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Lu sur Slate.fr : Faut-il encore attendre l’argent des Ben Ali ?


Mehdi Farhat
Mardi 18 Octobre 2011

Huit mois après la révolution, les Tunisiens n’ont toujours pas vu la couleur des biens mal acquis par le clan du dictateur déchu. « Je doute qu’on puisse revoir un jour l’argent des Ben Ali. Beaucoup de Tunisiens se posent des questions. Certains s’impatientent. Même s’il n’est pas exclu que des gestes symboliques apparaissent d’ici peu, cet argent restera à l’étranger. Il faut se faire une raison», se résigne Leila, Tunisoise célibataire d’une quarantaine d’années. Les Tunisiens ne sont pas dupes: ils connaissent l’histoire du continent africain et le chapitre sur la chute des dictateurs. Ils ont bien en mémoire le fait que la récupération de l’argent public détourné est un périple dont les conclusions profitent rarement aux populations.
Huit mois après la révolte tunisienne, on s’interroge sur la lenteur manifeste de certains pays à restituer les avoirs cachés par l’ancien régime tunisien. Ces pays qui abritaient des sommes détournées, répondent-ils aujourd’hui aux demandes de l’entraide judiciaire et ont-ils l’autorité nécessaire pour obliger les banques fédérales à déclarer les fonds publics des dictateurs? Alors que l’Union européenne vient de décider d’octroyer à la Tunisie une enveloppe de 4 milliards d’euros d’aide économique, consacrée au développement des petites et moyennes entreprises (PME) au niveau régional, certains Tunisiens s’obstinent et courent encore après les avoirs du clan du dictateur déchu, Zine el-Abidine Ben Ali. «Le montant présumé des capitaux placés à l’étranger s‘élève à 23 milliards de dinars tunisiens (environ 11 milliards d’euros). L’argent de Ben Ali a été déposé dans divers pays, entre autres, la Suisse, le Canada, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, le Lichtenstein, le Brésil, l’Argentine, les Emirats, le Qatar, les Îles Caïmans, le Congo, le Liban,...», énumère Sami Remadi, médecin de profession et président de l’Association tunisienne pour la transparence financière (ATTF).
Interrogé par Slate Afrique sur l’évolution de la récupération des avoirs tunisiens à l’étranger, le docteur Remadi évoque en préambule le pacte international des droits civils et politiques et l’article premier de la résolution 2.200 des Nations Unies ratifiée par la Tunisie en 1969:  «Pour atteindre leurs fins, tous les peuples peuvent disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles(…) en aucun cas, un peuple ne pourra être privé de ses propres moyens de subsistance». Depuis le mois de mars 2011, Sami Remadi et son association lutte pour que «la décapitalisation et la spoliation du peuple tunisien par le président déchu, aidés par les Etats receleurs» soient reconnus comme allant à l’encontre de l’article sus-cité. En fonction de l’évolution des démarches de restitution des avoirs du peuple tunisien, le président de l’association n’exclut pas de porter l’affaire devant le Conseil des droits de l’Homme. «23 ans de vol, c’est une atteinte à la dignité des Tunisiens», souligne Sami Remadi. Il faut dire que depuis le gel en janvier 2011 des actifs du clan Ben Ali, peu a été entrepris pour rendre ces fonds au peuple tunisien. En huit mois, pas un dinar appartenant au clan du dictateur n’est parvenu dans les caisses de l’Etat.
Depuis janvier, la commission de confiscation auprès du ministère du Domaine de l’Etat et des Affaires foncières a pourtant saisi une centaine de sociétés, 200 titres fonciers, 200 attestations de propriété, 18 yachts, 2 bateaux de pêche, un avion et 100 voitures dont plusieurs de luxe. Mais les procédures sont longues et l’organisation d’enchères publiques n’est à ce jour toujours pas programmée.


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