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Tout en puissance et en sensibilité, Nadia Beugré, chorégraphe et danseuse ivoirienne programmée au 45e festival Montpellier Danse, dans le sud de la France, poursuit sa quête d'elle-même, interroge sa culture africaine et questionne son enfance, à fleur de peau mais dans un corps volcanique.
"Ma vie d'artiste est un voyage, ponctué de pièces", dévoile Nadia Beugré à l'AFP: "Ce voyage me nourrit. Les pièces me construisent. Je me questionne sans cesse, je noue, je dénoue. Je suis une artiste qui cherche, qui déterre comme un orpailleur." Depuis son premier solo "Espace vide: moi", créé il y a plus de quinze ans, jusqu'à sa dernière création en date "Epique ! (pour Yikakou)", présentée au festival de danse de Montpellier, Nadia Beugré arpente, en profondeur, les revendications qui l'animent. "Son travail est à la fois sensuel et politique, individuel mais qui touche tout le monde", témoigne la chorégraphe française Mathilde Monnier (également programmée au festival), qui la connaît depuis 2009.
"Elle fait le lien entre sa culture africaine et ce qu'elle a traversé dans la danse contemporaine. Peu d'artistes parviennent à conjuguer ces deux langages", souligne-t-elle. Son corps, objet de ses explorations, a subi des bouleversements profonds ces dernières années et est parfois pris de spasmes incontrôlables.
Nadia Beugré se laisse traverser par ces soubresauts sortis de ce corps qui, pourtant, respire la puissance et la solidité. "Mon corps est un territoire, il fait partie de ce que je dois écouter", confie celle qui a aussi régulièrement mis en scène le corps des autres dans ses précédentes pièces. "Il alimente sans cesse mes créations", explique la chorégraphe. "Nadia est un volcan, épidermique, une puissance féminine.
Elle est à la fois le feu, la glace, elle possède cette dualité dans le corps", salue Mathilde Monnier. A 44 ans, "je ne sais toujours pas comment me définir", confie Nadia Beugré. "Je suis une artiste imprévisible, qui aime le brut, l'âme, habitée par une bête créative. J'aime la générosité du geste sur un plateau que je considère comme un tatami", évoque-t-elle.
"Epique ! (pour Yikakou)", sa dernière création, crève l'abcès du vide qui l'habite. À la recherche de son enfance, Nadia Beugré s'est rendue en juillet 2024 sur les traces du village Yikakou de son père, où subsiste sa tombe, et de ses arrière-grands-mères.
"Lorsque je suis arrivée sur place, il n'y avait plus rien. Tout avait disparu", décrit la chorégraphe, comme elle le fait aussi durant les premières minutes de sa pièce, face au public, dans une émotion non retenue. "En créant ce spectacle, je veux conserver la mémoire, je veux aussi réparer des traumatismes", confie-t-elle pudiquement. Nadia n'est pas seulement née Beugré.
Elle porte également le nom hérité de son arrière-grand-mère, Gbahihonon, signifiant "La femme qui dit ce qu'elle voit". "Je suis face à des tiroirs qu'il faut ouvrir, quelle est la lourdeur de ce nom ? Je ne le sais pas, il faut creuser", s'interroge Nadia Beugré, casquette à l'envers, petites lunettes de soleil et longues nattes qu'elle rabat invariablement derrière son épaule.
Née en 1981 en Côte d'ivoire, elle s'est d'abord penchée sur les danses traditionnelles de son pays avant de s'ouvrir à la danse contemporaine, marquée par plusieurs rencontres décisives de chorégraphes : Béatrice Kombé, au sein de la compagnie Tché-Tché (Abidjan), l'Ecole des Sables (Dakar), puis Mathilde Monnier et le Français Alain Buffard, dans le cadre d'une formation professionnalisante "ex.er.ce" au Centre chorégraphique national de Montpellier. Sur scène, tout en elle se détend.
Les spasmes s'estompent. Sous la lumière des projecteurs, le corps et le visage se libèrent et s'imprègnent d'une gestuelle enracinée. Elle joue, sur le plateau, sourit, implique le public. Le volcan s'apaise.
"Ma vie d'artiste est un voyage, ponctué de pièces", dévoile Nadia Beugré à l'AFP: "Ce voyage me nourrit. Les pièces me construisent. Je me questionne sans cesse, je noue, je dénoue. Je suis une artiste qui cherche, qui déterre comme un orpailleur." Depuis son premier solo "Espace vide: moi", créé il y a plus de quinze ans, jusqu'à sa dernière création en date "Epique ! (pour Yikakou)", présentée au festival de danse de Montpellier, Nadia Beugré arpente, en profondeur, les revendications qui l'animent. "Son travail est à la fois sensuel et politique, individuel mais qui touche tout le monde", témoigne la chorégraphe française Mathilde Monnier (également programmée au festival), qui la connaît depuis 2009.
"Elle fait le lien entre sa culture africaine et ce qu'elle a traversé dans la danse contemporaine. Peu d'artistes parviennent à conjuguer ces deux langages", souligne-t-elle. Son corps, objet de ses explorations, a subi des bouleversements profonds ces dernières années et est parfois pris de spasmes incontrôlables.
Nadia Beugré se laisse traverser par ces soubresauts sortis de ce corps qui, pourtant, respire la puissance et la solidité. "Mon corps est un territoire, il fait partie de ce que je dois écouter", confie celle qui a aussi régulièrement mis en scène le corps des autres dans ses précédentes pièces. "Il alimente sans cesse mes créations", explique la chorégraphe. "Nadia est un volcan, épidermique, une puissance féminine.
Elle est à la fois le feu, la glace, elle possède cette dualité dans le corps", salue Mathilde Monnier. A 44 ans, "je ne sais toujours pas comment me définir", confie Nadia Beugré. "Je suis une artiste imprévisible, qui aime le brut, l'âme, habitée par une bête créative. J'aime la générosité du geste sur un plateau que je considère comme un tatami", évoque-t-elle.
"Epique ! (pour Yikakou)", sa dernière création, crève l'abcès du vide qui l'habite. À la recherche de son enfance, Nadia Beugré s'est rendue en juillet 2024 sur les traces du village Yikakou de son père, où subsiste sa tombe, et de ses arrière-grands-mères.
"Lorsque je suis arrivée sur place, il n'y avait plus rien. Tout avait disparu", décrit la chorégraphe, comme elle le fait aussi durant les premières minutes de sa pièce, face au public, dans une émotion non retenue. "En créant ce spectacle, je veux conserver la mémoire, je veux aussi réparer des traumatismes", confie-t-elle pudiquement. Nadia n'est pas seulement née Beugré.
Elle porte également le nom hérité de son arrière-grand-mère, Gbahihonon, signifiant "La femme qui dit ce qu'elle voit". "Je suis face à des tiroirs qu'il faut ouvrir, quelle est la lourdeur de ce nom ? Je ne le sais pas, il faut creuser", s'interroge Nadia Beugré, casquette à l'envers, petites lunettes de soleil et longues nattes qu'elle rabat invariablement derrière son épaule.
Née en 1981 en Côte d'ivoire, elle s'est d'abord penchée sur les danses traditionnelles de son pays avant de s'ouvrir à la danse contemporaine, marquée par plusieurs rencontres décisives de chorégraphes : Béatrice Kombé, au sein de la compagnie Tché-Tché (Abidjan), l'Ecole des Sables (Dakar), puis Mathilde Monnier et le Français Alain Buffard, dans le cadre d'une formation professionnalisante "ex.er.ce" au Centre chorégraphique national de Montpellier. Sur scène, tout en elle se détend.
Les spasmes s'estompent. Sous la lumière des projecteurs, le corps et le visage se libèrent et s'imprègnent d'une gestuelle enracinée. Elle joue, sur le plateau, sourit, implique le public. Le volcan s'apaise.