Ligue des champions : Inter Milan, fin d'une époque

L'élimination cruelle contre Marseille signe la fin d'un cycle extraordinaire à l'Inter Milan, qui a rapporté cinq titres de champions d'Italie, une Ligue des champions et un Mondial des clubs mais ne peut plus rien donner, faute d'avoir renouvelé une équipe aujourd'hui entièrement à rebâtir.
Constat d'échec
Eliminé en Coupes et distancé en Serie A, septième à... 17 points de l'AC Milan, l'Inter ne peut plus rien gagner, seulement sauver une place en Coupe d'Europe. La 3e place, qualificative pour les barrages de la Ligue des champions, est illusoire, et Ranieri lui-même a parlé mardi soir d'Europa League.
L'âge du capitaine
A 38 ans, Javier Zanetti a encore été un des meilleurs sur le terrain contre l'OM. Il est paradoxalement le symbole de cette équipe trop vieille, vieille collectivement plus qu'individuellement. Huit des champions d'Europe 2010 étaient sur le terrain mardi, et ils ont dû baisser pavillon devant une modeste équipe de Marseille.
Esteban Cambiasso a 31 ans, Diego Milito 32 ans, et Dejan Stankovic et Walter Samuel 33 ans. Wesley Sneijder n'est pas vieux (27 ans) mais n'a que très rarement montré son talent depuis le Mondial-2010, en plus d'être souvent blessé. Le jeu s'est figé, l'Inter est prévisible, et le mercato n'a jamais apporté de sang frais.
Recrutement désastreux
Arnaques, produits inadaptés et vente des bijoux de famille: l'Inter a commis presque tous les péchés sur le marché des transferts en un an et demi. Le club a changé quatre fois d'entraîneur (Rafael Benitez, Leonardo, Gian Piero Gasperini et Claudio Ranieri) sans trouver chaussure à son pied après l'inoubliable José Mourinho.
Il a vendu un des meilleurs attaquants du monde, Samuel Eto'o, qui avait caché la misère en marquant 41 buts la saison dernière, et l'a remplacé - la malchance s'en mêle - par un Diego Forlan blessé quatre mois et toujours pas adapté. L'Uruguayen a été conspué par San Siro à sa sortie, mardi.
Cet hiver, l'Inter a laissé partir au Paris SG Thiago Motta, dont le retour avait correspondu à la série de sept victoires de rang, le chant du cygne, en fait, de la grande Inter.
Les recrues de l'été, Luc Castaignos, Jonathan ou Ricky Alvarez n'ont rien donné, bien que le dernier ait réussi quelques bons matches après quatre premiers mois poussifs, mais il s'est blessé.
On continue avec Ranieri
Le président va finir la saison avec "L'ajusteur". "Je ne vois pas de faute de Ranieri, mais plutôt la chance de son collègue français, (Didier) Deschamps, a dit Massimo Moratti. On a pris deux buts dans le temps additionnel (1-0 à l'aller, 1-2 au retour), je ne me sens pas de porter un jugement négatif. Ranieri ne le mérite pas".
Pour la saison prochaine, Moratti pense déjà à André Villas-Boas, viré de Chelsea, ou à son ancien joueur Laurent Blanc, s'il ne reste pas à la tête de l'équipe de France.
L'avenir avec les jeunes, mais...
"La sagesse, explique Moratti, ce serait de repartir en pensant au futur, sans penser au court terme, et de reconstruire une équipe avec des jeunes. Le problème c'est que si après trois matches ça ne va pas, tu commences à regretter..."
L'Inter, dans l'optique de la saison prochaine, a déjà jeté son dévolu sur Lucas, l'attaquant du Sao Paulo FC, mais ce Brésilien prometteur voudra-t-il d'un club décadent pas même qualifié pour la Ligue des champions? La reconstruction risque d'être longue...