Le Festival du film de Marrakech honore l’enfant du pays : Roschdy Zem, le parcours exceptionnel d’un acteur engagé


Alain Bouithy
Mardi 6 Décembre 2011

Le Festival du film de Marrakech honore l’enfant du pays : Roschdy Zem, le parcours exceptionnel d’un acteur engagé
Le Palais des congrès de Marrakech a brillé dimanche soir de mille feux.
Les festivaliers ont rendu un grand hommage à Roschdy Zem. Pour sa onzième
édition, le Festival
international du film de Marrakech (FIFM) a choisi d’honorer de la meilleure manière une des plus belles étoiles du cinéma de l’audace en présence de nombreuses personnalités marocaines et internationales du monde du cinéma et de la société civile venues saluer le parcours cinématographique
exceptionnel et riche
d’enseignements de ce fils d’immigré marocain.
C’est donc sur la terre
de ses parents que l’acteur,
réalisateur et scénariste de 45 ans aura célébré les 20 ans d’une carrière qui démarra en 1991, lorsque le réalisateur André  Techiné décida de lui confier un rôle inaugurant une carrière aujourd’hui riche et variée. Un parcours que
l’acteur admet n’avoir jamais imaginé atteindre tant il est vrai que ses passions d’alors (football et théâtre)
ne présageaient nullement
un tel succès. Détendu mais ému, Roschdy a remercié
S.M le Roi Mohammed VI et S.A.R le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du FIFM, pour avoir donné au Festival de Marrakech, une envergure internationale. Il a également rendu hommage à tous ceux qui lui ont fait confiance,
en lui donnant des rôles qui
ont fait sa notorieté.



La veille de ce grand moment, l’acteur, réalisateur et scénariste marocain s’est prêté aux questions de la presse nationale dans une ambiance très décontractée. Hommage, parcours, famille, politique, engagements, etc, tout ou presque a été abordé lors de cet échange quasi amical, organisé dans un palace de la place.

Un hommage au pays
de mes parents


«Il est vrai que j’aurais préféré attendre d’avoir 75 ans pour recevoir un  tel hommage. Mais, effectivement, c’est intéressant de faire cela plutôt au Maroc, pays de mes parents, surtout au Festival de Marrakech. Car, je me souviens lorsque j’étais venu à la première édition, on se demandait s’il allait continuer à exister. 10 ans après, il est encore là. C’est pour toutes ces raisons que cela me fait chaud au cœur», a-t-il déclaré.  Et d’ajouter : «Je me suis demandé comment je devais  considérer cet hommage, tant il est vrai que cela paraissait ringard pour moi qui n’ai que 45 ans.  Des amis m’ont simplement dit que c’est un hommage à ce que tu as fait et surtout à ce que tu vas faire». Dans ce cas, l’acteur  marocain dit espérer que «cet hommage va surtout me servir pour la suite, pour les 20 prochaines années parce que le meilleur et le plus intéressant est à venir».

Je suis un homme engagé

Ce n’est pas un hasard si Roschdy s’est souvent illustré dans des films engagés. Très attaché aux sujets qui interpellent la conscience, il explique son intérêt pour les films engagés en ces termes : «Dans la mesure où je suis un homme engagé, forcément cela guide mes choix. C’est lié à l’homme que je suis dans la vie, les sujets qui m’interpellent retiennent mon attention. L’injustice, par exemple, est un sujet qui me touche beaucoup. Mais pas autant que cela, le contenu du scénario doit être assez subtil, si l’on tient à apporter un plus au cinéma, à un article de presse, un documentaire ou encore un sujet à la télévision. C’est donc une combinaison de ces éléments qui vont rentrer en ligne de compte pour faire la différence. Mais pour rien vous cacher, ce qu’il y a en ce moment c’est que j’ai envie de légèreté (rire) ».

Les immigrés dans le cinéma français d’aujourd’hui

Agréablement surpris par l’évolution rapide du cinéma français, l’acteur se rappelle ses débuts au cinéma en ces termes : «Quand j’ai commencé, il y a 20 ans (premier film en décembre 1991), très honnêtement je ne pensais pas faire 10% de ce parcours. Je le dois essentiellement aux metteurs en scène qui m’ont donné la chance de jouer des rôles aussi différents que variés.  Je me souviens que ma regrettée maman disait : «J’espère que tu ne vas pas faire le voyou, le voleur». Je m’étais alors dit que je n’en ferais que deux ou trois. Et comme par hasard, on me propose en ce moment que des rôles de flic (rire). On m’a demandé récemment si je n’en avais pas marre de jouer le rôle de flic, j’ai répondu vous ne vous rendez pas compte de ce que vous me dites : vous m’avez promis une carrière de voyou. Ceci pour dire que je suis effectivement ravi de me donner l’opportunité de réaliser, raconter aussi ce qui me touche ».

Notre star, c’était Amidou

«Lorsqu’on a commencé ce métier, on n’avait pas de références dans le cinéma français, le Maghrébin n’existait pas et notre star était Amidou. Sauf qu’on ne lui donnait pas des rôles suffisamment conséquents. Aujourd’hui, les films se font autour d’acteurs comme Jamel Debbouze, Gad El Malech  et d’autres. L’acteur qui fait sensation actuellement s’appelle Omar Sy. Cela veut dire que pour que le cinéma évolue, il faudrait d’autres mentalités. C’est donc un grand bonheur et une bonne chose que cela puisse arriver ».

Je rêvais d’avoir
un grand magasin


Evoquant les souvenirs ayant marqué sa jeunesse, Roschdy rappelle qu’il était commerçant à ses débuts. «J’avais un petit stand où je vendais des jeans et je me disais toujours : un jour j’aurais un vrai magasin. C’était mon rêve. Cela dit, ce n’était pas une ambition défaitiste. Pour moi, la réussite était de passer du stand qu’on montait tous les matins à quelque chose de plus grand. Honnêtement, c’aurait été ma vie, j’aurai été heureux», confie-t-il avec enthousiasme. Avant d’ajouter : «C’est cela la magie du cinéma, c’est-à-dire qu’on peut venir de nulle part et faire carrière. Il n’y a pas beaucoup de milieu où l’on puisse évoluer de la sorte à part le cinéma. Même pas au théâtre».


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