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L’austérité frappe de plein fouet la majorité des budgets ministériels

Les dépenses d‘investissement, parent pauvre du PLF

Vendredi 29 Novembre 2013

L’austérité frappe de plein fouet la majorité des budgets ministériels
Le budget 2014, en cours d’examen par la Chambre des conseillers après son adoption par la première Chambre, fait la part belle aux dépenses de fonctionnement. En revanche, les dépenses d’investissement seront cette année soumises à une cure d’austérité sévère. Et pourtant, le gouvernement ose parler d’un budget de relance.
Dans sa réponse aux groupes de la majorité et de l’opposition devant la commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants, dans le cadre de l’examen du PLF2014, le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaïd, avait souligné la détermination du gouvernement à concilier entre la relance économique et le rétablissement de l’équilibre budgétaire.  Il avait précisé que l’Exécutif tient fort à résoudre cette équation difficile. Une résolution qui passe par la réduction des dépenses, et vu l’impossibilité de réduire les dépenses de fonctionnement, ce sont celles d’investissement et d’équipement qui ont été ciblées.
Pour les ministères clés,  l’heure sera alors au pain sec et à l’eau, en particulier les ministères de l’Emploi, du Tourisme, de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie numérique, de l’Agriculture et de la pêche maritime, de la Communication, de la Culture et bien d’autres….  Pour tous ces ministères, le constat est le même :  une baisse du budget qui se traduit par une diminution des dépenses d’investissement.  S’agissant du tourisme, qui demeure un secteur sur lequel le Maroc capitalise pour la décennie en cours, le budget  du département de Lahcen Haddad qui s’élève à 678,66 millions de dirhams (MDH) contre environ 820,60 MDH en 2013, sera en recul de 17,30%. Selon le ministère de tutelle, ce budget est partagé entre les dépenses de fonctionnement, dont le montant global se chiffre à 239 MDH, et les dépenses d’investissement qui atteignent 439,66 MDH.
Alors que les dépenses de fonctionnement sont en hausse (les dépenses de «personnel» et celles allouées à la catégorie «matériel et dépenses diverses» sont en hausse respectivement de 7 et 3,9%), celles d’investissement, qui se chiffrent à 439,66 MDH contre 595,32 MDH un an auparavant, accusent une baisse de 26,14%. Des mesures qui ne passeront pas sans incidence sur la réalisation des objectifs escomptés, dans le cadre de la Vision 2020. S’agissant du ministère de l’Emploi et des Affaires sociales, le budget de ce dernier a subi la plus fort baisse, avec plus de 61, 47%. Son budget s’élève donc à 348,15 millions de dirhams (MDH) contre 903,47 MDH en 2013. Idem pour ce ministère, les dépenses  d’investissement qui s’élèvent à 85,60 MDH contre 424 MDH un an auparavant, accusent une baisse de 79,81%. Cette baisse atteint presque 100% (-99,67%) en ce qui concerne les dépenses des services de l’Etat gérés de manière autonome (SEGMA) sous la tutelle dudit ministère (200 mille dirhams contre 60,20 MDH).
Un autre ministère clé, dont la baisse du budget a été sévère est celui de l’Agriculture et de la Pêche maritime. Le budget de ce ministère qui s’élevait à 10,42 MMDH en 2013, a baissé de 8,63%, pour s’établir à 9,52 MMDH au titre du projet de loi de Finances 2014.
Cette baisse ne pouvant pas impacter les dépenses de fonctionnement, ventilées entre dépenses de «personnel», en hausse de 8% à 790,36MDH, et celles de «matériel» dont le volume est passé de 1,55 MMDH à 1.81MMDH, soit une hausse de 16,77%, s’est répercutée sur les dépenses d’investissement. Ces dernières se chiffrent à 6,91 MMDH contre 8,14 MMDH un an auparavant, accusant ainsi une baisse de 15,11%.
Un autre ministère aussi important, qui vient lui aussi de souffrir d’une diète, est celui de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique. Le budget de ce dernier sera en recul de  8,63% (1,4 MMDH contre 1,53 MMDH en 2013). Les dépenses d’investissement avec un montant global de 944,05 MDH seront en baisse de 20% par rapport à 2013, tandis que les dépenses de fonctionnement s’élèvent à 459,93 MDH en hausse de 29%.
Idem pour le budget du ministère de l’Economie et des Finances, qui malgré son augmentation de 2,35%, connaîtra une baisse des dépenses d’investissement de l’ordre de 12,96% (307,25 MDH contre 353 MDH un an auparavant).
A tous ces ministères s’ajoutent, entre autres, ceux la Communication (-16,63%),  la Culture (-5,19%), les Affaires générales (-42,34%), l’Intérieur (-4,5%), l’Enseignement supérieur (-7,64%), l’Artisanat (-2,41%), qui vont souffrir en 2014 de cette rigueur démesurée qui au lieu de porter  sur les dépenses insoutenables, celles de fonctionnement,  s’est focalisée sur les dépenses «productives», à savoir celles d’investissement.
Avec toutes ces cures d’austérité subies par les budgets d’investissement de la majorité des ministères et leurs impacts néfastes, on constate clairement que le gouvernement s’est focalisé sur la réduction du déficit à tout prix.
Un choix que le Maroc risque de payer cher sur le plan du développement économique puisqu’il ne manquera certainement pas de porter préjudice à la demande de consommation et d‘investissement qui constituent les deux composantes du moteur de croissance de l’économie nationale, à savoir la demande interne. Est-il besoin de souligner que la demande interne, appelée demande effective par les économistes, constitue le  principal moteur de croissance en se cachant derrière  70% de la croissance réalisée au Maroc au cours de la  dernière décennie.

Mohammed Taleb

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