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Le 8 septembre dévoile ce que d’ aucuns ne voulaient pas voir


Hassan Bentaleb
Jeudi 16 Septembre 2021

Au mépris des lois, l’inaccessibilité, lot quotidien des personnes en situation de handicap

Le 8 septembre dévoile ce que d’ aucuns ne voulaient pas voir
La question de l’accessibilité des personnes en situation de handicap se pose toujours au Maroc. La preuve, le dernier rapport du Collectif pour la promotion des droits des personnes en situation de handicap, concernant l’accès de ces personnes aux centres et bureaux de vote lors des élections législatives, régionales et communales du 8 septembre dernier. Selon ce document, 23% des bureaux de vote au niveau national ne disposent pas de places de parking à proximité de leurs portes d’entrée, dédiées spécialement aux personnes en situation de handicap. Concernant l’accès aux bureaux de vote, 48% de ces bureaux sont inaccessibles pour les personnes en situation de handicap (présence d’escaliers à l’entrée des centres de vote) et 36,4% de ces bureaux ne permettent pas une mobilité fluide et facile pour les personnes handicapées, particulièrement celles qui utilisent les fauteuils roulants. A noter que 50,5% des bureaux de vote ne disposent pas d’isoloirs de vote spacieux permettant la liberté du mouvement surtout pour les utilisateurs des fauteuils roulants. Ledit document indique que 53,3% des tables disposées dans les isoloirs ne correspondent pas à la taille des personnes handicapées, notamment les usagers des fauteuils roulants et les personnes de petite taille. La même observation concerne aussi la taille des urnes de vote. En effet, 52% des bureaux de vote disposent de tables et d’urnes de grande taille incompatibles avec la taille des personnes handicapées. Concernant l’éclairage dans les isoloirs notamment pour les personnes malvoyantes, 40,1% d’entre eux au niveau national ne disposent pas d’éclairage suffisant pour ces personnes. En outre, 92% des bureaux ne disposent pas d’indications spéciales pour les personnes en situation de handicap mental et 100% ne disposent pas de documents en « alphabet braille ». « La question de l’accessibilité demeure une vraie problématique au Maroc malgré les promesses faites et les textes de lois promulgués », nous a indiqué Abdelmajid Makni, secrétaire général du Collectif. Et de préciser : « Prenez le cas du programme national de l'éducation inclusive au profit des enfants en situation de handicap, les écoles dédiées à ce programme sont encore loin d’être toutes accessibles pour des enfants qui les fréquentent tout au long de l’année. Nous sommes encore loin de réaliser que le problème de l’accessibilité ne concerne pas uniquement les personnes en situation de handicap. Il concerne aussi les personnes âgées, les femmes enceintes ou toute personne souffrant d’incapacité à se mouvoir ». Et qu’en est-il des lois et législations en vigueur ? « Les textes de loi ne manquent pas, mais ils souffrent du problème de la complémentarité. Les textes encadrant la question du handicap ne sont pas en harmonie avec d’autres textes (urbanisme, santé,…). Ceci d’autant plus que le temps de légifération est long. Prenez l’exemple de la loi n° 10-03 relative aux accessibilités, la promulgation des textes organiques a pris 10 ans et entre-temps, il n’y avait pas eu de travail sur les textes complémentaires », nous a expliqué notre interlocuteur. Et de préciser : « En bref, il n’y a pas de volonté politique pour résoudre ce problème. Au Royaume-Uni, l’Etat a fixé trois ans pour rendre tous les établissements accessibles et il a réussi son pari. Mieux, les établissements qui ne respectent pas ce critère d’accessibilité sont sanctionnés d’une amende. Chez nous, la loi sur l’accessibilité ne concerne que les bâtiments fraîchement construits et cela en dit long sur la volonté qu’on a évoqué auparavant ». A ce propos, ledit document a observé que la question du handicap dans les programmes électoraux proposés par les partis politiques n’est pas basée sur des indicateurs réalistes susceptibles d’être réalisables et d’être mesurables. Ces programmes ne précisent pas non plus les méthodes d’exécution. En effet, ladite question est traitée comme une problématique faisant partie d’autres affaires sociales. « Il suffit de rappeler que cinq ans sont passés après la promulgation de la loi-cadre n° 97-13 du 27 avril 2016 relative à la protection et à la promotion des personnes en situation de handicap et rien n’a été fait au niveau des lois organiques relatives à cette loi-cadre. Ce qui en dit long sur la place et l’importance de cette question dans le débat politique et public », a conclu Abdelmajid Makni. 


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