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Ainsi, cette interférence entre l'action partisane et la bienfaisance a pris le devant de la scène ces dernières semaines, suscitant une polémique entre les partis politiques sur l'exploitation des associations, notamment celles actives dans le domaine caritatif, pour influencer le choix des électeurs, en ciblant principalement les groupes les plus vulnérables. Selon des observateurs, l'instrumentalisation des initiatives de bienfaisance à des fins politiques s'est intensifiée au cours du mois de Ramadan, marqué par une augmentation des actions de charité et de solidarité, en particulier cette année, compte tenu des circonstances difficiles que connaît le pays en raison de la pandémie du nouveau coronavirus.
Bien que les fonctions et les rôles des partis politiques et des associations soient définis par la Constitution, la réalité montre que de nombreuses associations ne sont que le cheval de Troie de certains partis politiques pour agir dans l'arène sociale, posant ainsi un sérieux problème en termes de frontières entre l'action partisane et l'activité caritative. A cet égard, Mohamed Tariq, enseignant-chercheur à la Faculté de droit de Mohammédia, estime que si la finalité de l'action partisane et celle caritative est de servir l'intérêt général, leurs domaines d'intervention sont totalement différents. Si l'action associative a un caractère caritatif et social, le rôle des partis politiques consiste en l'encadrement et au changement, a-t-il expliqué dans une interview accordée à la MAP.
L'activité caritative est un acte noble, qui consiste à aider les autres d'une manière ou d'une autre, et un comportement civilisé, a-t-il indiqué. Les organisations de bénévolat permettent aux individus de contribuer à l'édifice social et économique et leur action est réglementée par la loi marocaine.
Par contre, a-t-il clarifié, l'article 2 de la loi organique relative aux partis politiques dispose que le parti politique œuvre, conformément aux dispositions de l'article 7 de la Constitution, à l'encadrement et à la formation politiques des citoyennes et citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques. Le parti politique exprime la volonté des électeurs et participe à l'exercice du pouvoir, sur la base du pluralisme et de l'alternance par des moyens démocratiques et dans le cadre des institutions constitutionnelles, a-t-il fait savoir, notant que l'objectif étant la mise en œuvre de son programme électoral à travers des politiques publiques susceptibles de contribuer au développement sociétal.
De ce fait, si chaque acteur respecte le cadre de ses attributions, aucune confusion ne pourra avoir lieu, sachant que les deux acteurs participent, chacun dans son domaine, au progrès de la société, mais lorsque l'action partisane et celle caritative se chevauchent en employant des fonds de bienfaisance pour des finalités partisanes, l'action caritative s’égare de son objectif humanitaire, a tenu à observer Mohamed Tariq. Pour l'universitaire, il est naturel que chaque rendez-vous électoral constitue un moment déterminant dans la vie de tout parti politique, pour mesurer sa popularité et son poids électoral, et une épreuve démocratique permettant aux citoyennes et aux citoyens de tenir les partis politiques responsables de leurs programmes et de leur gestion des politiques publiques et territoriales. Le législateur marocain a réglementé l'action caritative par des conditions précises, contenues dans la loi 004-71 du 12 octobre 1971 relative aux appels à la générosité publique, pour garantir la transparence de cette opération, a-t-il dit. Toutefois, ces conditions n'interdisent pas aux membres d'un parti politique d'adhérer à une association ou de mener une action caritative, à l'instar de tout citoyen, a-t-il précisé, estimant que malgré l'absence d'une interdiction explicite, l'exercice d'une action caritative sous couvert politique entraîne la désaffection politique.
La loi organique n° 29.11 relative aux partis politiques réglemente le contrôle et le financement des campagnes électorales, en vue d'assurer la transparence et l'intégrité du processus électoral, a poursuivi le chercheur. Cela signifie que toute utilisation de réseaux associatifs ou d'organisations de bienfaisance, surtout au moment des élections, met le parti politique concerné en dehors de la loi et entache la transparence du processus électoral, a conclu Mohamed Tariq.