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Selon lui, les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca ont marqué un point de bascule. Ils ont déclenché une vague de réformes légales, avec l’adoption de la loi 03-03 antiterroriste et, progressivement, l’introduction de dispositifs encadrant les interceptions, la cybersécurité et la protection des données. Depuis, le Royaume cherche à concilier efficacité opérationnelle et respect des droits fondamentaux, dans un environnement où l’information circule plus vite que la loi.
Héritages et modernisation
A l’indépendance en 1956, le Royaume a hérité d’une partie des structures de renseignement du protectorat, qu’il adapte à ses priorités: intégrité territoriale, stabilité intérieure, contre-espionnage. La DGED, tournée vers l’extérieur, et la DGST, centrée sur la sécurité intérieure, structurent dès lors le paysage.
Le tournant sécuritaire de 2003 a renforcé l’arsenal législatif et institutionnel, consolidé par la Constitution de 2011. Celle-ci consacre la protection de la vie privée (article 24) et le droit d’accès à l’information (article 27), inscrivant définitivement le renseignement dans le cadre de l’Etat de droit.
Aujourd’hui, l’architecture nationale repose sur une synergie rare: Abdellatif Hammouchi dirige à la fois la DGST et la DGSN, assurant cohérence et efficacité.
«La direction simultanée de la DGSN et de la DGST par Abdellatif Hammouchi depuis 2015 illustre un modèle rare de pilotage unifié, favorisant la synergie opérationnelle et la cohérence des actions de sécurité. Cette configuration a permis une modernisation continue des dispositifs, tout en renforçant la coopération nationale et internationale. Son parcours est reconnu au-delà des frontières, avec plusieurs distinctions honorifiques et décorations étrangères, notamment en Espagne, en France et aux Etats-Unis, qui saluent l’efficacité et le professionnalisme des forces de sécurité marocaines», a souligné Kamal Akridiss
La même source a également fait savoir que la DGED a renforcé l’influence diplomatique et stratégique du Royaume. «A l’international, la DGED, dirigée par Mohamed Yassine Mansouri, premier civil à ce poste, s’est affirmée comme un acteur stratégique, alliant diplomatie et renseignement. Son expérience diplomatique et sa capacité à tisser des liens durables avec des partenaires étrangers ont renforcé l’influence régionale et la crédibilité du Maroc sur la scène mondiale. Il a également bénéficié d’une reconnaissance officielle dans plusieurs pays, mettant en valeur le rôle stabilisateur du Maroc dans un environnement régional complexe», a-t-il précisé.
Défis nouveaux dans un monde interconnecté
«Les services de renseignement marocains évoluent aujourd’hui dans un environnement où les menaces ne sont plus isolées mais interconnectées. Elles combinent dimensions physiques, numériques, informationnelles et financières. Cette convergence impose de repenser à la fois les capacités opérationnelles et le cadre juridique qui les encadre», a affirmé Kamal Akridiss.
Hier centrées sur le séparatisme, la criminalité transsaharienne et le terrorisme local, les menaces se sont transformées, a-t-on souligné dans ce papier.
Désormais, elles prennent la forme de campagnes de désinformation, d’attaques cybernétiques ciblant des infrastructures vitales, d’espionnage économique, de blanchiment via cryptomonnaies ou encore de deepfakes politiques. L’intelligence artificielle et les technologies quantiques ouvrent un champ inédit de risques, où le chiffrement, les données et la confiance deviennent des terrains de confrontation.
Face à ces défis, le Maroc a multiplié les réformes: loi 05-20 sur la sécurité des systèmes d’information, intégration aux conventions de Budapest (cybercriminalité) et 108+ (protection des données), ou encore création du BCIJ, interface opérationnelle entre renseignement et justice.
Un impératif: adapter le droit à la vitesse des menaces
Un constat clair s’impose, d’après le président-fondateur du ROCK Institute: la législation avance plus lentement que l’innovation technologique. Un droit trop rigide pourrait freiner l’action des services, mais un droit trop flou compromettrait la confiance publique et la coopération internationale.
Plusieurs pistes émergent pour combler ce décalage. Il s’agit en l’occurrence d’adopter une loi-cadre sur le renseignement, clarifiant missions, techniques spéciales et contrôles ; de moderniser l’article 108 du Code de procédure pénale pour intégrer le cloud, le chiffrement et la chaîne de custodie numérique ; de renforcer l’opérationnalisation de la loi 05-20, notamment par des audits et des exercices de simulation de cybercrise; d’anticiper l’ère quantique, en migrant progressivement vers une cryptographie post-quantique ; et d’encadrer l’IA sécuritaire, via un comité technico-éthique et des mécanismes de recours pour les citoyens.
Horizon 2030 : vers un renseignement de nouvelle génération
Selon la même source, en deux décennies, le Maroc est passé d’un renseignement essentiellement opérationnel à un dispositif juridicisé, reconnu à l’international. Ce processus, nourri par l’expérience des crises et par une intégration croissante aux standards internationaux, constitue un investissement stratégique dans la légitimité et la résilience nationale.
«Dans un monde interconnecté, où la vitesse d’évolution des menaces dépasse parfois celle du droit, la capacité d’adaptation devient un facteur déterminant de souveraineté. Le terrorisme local des années 2000 a laissé place à des menaces polymorphes: cyberattaques, campagnes de désinformation, ingérences étrangères, exploitation malveillante de l’intelligence artificielle, et à terme, ruptures cryptographiques liées au quantique», a-t-on souligné dans ce papier.
L’enjeu des prochaines années sera de maintenir cette dynamique face à des menaces polymorphes où l’IA, la donnée et le quantique redéfiniront la sécurité mondiale. Plus que jamais, l’efficacité opérationnelle devra s’allier à un droit agile, garantissant à la fois la souveraineté du Royaume et la confiance des citoyens.
Le renseignement marocain, en conjuguant tradition, modernisation et ouverture, pourrait bien devenir l’un des laboratoires les plus avancés de la gouvernance sécuritaire à l’ère de l’interconnexion globale.
Elias Rayane