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Les agressions à l’encontre du personnel de la santé publique se multiplient

L’impression qui prime est quele ministère refile la patate chaude aux forces de l’ordre


Chady Chaabi
Jeudi 16 Août 2018

Il y a quelques jours, une vidéo publiée sur les réseaux sociaux a fait des remous, et pas uniquement sur Internet, mais également dans les plus hautes sphères du ministère de la Santé. Datée du 9 août courant, cette séquence, consultable sur le web, montre une affligeante scène  d’accrochage à l’intérieur d’un hôpital.
L’altercation qui a eu lieu dans un établissement de santé d’El Jadida, a fait plusieurs blessés parmi le personnel. Les auteurs, des personnes venues accompagner une patiente, avaient, semble-t-il, peu goûté au manque d’attention auquel elle aurait eu droit. Raison pour laquelle, comme cela a été décrit par le ministère de la Santé dans un communiqué, trois membres de la même famille s’en sont pris violemment, à la fois, à un médecin, à des infermières, ainsi qu’à une femme de ménage.
Au-delà des dégâts humains et matériels inadmissibles déplorés à juste titre dans le communiqué, certains points sont pour le moins curieux voire incompréhensibles. En effet, si dans un premier temps, ont été normalement condamnés les actes d’agression entrevus sur la vidéo, dans un second temps, on a l’impression que le ministère en question passe la patate chaude aux autorités, puisque toujours via la même source, on peut lire la requête suivante : « Le ministère de la Santé appelle les autorités à protéger les établissements étatiques de santé et tous les professionnels du milieu, pour offrir un climat sain, sécurisé et pour que les médecins, les employés puissent servir les patients, et assurer le fonctionnement normal des centres de santé ».  
Il est vrai que les hôpitaux et centres de santé au pays sont un milieu de tensions. Pour l’expliquer, il y a un aspect indéniable, celui de la surcharge. En général, hormis les établissements privés, le personnel de santé travaillant dans les structures publiques est souvent débordé face au nombre important de patients.
Cette indéniable réalité explique en grande partie et sans l’excuser et encore moins la justifier pour un sous, l’impatience, l’agacement ainsi que la colère qui peut gagner certains proches du malade, en le voyant souffrir devant eux sans être pris en charge par un corps professionnel débordé, la plupart du temps. En revanche, cette évidence a échappé au ministère de tutelle, croyant  qu’il suffit « de renforcer les effectifs de police pour assurer la protection et la sécurité dans les hôpitaux » afin de pallier ce genre de situation dramatique.  
Evidemment, on ne peut nier qu’à l’entrée d’un hôpital public quel qu’il soit, la présence policière n’est pas vraiment visible ou dissuasive. Cela dit, une présence policière accrue et plus prononcée dans les hôpitaux ne peut en aucun cas réduire le déséquilibre entre le personnel de santé et le nombre de patients à soigner, et donc permettre aux médecins et autres infirmières « d’accomplir dans de bonnes conditions leur noble mission » comme indiqué dans ledit communiqué.
En vérité, cela confine à l’utopie. Car comme tout le monde doit s’en douter, y compris le ministère, rien ne pourra pacifier les hôpitaux et autres centres de santé, sauf une augmentation significative de leur nombre, ce qui permettra de logiquement atténuer l’affluence de patients et donc soulager le personnel.
En somme, dans une manière de voir le verre à moitié plein, la dernière phrase du communiqué qui dit que «fermement, le ministère assure qu’aucune tolérance ne sera accordée à qui que ce soit qui ose humilier ou agresser le personnel des   établissements sanitaires», révèle, par ricochet, la ferme volonté du ministère de défendre coûte que coûte son personnel. Même si on doute que cet appui aussi marquant soit-il, apporte une solution aux problèmes cités.


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