Incapables de venir à bout militairement de ces bandes criminelles, les autorités aux niveaux local, régional et fédéral ont parfois opté pour des accords de paix souvent fragiles, qui ont souvent échoués, laissant la violence reprendre.
La trêve avec M. Turji a été conclue après trois réunions entre des chefs locaux musulmans et le chef bandit dans son fief du village de Fakai, selon un rapport du 5 août sur le suivi des conflits, produit par les autorités pour l'ONU et consulté par l'AFP.
Dans une vidéo diffusée en ligne, Musa Yusuf Asadus-Sunnah, un chef religieux basé à Kaduna, a confirmé avoir dirigé la délégation.
Bello Turji s'est engagé, aux côtés de quatre autres chefs bandits, à mettre fin aux raids meurtriers, aux enlèvements et aux vols de bétail, en échange de l'arrêt des attaques des forces de sécurité locales contre ses alliés.
La crise des bandits au Nigeria trouve ses racines dans les conflits entre agriculteurs et éleveurs autour de terres de plus en plus rares, un problème aggravé par le changement climatique.
Avec l'escalade de la violence et la multiplication des bandes armées, beaucoup de bandits viennent des rangs des éleveurs peuls.
Les communautés peules ont été victimes à la fois des vols de bétail perpétrés par les "bandits" et de représailles menées par d'autres communautés victimes, alimentant des tensions ethniques.
M. Turji a également libéré 32 otages remis aux religieux et "déposé quelques armes" durant les négociations, indique le rapport.
Les habitants du district de Shinkafi ont "repris les activités agricoles dans des champs situés dans les forêts proches des caches de M. Turji" depuis la signature de l'accord, est-il également précisé.
"Depuis nos dernières discussions, aucune attaque n'a été enregistrée dans la région", a affirmé Asadus-Sunnah, impliqué dans des pourparlers similaires dans son Etat natal de Kaduna en novembre dernier.
Le gouvernement nigérian a pris part aux négociations, a-t-il ajouté.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du bureau du conseiller national à la sécurité n'a pas répondu dans l'immédiat.
Bello Turji a conclu à plusieurs reprises des accords de paix avec les autorités de l'Etat de Zamfara, qu'il n'a pas respectés.
Les accords entre gouvernements locaux et "bandits" échouent lorsque les autorités ne respectent pas leur part du marché, ou lorsque les "bandits" concluent une trêve dans un Etat pour lancer ensuite des attaques dans un autre, selon les experts en sécurité.
M.Turji a récemment dû fuir vers l'Etat de Jigawa pour échapper à une arrestation suite à une offensive contre son bastion de Fakai, a indiqué une source du renseignement à l'AFP.
"Il utilise les accords de paix uniquement comme une stratégie de survie, restant silencieux jusqu'à ce que la situation s'apaise", a déclaré à l'AFP Mannir Fura-Girke, analyste en sécurité, spécialiste des bandes armées.
Si la reprise de l'agriculture est une bonne nouvelle dans une région où la violence des bandits exacerbe la malnutrition, tous les habitants de Shinkafi ne soutiennent pas la trêve.
"Seule la force militaire peut les arrêter", pense Hamisu Aliyu, un habitant, ajoutant que les attaques se poursuivent malgré l'accord.
"Le banditisme est devenu une source majeure de revenus pour ces gangs criminels. C'est trop lucratif pour qu'ils s'arrêtent, peu importe le nombre d'accords de paix qu'ils signent", a expliqué M. Fura-Girke.