L'Otan et les pays impliqués dans le conflit libyen se sont réunis à Istanbul

La réunion, quatrième du genre depuis mars, se déroule en présence de membres du Conseil national de transition (CNT) mis sur pied par l'opposition libyenne. Washington souhaite connaître plus précisément sa stratégie pour ouvrir la voie à des élections démocratiques et pour rassembler aussi largement que possible. «Nous avons déjà dit que Kadhafi avait perdu sa légitimité et qu'il devait partir, et (...) on se demande évidemment ce que sera le régime suivant», a poursuivi le diplomate américain, ajoutant que l'aide financière allouée au CNT serait également à l'ordre du jour. L'Otan, la Ligue arabe, l'Union africaine et le Conseil de coopération du Golfe seront également représentés à Istanbul.
La Chine a fait savoir jeudi qu'elle ne participerait pas à cette réunion en raison de ses interrogations persistantes au sujet du mode de fonctionnement du groupe de contact. Comme la Russie, autre membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine s'est abstenue lors du vote de la résolution 1973 qui a autorisé à la mi-mars l'intervention militaire étrangère confiée ultérieurement à l'Otan.
A signaler, par ailleurs, que la reprise par les insurgés libyens de la localité d'Al Kaoualich, au sud de Tripoli, n'a pas empêché jeudi la poursuite des efforts de la communauté internationale pour parvenir à une solution politique au conflit en Libye.
Dans un discours prononcé devant des dizaines de milliers de ses partisans dans la ville d'Al Adjaïlat, à 80 km à l'ouest de Tripoli, le numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, a réitéré son intention de poursuivre la lutte jusqu'au bout.
«Je me sacrifierai pour vous (...). Je combattrai jusqu'au bout», leur a-t-il lancé. Taxant le Président français Nicolas Sarkozy, chaud partisan de l'intervention de l'Otan dès ses débuts, de «criminel de guerre», il a assuré que «La Libye sera le cimetière de l'Otan, l'Union européenne aussi verra sa fin venir durant cette bataille».
Le «groupe de contact», rassemblant surtout des pays occidentaux et arabes, se réunit à nouveau vendredi, à Istanbul, et les débats devraient se concentrer sur la recherche d'un règlement négocié avec le régime de Mouammar Kadhafi en raison de l'incapacité apparente des insurgés à le renverser militairement, malgré le soutien aérien de l'Otan.
«Le principal objectif est de parvenir à une solution politique afin d'accélérer les efforts visant à mettre fin au bain de sang», a dit Selcuk Unal, porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.
Cette réunion se déroulera en présence de représentants de l'opposition libyenne, qui démentent pour leur part tout contact avec des émissaires du régime de Mouammar Kadhafi, contrairement à ce que laissent entendre de nombreux pays, dont la France.
Les insurgés libyens ont affirmé jeudi qu'ils regroupaient leurs forces à Al Kaoualich afin de lancer une offensive sur Gariane, verrou sur la principale route menant vers Tripoli dans cette région située à une centaine de kilomètres au sud de la capitale.
Leur inexpérience et leur manque de coordination ont cependant été une nouvelle fois illustrés la veille par une contre-attaque surprise des forces gouvernementales, finalement vaine.
Malgré les bombardements aériens de l'Otan depuis le mois de mars, censés affaiblir les capacités militaires du régime, les insurgés progressent lentement et difficilement.
Dans la ville côtière de Brega, au bord du golfe de Syrte, des insurgés appuyés par des avions de l'Otan ont mené une attaque à partir de la mer et à partir des terres, a rapporté la chaîne de télévision Al Arabia.
Un peu plus tôt, la même chaîne avait déclaré qu'une personne avait été tuée et qu'un nombre indéterminé d'autres avaient été blessés à la suite d'un bombardement sur Ajdabia, non loin de Brega, par les forces du colonel Kadhafi. Pour l'émissaire du Président russe Dmitri Medvedev pour la Libye, Mouammar Kadhafi est loin d'être vaincu.
«Kadhafi n'a pas encore utilisé le moindre missile sol-sol, alors qu'il en a plus qu'il n'en faut. On peut donc douter du fait que le régime commence à être court d'armements», a dit Mikhaïl Margelov, cité par le quotidien russe Izvestia.
«Le Premier ministre libyen m'a dit à Tripoli: « Si les insurgés prennent la ville, nous la soumettrons à un déluge de missiles et nous la ferons exploser ». Je suppose que le régime de Kadhafi songe bel et bien à ce genre d'initiative suicidaire», a-t-il ajouté.
Le Président américain Barack Obama a déclaré mercredi au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, reçu à Washington, qu'il soutenait les efforts pour parvenir à une solution politique en Libye, à condition que cela implique une mise à l'écart de Mouammar Kadhafi.
A Londres, une source au ministère de la Défense a déclaré que l'Otan éprouvait désormais des difficultés à identifier des cibles militaires en Libye car les forces gouvernementales utilisaient de plus en plus des infrastructures et des véhicules civils.
«Nous n'avons pas de problèmes de ressources militaires. Le problème, ce sont les cibles», a-t-on déclaré à Reuters. «Nous disposons de renseignements crédibles selon lesquels Kadhafi utilise des entrepôts civils. Il est assurément en train de changer de tactique».