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Le FMI demande au Maroc de réduire le ratio de sa dette publique par rapport au PIB

Roberto Cardarelli: Il est essentiel de faire avancer le programme de réformes structurelles pour solidifier la reprise après la pandémie et atteindre une croissance plus forte, résiliente et inclusive

Mardi 3 Novembre 2020

Le Produit intérieur brut (PIB) du Maroc devrait se contracter dans une fourchette de 6 à 7% en 2020 en fonction de l’évolution de la pandémie, selon les estimations du Fonds monétaires international (FMI) qui a mené une mission à distance du 19 octobre au 2 novembre 2020. Inscrite dans le cadre des consultations de 2020 au titre de l’article IV des statuts du FMI, cette mission a été conduite par Roberto Cardarelli qui a déclaré que le taux de chômage devrait fortement augmenter, tandis que «les déficits budgétaire et extérieur devraient se creuser, du fait de la baisse des recettes fiscales et le recul des recettes en devises tirées du tourisme, respectivement». Dans sa déclaration, le chef de mission a toutefois affirmé que «la résilience des transferts des Marocains résidant à l’étranger et la baisse des importations ont limité les besoins de financement extérieur du Maroc». Aussi, il a estimé que «les réserves internationales restent largement supérieures à leur niveau de l’an dernier notamment grâce au tirage au titre de la ligne de précaution et de liquidité du FMI en avril dernier et à l’intensification des efforts de mobilisation des financements extérieurs». Selon lui, les services du FMI s’attendent à ce que la croissance du PIB rebondisse l’an prochain à 4,5%, sous l’hypothèse que les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estompent. Roberto Cardarelli prévient toutefois que cette projection de référence est sujette à de considérables risques baissiers. Concernant la politique budgétaire menée par le Royaume en 2020, l’institution financière internationale estime qu’elle a été assouplie de manière appropriée. Elle note aussi que «les recettes fiscales ont diminué nettement et les autorités ont accru les dépenses publiques et révisé leur composition pour réduire au minimum les répercussions économiques et sociales de la crise», rappelant les mesures prises dans ce cadre et qui ont permis de soutenir la demande intérieure, protéger les groupes les plus vulnérables de la population et préserver le tissu productif. Saluant l’intention des autorités de soutenir la reprise en 2021, le FMI note que la loi de Finances 2021 entend continuer à soutenir la reprise au cours des prochaines années, principalement par la relance de l’investissement et la réforme du système de protection sociale récemment annoncée par les autorités. La mission rejoint les autorités pour dire que «le processus de rééquilibrage budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide». Aussi, elle recommande de commencer à réduire le ratio de la dette publique par rapport au PIB à compter de 2022. En revanche, elle estime qu’une reprise économique plus lente que prévu exigerait de repousser l’ajustement budgétaire. D’après Roberto Cardarelli, «des mesures visant à élargir l’assiette de l’impôt et à accroître la progressivité du système fiscal, de nouvelles réformes de l’administration publique qui rationaliseraient les dépenses et le programme de privatisation des autorités contribueraient à reconstituer les marges de manœuvre budgétaire, tout en finançant l’expansion des programmes de protection sociale». Dans sa déclaration faite à l’issue de cette mission, il estime que «Bank Al-Maghrib (BAM) a pris des mesures décisives pour atténuer les répercussions de la pandémie sur l’économie réelle et le secteur financier». L’institution de Bretton Woods note ainsi avec satisfaction la politique monétaire accommodante qui est menée et considère que celle-ci devrait être poursuivie jusqu’à ce que l’inflation commence à augmenter. Soulignons que le FMI soutient qu’une plus grande flexibilité du régime de change va bénéficier à l’économie marocaine en préservant les réserves et la compétitivité et en renforçant sa capacité d’absorption des chocs externes. A ce propos, l’institution rappelle que «les autorités sont en train d’assurer un suivi étroit des conditions de déroulement de la transition et d’approfondir les études sur tous les volets pour juger du moment opportun pour entamer une nouvelle phase». Parlant des banques, le FMI estime qu’elles ont été relativement résilientes face à la pandémie, grâce à leurs niveaux initiaux relativement élevés de fonds propres et de liquidité et à la riposte vigoureuse de BAM. A ce propos, le FMI note avec satisfaction que «BAM a décidé de demander aux banques d’accroître leurs provisions et de suspendre la distribution de dividendes cette année afin de se prémunir contre une détérioration éventuelle du portefeuille des crédits bancaires dans un avenir proche». Enfin, Roberto Cardarelli estime «essentiel de faire avancer le programme de réformes structurelles pour solidifier la reprise après la pandémie et atteindre une croissance plus forte, résiliente et inclusive, qui améliore le niveau de vie de l’ensemble des Marocains». Tout en félicitant les autorités pour les efforts engagés pour développer l’assistance sociale cette année, il estime qu’une réforme globale du système de protection sociale est devenue plus urgente à la suite de la pandémie. Selon lui, «l’élargissement de l’assurance médicale à tous les Marocains contribuerait à accroître l’accès à des services de meilleure qualité, tandis que l’harmonisation de tous les programmes existants d’assistance sociale dans le cadre d’un registre social unifié améliorerait l’efficience et le ciblage du système». A noter que la mission souscrit à la réforme annoncée des entreprises publiques, estimant qu’elle «devrait mettre en place des conditions propices à un secteur public plus efficient et stimuler le développement du secteur privé». Par ailleurs, elle salue les progrès accomplis récemment dans l’établissement du cadre juridique pour la numérisation de l’administration publique et la simplification de ses procédures, ainsi que les mesures récentes visant à mettre en œuvre la réforme de l’éducation, notamment du système de formation professionnelle, à améliorer la gouvernance et à lutter contre la corruption. Pour rappel, le Maroc a conclu avec le FMI quatre accords successifs au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) au cours des huit dernières années. Au plus fort de la crise, le 7 avril dernier, le pays a procédé au tirage de toutes les ressources disponibles (environ 3 milliards de dollars) dans le cadre de l'accord au titre de la LPL, souligne l’institution sur son site Internet précisant que «c’était la première fois que les autorités recouraient aux ressources disponibles au titre de la LPL, et ce, pour faire face au choc sans précédent de la pandémie de Covid-19». 

Alain Bouithy

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