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Le président libanais convoque une réunion de sécurité après un pic des violences


Mardi 21 Janvier 2020

Le président libanais a réuni lundi les hauts responsables de la sécurité, au lendemain d'un week-end d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre qui ont fait plus de 500 blessés à Beyrouth, des violences inédites depuis le début de la contestation dans ce pays en crise.
Deux jours de suite, samedi et dimanche, la police anti-émeute a tiré des balles en caoutchouc, des grenades lacrymogènes, et utilisé ses canons à eau contre les manifestants rassemblés par centaines dans le centre-ville de Beyrouth, à l'entrée d'une avenue menant au Parlement.
Les contestataires ont lancé pierres, pétards et feux d'artifice contre un barrage de police bloquant cette avenue, en attaquant parfois les forces de l'ordre à l'aide des poteaux de panneaux de signalisation.
Au moins 546 personnes, des manifestants mais aussi des policiers, ont été blessées dans ces heurts, selon les bilans de la Croix-Rouge libanaise et de la défense civile compilés par l'AFP.
Samedi soir, en particulier, les affrontements ont fait 377 blessés et ont été d'une violence sans précédent depuis le début le 17 octobre d'une contestation qui dénonce une classe politique jugée corrompue et incompétente, sur fond de crise économique et financière. En réaction, le président Michel Aoun a convoqué pour ce lundi après-midi une "réunion de sécurité", en présence des ministres de la Défense et de l'Intérieur, mais aussi des hauts gradés des forces de la police et de l'armée, d'après le compte twitter de la présidence.
L'objectif est de "discuter des développements sur le plan sécuritaire et des mesures à prendre pour préserver la stabilité et le calme, selon l'agence officielle ANI. En trois mois de contestation, la colère n'a fait que croître parmi les manifestants qui fustigent l'apathie des dirigeants: la crise économique s'aggrave avec des licenciements en masse, des restrictions bancaires et une forte dépréciation de la livre libanaise face au dollar.
Ce week-end, l'élégant centre-ville de Beyrouth a été englouti dans l'épaisse fumée des gaz lacrymogènes et le hurlement des sirènes d'ambulances, les manifestants courant dans les rues pour fuir les policiers avant de se regrouper.
La défense civile a annoncé avoir traité des personnes souffrant de "difficultés respiratoires" ou de "blessures légères". Sur Twitter, les forces de sécurité ont appelé les manifestants à ne pas "attaquer" la police.
Mais des ONG et des défenseurs des droits humains ont aussi dénoncé un usage excessif de la force par la police. Human Rights Watch (HRW) a notamment accusé les policiers d'avoir "tiré des balles en caoutchouc en visant les yeux". "Ils n'ont pas arrêté de frapper", a pour sa part raconté un manifestant de 22 ans, hospitalisé après les heurts de samedi et qui dit s'être retrouvé la tête en sang.
"Ils étaient quatre avec leurs matraques. Ils m'ont laissé souffler, puis ils ont repris les coups, avant de me traîner au sol", a poursuivi le jeune homme contacté par l'AFP, s'exprimant sous couvert de l'anonymat par crainte de représailles.
Un Comité des avocats pour la défense des manifestants, qui a rencontré des contestataires brièvement interpellés samedi, a assuré que "la majorité" avait été victime de "violences excessives", certains affichant des blessures "à la tête, au visage, ou aux organes génitaux". Les avocats ont aussi constaté dans les hôpitaux des blessures causées par des balles en caoutchouc au visage ou à la tête.
Alors que la mobilisation restait globalement pacifique au départ, les affrontements se sont multipliés ces derniers jours, des manifestants attaquant la semaine passée les vitrines des établissements bancaires, qui cristallisent une grande partie de la colère populaire.
L'impasse politique s'ajoute à la crise: depuis la démission fin octobre du Premier ministre Saad Hariri sous la pression de la rue, son gouvernement chargé des affaires courantes est accusé d'inertie.
Hassan Diab, désigné comme son successeur le 19 décembre, n'a toujours pas formé son équipe. Les tractations avec les grands partis traînent, chaque faction cherchant à garantir sa représentation au sein de la future équipe.
Dans la rue, les manifestants réclament inlassablement un gouvernement de technocrates, indépendants de l'actuelle classe dirigeante, quasi inchangée depuis des décennies.


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