Les mœurs amoureuses du Maroc


Réédition de l’«Encyclopédie de l’Amour au Maroc» de Christian Houel

Alain Bouithy
Jeudi 7 Mars 2013

Les mœurs amoureuses du Maroc
Les éditions Casa Express publient «L’amour au Maroc» (191 pages) de Christian Houel, correspondant de guerre au Maroc et en Tripolitaine à l’époque du Protectorat.
«Ce livre, dans lequel l’auteur fait la part belle à la poésie, était conçu pour être le premier tome d’une encyclopédie mondiale de l’amour. Destiné à répondre aux fantasmes d’un public français, ignorant du Maghreb, des Arabes et de l’Islam, en pleine époque coloniale, les termes employés peuvent choquer un public contemporain», avertit d’emblée le nouvel éditeur.
Il faut dire que ce bel ouvrage, publié pour la première fois à Paris en décembre 1911 chez H. Daragon, sous la direction de Marius Boisson, et destiné à une collection «Encyclopédie de l’amour», traite des mœurs amoureuses à travers plusieurs sujets tels que le mariage, la prostitution, l’adultère, la sorcellerie, les chants nuptiaux, les contes et la poésie d’amour... Des thèmes qui éclairent le lecteur sur des préjugés et fantasmes des Français à l’époque du Protectorat.
Le livre fait aussi écho des anecdotes édifiantes sur des usages restés d’actualité et de la place de la religion dans cette institution qu’est le mariage. A ce propos, l’éditeur précise toutefois que «l’interprétation des écritures, des préceptes et des exégètes de l’Islam par l’auteur ont été écrits sous sa responsabilité, dans le contexte de l’époque et sont à considérer avec circonspection».
Au fil des pages, le lecteur en apprendra un peu plus sur certaines traditions, les pratiques de sorcellerie (P.59) la fécondité, la virginité… ainsi que les préoccupations intimes des femmes marocaines et certains usages courants dans les pays musulmans et au Maroc d’alors (P. 98).
Dans un tout autre registre, l’auteur de «Mes aventures marocaines», publié en 1954 à Casablanca chez Maroc Demain et réédité en 2012 chez Casa Express Editions, s’intéresse aussi à la littérature amoureuse au Maroc (P.125). A ce sujet, Christian Houel écrit :«La littérature amoureuse au Maroc est presque nulle. (Et que) les poèmes amoureux connus n’appartiennent pas à des auteurs du pays. Ils ont été importés au Maroc par les pèlerins de La Mecque ou par des voyageurs lettrés qui ont glané dans leurs voyages tous les ouvrages poétiques de leur langue».
N’empêche, le lecteur appréciera quelques poésies marocaines-berbères sur le mariage (P. 138) telles que sur «La fiancée», «Les femmes de Fès», par exemple.
Plusieurs fois expulsé par les autorités du Protectorat, Christian Houel fut le premier journaliste professionnel à entrer au Maroc en 1904, d’abord à Tanger puis dans tout le pays, en tant que correspondant du quotidien parisien «Le Matin». Parlant la darija, habillé en Marocain, il parvint à parcourir le pays recueillant nombreuses informations sur les sujets qui l’intéressaient tant.
Soulignons que l’éditeur et l’auteur ayant disparu depuis la dernière parution de l’ouvrage sans laisser d’ayants droit identifiés, les droits sont reversés à des Associations marocaines d’aide aux femmes.


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