Tout a débuté, mercredi, vers 17h54 min. Il a plu des cordes. En un temps record d’à peine une demi-heure, plus de 55 mm de pluie sont tombés sur la ville. Une pluviométrie très suffisante pour transformer la cité en véritable piscine ! De mémoire d’habitant, jamais d’aussi fortes pluies ne se sont abattues sur la région depuis 1985. La crue de l’oued Assif N’ssouk, qui traverse le centre-ville, a atteint la hauteur record de plus de 5 mètres, rendant toute circulation entre les deux rives impossible. L’obstruction des canalisations par les déchets et autres immondices charriés par les eaux a vite provoqué l’inondation du centre-ville, offrant ainsi un paysage digne du déluge! L’Avenue des FAR qui traverse le pont enjambant ledit oued s’est subitement métamorphosée en un torrent dont les hauteurs ont varié entre 80 cm et 1,20m. Ce qui a entraîné le déversement des flots dans les commerces et autres cafés sis aux abords de l’avenue, où le niveau des crues est vite monté jusqu’à 30 cm. Si des pertes humaines n’ont pas été enregistrées, les dégâts matériels sont en revanche énormes. Les indomptables infiltrations fangeuses ont largement touché les commerces d’habillement et une agence de voyages. Mais ce sont surtout les marchands de légumes et fruits, des dattes et les vendeurs ambulants des ustensiles de cuisine et autres décors ayant étalé leurs marchandises sur la place du souk hebdomadaire à proximité immédiate de la rive droite de l’oued, qui ont subi les plus grands préjudices. Selon les témoignages des victimes, une dizaine de commerçants ont vu emporter la totalité de leurs marchandises par les courants impétueux de l’oued en question. Plusieurs véhicules garés au long de l’avenue noyée, ont été aussi endommagés et violemment entraînés par la force des crues. On signale également l’écroulement de plus de 10 m de clôture murale d’une enceinte appelée « Lfndk Akdim », où l’on parquait autrefois les bêtes de somme le jour du souk hebdomadaire de Tafraout et l’inondation de la maison. Les eaux ont envahi les pièces de cette vieille demeure, en dégradant ainsi appareils électroménagers, matelas et autres effets des propriétaires. Les sinistrés ont perdu également leurs bétail et volailles emportés par les flots. Dans les villages avoisinants, les dégâts ne sont pas moins lourds. On signale l’affaissement de plusieurs demeures en pisé, sans faire, heureusement, de dégâts humains et la submersion par les eaux de nombreux champs et vergers des Aday et Ighir. On déplore ainsi des cultures sinistrées et des dizaines d’arbres arrachés.
Il faut reconnaître que n’eût été la mobilisation fortement remarquée des éléments de la gendarmerie et ceux de la protection civile, les dégâts auraient pu être encore plus conséquents. Leurs interventions ont été d’un secours « providentiel », sachant que plusieurs familles habitant des demeures menaçant ruine ont été évacuées de justesse avant d’assister à leur effondrement, juste quelque temps après. Toutefois, l’impact de cette intempérie aurait pu être beaucoup moindre en termes de dégâts si l’autorité locale, pourtant au courant de l’imminence du mauvais temps, s’était donné la peine d’empêcher les marchands d’étaler leurs marchandises près du terrain riverain de l’oued et d’aviser les commerçants et habitants du voisinage de prendre leurs dispositions. Il l’aurait été aussi si le dragage du lit de l’oued à proximité du pont pour empêcher l’engorgement des buses qui a entraîné le débordement des eaux et l’envahissement du centre-ville, était réalisé. Bref, c’est à se demander à juste titre, ce que font ces commissions provinciales de vigilance et de suivi des intempéries dont la mise en place ne cesse d’être claironnée sur tous les toits.