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En marge du Salon international de l’édition et du livre de Rabat (SIEL), organisé par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), Libé a rencontré le chercheur Moncef Slaoui, invité d'honneur, à l’occasion de la sortie de son livre « La voie libre : Parcours d'une vie ».
Moncef Slaoui y retrace son parcours impressionnant : de son enfance à Casablanca jusqu’à sa nomination à la tête de l’opération "Warp Speed" aux Etats-Unis, visant à accélérer le développement de vaccins contre le Covid-19. Cette mission lui a été confiée par le président Donald Trump.
Vous êtes invité par le CCME pour présenter votre livre La voie libre : Parcours d’une vie. Quelle impression cela vous fait?
Franchement, je suis ravi d’être ici. C’est la première fois que je participe à ce salon, et je suis impressionné par l’ampleur de l’événement et le nombre de visiteurs, surtout les jeunes. C’est extraordinaire. Cela me réchauffe le cœur de voir que les Marocains, notamment la jeunesse, ont une telle passion pour la lecture.
Je suis ici pour lancer mes mémoires et c’est un moment très spécial pour moi.
Pourquoi avoir choisi de publier vos mémoires maintenant ?
J’ai voulu partager mon parcours pour inspirer les jeunes Marocains. Mon livre raconte mon histoire, depuis ma naissance à Casablanca jusqu'à mon travail à la Maison Blanche, en passant par les nombreuses étapes de ma vie scientifique, notamment ma participation à la création du vaccin contre le Covid-19.
Un des messages principaux de ce livre, c’est que mon parcours n’a pas été linéaire. J’ai souvent fait des choix risqués, parfois à contre-courant, mais toujours guidés par ma passion pour la biologie et la science.
J’ai vécu en Belgique, aux Etats-Unis, en Angleterre… et partout, j’ai poursuivi cette passion. Ce que je veux dire aux jeunes, c’est de ne jamais dire « je ne peux pas ». Il y a toujours un chemin. On n’arrive pas à un objectif d’un seul coup. Il faut de l’énergie, de la passion, et des décisions courageuses. C’est un cercle vertueux.
Votre parcours de scientifique est exceptionnel. Pensez-vous que le hasard y a joué un rôle ?
Oui, il y a eu beaucoup de hasards. Par exemple, ma mère est tombée malade au moment où je devais partir étudier en France. Cela m’a amené en Belgique. Je voulais faire la médecine, mais j’ai raté l’inscription. On m’a proposé la biologie. C’était un concours de circonstances.
Mon professeur d’immunologie m’a transmis sa passion, et depuis, je n’ai jamais quitté cette voie.
Plus tard, ma compagne souhaitait faire son doctorat aux Etats-Unis, je l’ai suivie... et c’est ainsi que je me suis retrouvé là-bas. Beaucoup d’événements de ma vie ont été le fruit du hasard, mais j’ai toujours pris le risque d’y croire. Ce sont ces choix qui m’ont mené là où je suis aujourd’hui. Je n’ai jamais eu peur du changement.
Dans quelle langue avez-vous publié La voie libre : Parcours d’une vie?
La version originale est en anglais, mais j’ai tenu à ce qu’il soit publié aussi en français et en arabe pour être accessible au Maroc. C’était essentiel pour moi.
Quelle différence avez-vous ressentie entre l’écriture de vos mémoires et votre travail scientifique ?
En science, tout est basé sur des faits et des données. C’est très rigoureux, presque mathématique.
Mais écrire mes mémoires, c’était autre chose. Il s’agissait de partager mes émotions, ma vulnérabilité, mes forces, mes réussites… mais aussi mes échecs, qui font partie de l’apprentissage.
J’ai coécrit ce livre avec l’auteur américain Andrew Zimmern. Nous avons travaillé pendant deux ans et demi autour de sept grands axes thématiques. Ce fut une expérience humaine très forte. Cela m’a permis de revivre mon enfance, mon parcours, mes origines. Un vrai retour aux sources.
Pendant la pandémie, vous avez accepté de diriger l’opération "Warp Speed" pour développer un vaccin contre le Covid-19. Un défi immense. Pourquoi avoir pris ce risque, alors que d’autres l’ont refusé ?
Le vrai risque n’était pas pour moi personnellement. Il était pour l’humanité entière. Des milliers de personnes mouraient chaque jour, l’économie mondiale s’effondrait. Les Etats-Unis perdaient 23 milliards de dollars par jour.
J’ai senti qu’il fallait agir. Les Américains m’ont donné tous les moyens nécessaires, contrairement aux Européens qui ont hésité. C’était une guerre contre la pire des pandémies, et il fallait y aller avec les mêmes moyens qu’on déploierait pour un conflit militaire.
J’ai pris mes responsabilités. Grâce à mes 30 ans d’expérience en recherche biologique et mes collaborations avec des géants comme Moderna, j’étais convaincu que c’était possible. Et on l’a fait.
Dans votre livre, vous parlez de votre père, que vous accompagniez d’Agadir à Rabat pour ses affaires. Ce goût du risque, de l’entrepreneuriat «à la marocaine», vous vient-il de lui ?
Absolument. Mon père était un modèle. Il travaillait dur, n’avait peur de rien, et il me disait toujours : «Ne dis pas que mon père était quelqu’un, mais montre ce que tu sais faire toi-même ».
Cette phrase m’a profondément marqué. Elle m’a appris à ne pas avoir peur de l’échec, à toujours aller de l’avant.
Ce refus de l’échec, vous l’avez aussi noté en ce qui concerne l’équipe nationale de football lors de la Coupe du monde ?
Oui, regardez notre performance au Qatar. Avant 2022, le Maroc avait participé cinq fois à la Coupe du monde, sans dépasser certains caps. Mais cette fois, c’était différent.
Pour les Marocains, ce n’était pas seulement un événement sportif. C’était une renaissance collective, une fierté nationale, une victoire culturelle et identitaire.
Cette réussite a montré que tout est possible. Et c’est le même message que je veux transmettre aux jeunes : croyez en vous, n'ayez pas peur de rêver grand.
Rabat : Entretien réalisé par Youssef Lahlali
Moncef Slaoui y retrace son parcours impressionnant : de son enfance à Casablanca jusqu’à sa nomination à la tête de l’opération "Warp Speed" aux Etats-Unis, visant à accélérer le développement de vaccins contre le Covid-19. Cette mission lui a été confiée par le président Donald Trump.
Vous êtes invité par le CCME pour présenter votre livre La voie libre : Parcours d’une vie. Quelle impression cela vous fait?
Franchement, je suis ravi d’être ici. C’est la première fois que je participe à ce salon, et je suis impressionné par l’ampleur de l’événement et le nombre de visiteurs, surtout les jeunes. C’est extraordinaire. Cela me réchauffe le cœur de voir que les Marocains, notamment la jeunesse, ont une telle passion pour la lecture.
Je suis ici pour lancer mes mémoires et c’est un moment très spécial pour moi.
Pourquoi avoir choisi de publier vos mémoires maintenant ?
J’ai voulu partager mon parcours pour inspirer les jeunes Marocains. Mon livre raconte mon histoire, depuis ma naissance à Casablanca jusqu'à mon travail à la Maison Blanche, en passant par les nombreuses étapes de ma vie scientifique, notamment ma participation à la création du vaccin contre le Covid-19.
Un des messages principaux de ce livre, c’est que mon parcours n’a pas été linéaire. J’ai souvent fait des choix risqués, parfois à contre-courant, mais toujours guidés par ma passion pour la biologie et la science.
J’ai vécu en Belgique, aux Etats-Unis, en Angleterre… et partout, j’ai poursuivi cette passion. Ce que je veux dire aux jeunes, c’est de ne jamais dire « je ne peux pas ». Il y a toujours un chemin. On n’arrive pas à un objectif d’un seul coup. Il faut de l’énergie, de la passion, et des décisions courageuses. C’est un cercle vertueux.
Votre parcours de scientifique est exceptionnel. Pensez-vous que le hasard y a joué un rôle ?
Oui, il y a eu beaucoup de hasards. Par exemple, ma mère est tombée malade au moment où je devais partir étudier en France. Cela m’a amené en Belgique. Je voulais faire la médecine, mais j’ai raté l’inscription. On m’a proposé la biologie. C’était un concours de circonstances.
Mon professeur d’immunologie m’a transmis sa passion, et depuis, je n’ai jamais quitté cette voie.
Plus tard, ma compagne souhaitait faire son doctorat aux Etats-Unis, je l’ai suivie... et c’est ainsi que je me suis retrouvé là-bas. Beaucoup d’événements de ma vie ont été le fruit du hasard, mais j’ai toujours pris le risque d’y croire. Ce sont ces choix qui m’ont mené là où je suis aujourd’hui. Je n’ai jamais eu peur du changement.
Dans quelle langue avez-vous publié La voie libre : Parcours d’une vie?
La version originale est en anglais, mais j’ai tenu à ce qu’il soit publié aussi en français et en arabe pour être accessible au Maroc. C’était essentiel pour moi.
Quelle différence avez-vous ressentie entre l’écriture de vos mémoires et votre travail scientifique ?
En science, tout est basé sur des faits et des données. C’est très rigoureux, presque mathématique.
Mais écrire mes mémoires, c’était autre chose. Il s’agissait de partager mes émotions, ma vulnérabilité, mes forces, mes réussites… mais aussi mes échecs, qui font partie de l’apprentissage.
J’ai coécrit ce livre avec l’auteur américain Andrew Zimmern. Nous avons travaillé pendant deux ans et demi autour de sept grands axes thématiques. Ce fut une expérience humaine très forte. Cela m’a permis de revivre mon enfance, mon parcours, mes origines. Un vrai retour aux sources.
Pendant la pandémie, vous avez accepté de diriger l’opération "Warp Speed" pour développer un vaccin contre le Covid-19. Un défi immense. Pourquoi avoir pris ce risque, alors que d’autres l’ont refusé ?
Le vrai risque n’était pas pour moi personnellement. Il était pour l’humanité entière. Des milliers de personnes mouraient chaque jour, l’économie mondiale s’effondrait. Les Etats-Unis perdaient 23 milliards de dollars par jour.
J’ai senti qu’il fallait agir. Les Américains m’ont donné tous les moyens nécessaires, contrairement aux Européens qui ont hésité. C’était une guerre contre la pire des pandémies, et il fallait y aller avec les mêmes moyens qu’on déploierait pour un conflit militaire.
J’ai pris mes responsabilités. Grâce à mes 30 ans d’expérience en recherche biologique et mes collaborations avec des géants comme Moderna, j’étais convaincu que c’était possible. Et on l’a fait.
Dans votre livre, vous parlez de votre père, que vous accompagniez d’Agadir à Rabat pour ses affaires. Ce goût du risque, de l’entrepreneuriat «à la marocaine», vous vient-il de lui ?
Absolument. Mon père était un modèle. Il travaillait dur, n’avait peur de rien, et il me disait toujours : «Ne dis pas que mon père était quelqu’un, mais montre ce que tu sais faire toi-même ».
Cette phrase m’a profondément marqué. Elle m’a appris à ne pas avoir peur de l’échec, à toujours aller de l’avant.
Ce refus de l’échec, vous l’avez aussi noté en ce qui concerne l’équipe nationale de football lors de la Coupe du monde ?
Oui, regardez notre performance au Qatar. Avant 2022, le Maroc avait participé cinq fois à la Coupe du monde, sans dépasser certains caps. Mais cette fois, c’était différent.
Pour les Marocains, ce n’était pas seulement un événement sportif. C’était une renaissance collective, une fierté nationale, une victoire culturelle et identitaire.
Cette réussite a montré que tout est possible. Et c’est le même message que je veux transmettre aux jeunes : croyez en vous, n'ayez pas peur de rêver grand.
Rabat : Entretien réalisé par Youssef Lahlali