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La récente opération menée par les autorités de la préfecture des arrondissements de Casablanca-Anfa a certes mis fin, en partie, à l’exploitation abusive des plages par des commerçants véreux, qui obligeaient les riverains à payer un parasol, une chaise ou un transat pour pouvoir accéder à un bonheur gratuit, mais, malheureusement, elle n’a pas encore endigué le fléau du gardiennage. Une calamité alimentée par la flambée des prix de stationnement, à l’instant même où le grand soleil d’été fait son apparition. Inflation due à la fois aux abus des gardiens mais également au nombre réduit de places comparé à l’affluence de voitures grandissante en été.
En principe, le Conseil de la ville accorde l’exploitation d’un parking à une tierce personne après appel d’offres. L’exploitant doit se plier à un cahier des charges où est clairement stipulé le tarif à appliquer. Afin d’éviter toute arnaque, le Conseil de la ville a installé des panneaux pour informer les citoyens sur le prix légal à débourser. Donc, tout est clair sur le papier. Mais pas dans la réalité.
Alors que le prix fixé par la loi « dans n’importe quel quartier casablancais qui dispose d’une zone de stationnement gratuite est de 3 dirhams», comme révélé par Mohamed Bourhim, l’adjoint du président du Conseil de la ville chargé du transport à nos confrères de 2M, force est de constater que les prix fixés par les gardiens sur la corniche d’Aïn Diab, notamment, varient en hausse selon la tête du client. « Il y a des endroits où l’on peut vous réclamer 10, 20, ou même 50 DH, c’est l’absurde par excellence», s’offusque un touriste français, qui a bien voulu partager avec nous un témoignage édifiant.
Dans ce cas, se pose la question de l’efficience des contrôles. Le conseil municipal a toujours assuré que ses services effectuaient des contrôles inopinés, suivis, en cas de fraude, de sanctions comme le retrait de l’autorisation d’exploitation. Mais le doute est permis. D’une part, il suffit de faire un tour sur la corniche d’Aïn Diab pour se rendre compte que le tarif minimum pratiqué est de 10 DH, et d’autre part, à certains endroits, il y a plus de gardiens que de vacanciers au mètre carré. Le trait est quelque peu grossi, mais l’impression est la même. « Je me suis amusé à compter le nombre de gardiens sur une distance d'environ 2 km. Il y avait au bas mot une cinquantaine de gardiens sur cette distance. Ils vous guettent et vous surveillent vous et pas votre véhicule, ils s'entichent de votre carrosserie », s’est insurgé notre témoin.
Il paraît évident que la tâche s’annonce ardue pour identifier l’exploitant légal de la zone de stationnement et appliquer une quelconque sanction, vu le nombre élevé de faux gardiens. En effet, en l’absence d’une application d’un cadre réglementaire strict existant, la profession est noyée dans l’informel, et toute personne portant un gilet sur les épaules et un sifflet à la bouche, peut se prétendre gardien de voiture.
Insultes, menaces et intimidations
Souvent, les panneaux qui informent les citoyens sur le prix légal de stationnement sont sources de tensions. Un automobiliste à qui le gardien demande une somme bien au-delà de celle inscrite sur les panneaux mis en place par la commune, se sent floué et refuse de payer les 5,10, ou 20 DH parfois imposés. Un refus auquel répondent les gardiens contrariés par une posture agressive. « J'ai vu des gens se faire insulter, des femmes agressées verbalement, et même physiquement dans des endroits très sollicités », observe notre interlocuteur. Résultat ? Des accrochages parfois musclés. De quoi faire d’une journée à la plage un vrai cauchemar pour toute une famille avant même d’avoir foulé le sable.
« Le harcèlement est à son comble dans un pays qui prétend être touristique», s’est désolé notre témoin. « Rien qu'à voir le taux de retour des touristes, il est malheureusement quasi nul», a-t-il conclu en mettant le doigt sur l’une des conséquences possibles de l’anarchie qui régit ce phénomène, la réputation à l’international.
A l’origine de cette situation déplorable, les rentiers et le phénomène de sous location. Capables de réunir les sommes requises pour remporter les appels d’offres exigeant des cautions importantes et de payer par anticipation toutes les taxes et redevances communales, les rentiers s’octroient plusieurs autorisations en même temps, et chargent les gardiens de les rentabiliser en sous-location. Ces derniers se voient obligés de payer une redevance, de 120 à 400 DH par jour, selon la période et l’emplacement. Evidemment, cela ne les excuse en rien, mais en conséquence, ils n’hésitent pas à imposer aux automobilistes des prix à la hausse, faisant d’eux des dommages collatéraux.
Il existe quelques communes qui tentent de réduire cette plaie. A Mohammedia par exemple, le conseil municipal diffuse à travers le web et les réseaux sociaux, des messages d’information pour éviter aux citoyens toute spoliation. En outre, un numéro vert a été créé et largement diffusé afin de dénoncer toute fraude commise par un gardien. Mais cette initiative est largement perfectible. Principalement, car le numéro de réception des plaintes est relatif à un compte de messagerie instantanée, ce qui rend aléatoire le temps de réaction des autorités. Et même si elle ne résout pas le problème dans le fond, elle a le mérite d’exister, contrairement à des villes comme Casablanca.
Ainsi, et en attendant que les autorités se penchent sérieusement sur ce fléau des temps modernes, gardiens et automobilistes continuent de défendre leurs intérêts, chacun de son côté, au risque qu’un jour, les accrochages verbaux ne se transforment en un drame largement évitable.