Le théâtre Cervantès de Tanger à l’agonie

Mardi 4 Février 2014

Le théâtre Cervantès de Tanger à l’agonie
Cent ans après sa construction à Tanger, dans le Nord du Maroc, le théâtre Cervantès, un chef-d’œuvre de l’architecture espagnole du XXe siècle où de grands ténors se sont produits, tombe en ruine et ce haut lieu du multiculturalisme risque de disparaître.
A quelques encablures du vieux port en pleine métamorphose -une marina est en cours de construction- se dresse toujours ce grand témoin de l’Histoire. Mais pour combien de temps encore?
Pendant des décennies y ont défilé les diverses nationalités et communautés de la “ville du Détroit”. “Il faut voir comment était le Tanger de l’époque. Les recensements de 1919 indiquaient une population autour de 40.000: 26.000 musulmans, 5.000 juifs et les Espagnols étaient 6 à 7.000”, indique à l’AFP Bernabé Lopez Garcia.
En décembre 2013, cet historien a dirigé une importante exposition consacrée au centenaire du théâtre. Une célébration, et une main tendue aussi: car au bout d’une rue étroite, dans un quartier populaire de Tanger, le monument, réduit à l’état d’épave, fait peine à voir.
Les céramiques jaune et bleu qui ornent sa devanture et les représentations magnifiques au plafond sont délabrées. A l’intérieur, les sièges restants sont couverts de poussière.
“Son état actuel est un peu pitoyable, pour tout dire”, reconnaît Cecilia Fernandez Suzor, directrice de l’Institut Cervantès de Tanger.
“Il ressemble à un théâtre d’ombres (...) Vous m’y faites revenir, et je le fais un peu malgré moi parce qu’à chaque fois, je me sens mal”, soupire l’écrivain Rachid Taferssiti, également président de l’Association Al Boughaz pour la sauvegarde du patrimoine de Tanger. “Je trouve triste qu’un espace multiculturel comme celui-là soit dégradé comme il l’est”, poursuit-il.
L’histoire de l’édifice remonte à 1911, quand un riche commerçant espagnol, Manuel Pena, décide de l’ériger afin de le dédier à son épouse Esperanza Orellana, passionnée de théâtre.
Inauguré en décembre 1913, son parcours est intimement lié à la présence espagnole. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes de Franco qui occupent Tanger, jugeant son aspect trop moderniste, envisagent “de le convertir en théâtre impérial, un peu dans le style fasciste néo-classique. Heureusement, il n’y a pas eu l’argent”, raconte M. Lopez Garcia.

AFP

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