
Le Wall Street Journal, citant des responsables afghans et occidentaux, a affirmé dans son édition de lundi que des tirs provenant d’un poste militaire pakistanais avaient été à l’origine de ces frappes de l’Otan.
«Cela n’est pas vrai. Ils se fabriquent des excuses», a déclaré à l’AFP le général Athar Abbas, porte-parole de l’armée pakistanaise, à propos des responsables cités par le Wall Street Journal.
«Et d’ailleurs», s’il y a eu des tirs pakistanais, «quelles sont leurs pertes?» , s’est-il ironiquement interrogé.
Les affirmations du Wall Street Journal n’ont été confirmées ni par les autorités afghanes ni par l’Otan ni par les Etats-Unis, qui dirigent la force de l’alliance atlantique en Afghanistan (Isaf).
Selon un responsable afghan anonyme cité par le quotidien américain, les hélicoptères et avions de chasse de l’Otan sont intervenus pour protéger des troupes afghanes et de l’Isaf qui croyaient être prises sous le feu de combattants talibans dans la zone frontalière.
«Il y a eu des tirs contre des soldats de l’armée afghane qui ont demandé un appui» aérien, a déclaré ce responsable, ajoutant que le gouvernement afghan estimait que les tirs visant ses forces venaient des camps militaires pakistanais qui ont ensuite été bombardés.
Cette version est corroborée par des responsables afghans travaillant dans la zone frontalière, dont un, appartenant à la police, a affirmé que les autorités pakistanaises avaient été averties à temps des frappes aériennes de l’Otan. «C’était une opération défensive», a affirmé pour sa part un responsable occidental, confirmant que les forces afghanes et de l’Otan «étaient sous le feu (des soldats) d’une base militaire pakistanaise».
Le Pakistan a fait part dimanche aux Etats-Unis de sa «fureur» et de sa volonté de réviser leur coopération dans la lutte antiterroriste après ce que l’Alliance atlantique a admis être un «tragique incident involontaire».
Le bombardement a eu lieu dans l’une des zones tribales pakistanaises frontalières de l’Afghanistan, repaires des Talibans pakistanais et de leurs alliés d’Al-Qaïda, et base arrière des Talibans afghans dont les opérations et attentats contre les forces afghanes et de l’Otan de l’autre côté de la frontière se sont amplifiés ces dernières années. Cette bavure, la plus grave qu’ait commise l’Otan depuis qu’Islamabad a rallié à la fin 2001 la «guerre contre le terrorisme» américaine dans la région, ravive la crise entre le Pakistan et les Etats-Unis, provoquée par le raid clandestin de commandos américains qui avaient tué Oussama Ben Laden le 2 mai dernier dans le nord du Pakistan. La Chine s’est dit «profondément choquée» lundi par les frappes de l’Otan qui ont tué 24 soldats pakistanais samedi à la frontière entre le Pakistan, son traditionnel allié, et l’Afghanistan.
«La Chine est profondément choquée par cette affaire», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei, qui a demandé une «enquête sincère et sérieuse» sur cette bavure.