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Le système bancaire passé au crible

Le CMC consacre son numéro spécial au rôle joué par les institutions bancaires pour relever les défits économiques


Alain Bouithy
Mardi 20 Mars 2018

Quel rôle le système bancaire devrait-il jouer face aux défis économiques actuels et à venir? Dans la dernière livraison du mensuel «Maroc Conjoncture» (n° 299), le Centre marocain de conjoncture (CMC) a choisi d’y répondre en passant au crible le système bancaire et en décortiquant les principaux défis auxquels il serait confronté.
Dans ce spécial, rendu public récemment, le CMC s’est intéressé notamment aux banques centrales, examinant le rôle qu’elles pourraient jouer dans le nouveau contexte.
Si le statut et le rôle de la banque centrale ont connu de profondes mutations au fil des années, le CMC a noté que le modèle de la banque centrale indépendante s’impose progressivement aussi bien aux économies avancées qu’aux économies en développement.
Il faut dire que les changements ont eu des répercussions importantes sur les statuts et les missions de ces institutions et qu’elles ont été accélérées par la mondialisation financière et ses implications sur les différentes économies.
Pour la publication, c’est ce qui explique « la montée en puissance de ces établissements induisant leur organisation interne et leur structure mais leur objectif principal demeure le maintien de la stabilité des prix ».
Autre axe abordé: la nouvelle loi bancaire dont le n° 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés du 24 décembre 2014 a revu le fonctionnement du système bancaire marocain en introduisant de nouveaux acteurs, de nouveaux services et produits et de nouvelles règles prudentielles.
Comme l’a rappelé la publication, elle a « introduit notamment le concept d’Etablissement de paiement, d’agent de paiement, de la finance participative et du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques».
Bien que réputé solide et résilient eu égard à ses bases robustes, le CMC relève que le système bancaire marocain, qui s’est mis depuis à l’ère de l’Afrique, couve, néanmoins, de nombreux facteurs de risque.
«La rude concurrence environnante a conduit, au cours des dernières années, à une réduction relative des marges d’intérêts et partant vers un repli de la rentabilité», a-t-il estimé.
Le CMC assure toutefois que « ces résultats sont atténués par les produits des opérations de marché et des commissions sur prestations de services d’une part et par les opérations réalisées hors du Maroc, particulièrement sur le continent africain d’autre part».
Pour autant, la publication assure que l’inquiétude reste de mise, s’agissant de l’explosion des créances en souffrance qui exercent une pression croissante sur le taux de risque, en obligeant les banques à renforcer les opérations de provisions.
L’autre axe étudié, le coût du crédit dont les taux ont connu une tendance baissière sur deux ans et une hausse modérée en 2017. « Cette franche tendance à la baisse n’a pas pour autant permis un démarrage du crédit dont l’encours a augmenté de seulement 2,9% en 2017 contre 4,2% en 2016 », a constaté le CMC.
Il faut dire que la baisse des taux exacerbée par l’intensification de la concurrence bancaire a suscité des débats et craintes de la part de la banque centrale; le risque de taux, particulièrement pour les prêts à l’habitat, pouvant menacer la situation financière des établissements de crédit.
A ce propos, le CMC a aussi rappelé que le financement de crédits à long terme à taux fixe par des dépôts d’épargne à court terme a provoqué des crises ou difficultés bancaires, dans les années 70 au Royaume Uni et dans les années 80 aux Etats-Unis.
Examinant le cas de Bank Al-Maghrib, le mensuel a relevé que l’un des enseignements majeurs de la crise de 2008 a été « la montée des risques corrélativement au contexte de mondialisation marqué par une forte interdépendance des économies qui ont fait le choix de s’ouvrir sur le reste du monde dans l’espoir de tirer profit des potentialités de ce développement des échanges ».
Pour espérer tirer parti des opportunités offertes par cette mondialisation grandissante, le CMC a estimé que les économies doivent remporter la bataille de la compétitivité en ayant une structure des prix relatifs avantageuse.
Par contre, cet objectif ne serait réalisable que si « le niveau des prix est inférieur à celui des concurrents, le taux de change est en adéquation avec les exigences des exportations et le système financier est suffisamment robuste pour accompagner les entreprises dans leurs stratégies de conquêtes des marchés extérieurs tout en consolidant leur présence au niveau domestique ».
D’où la décision des pouvoirs publics de renforcer l’autonomie de BAM en matière de conduite de la politique monétaire.
Enfin, la publication s’est également intéressée à la flexibilisation du taux de change et son mode de pilotage serré, faisant remarquer que  la flexibilisation progressive du régime de change est à l’œuvre au Maroc depuis le début de l’année avec la décision d’élargissement de la bande de fluctuations de la valeur de la monnaie nationale par rapport aux devises de référence. Cette décision qui s’inscrit dans le cadre des nouvelles orientations en matière de politique de change élargit de 0,3 % à 2,5 % la marge de variation de la valeur de la monnaie nationale de part et d’autre de celle fixée par la Banque centrale.
Autant dire que le nouveau système de change s’inscrit toujours dans une logique de fixité avec une souplesse plus grande autour de la cotation arrêtée par la Banque centrale. L’impact redouté sur l’activité et le pouvoir d’achat en cas de dépréciation semble, au vu de l’étroitesse de la bande de fluctuation, fort limité. Le mode de pilotage de la parité monétaire à travers la cotation officielle au jour le jour est de nature à écarter tout risque de dérapage.


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