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L’amélioration des conditions de travail du personnel

Depuis que le PJD a pris les rênes du pouvoir, c’est le statu quo et aucune embellie
ne se profile à l’horizon


Nezha Mounir
Jeudi 17 Janvier 2013

L’amélioration des conditions de travail du personnel
Après le choc, place aux explications. NN, la bonne qui s’est rendue célèbre après une tentative de suicide, parle de son calvaire. Sauvée miraculeusement, elle déclare sur  son lit d’hôpital qu’elle voulait  mettre fin à sa vie « de femme physiquement exploitée et psychiquement martyrisée». Des propos qu’elle a confiés à Omar Kindi, le président de l’Association Insaf de soutien aux mères célibataires et petites bonnes qui s’est rendu à son chevet. Son histoire est celle de bon nombre d’autres employées qui continuent à souffrir en silence. La seule différence, c’est que, elle,  a franchi le pas et a commis un acte désespéré.
On retrouve les mêmes clichés. Ceux d’une enfance gâchée, baignée dans la pauvreté et la précarité. A 14 ans elle a déjà commencé à travailler, comme l’a rapporté M. Kindi. Et depuis, elle a été ballottée d’une famille à l’autre. Nul besoin de préciser qu’elle ne voit pas la couleur de son maigre pécule perçu directement par son père. Pour couronner le tout, elle a été victime d’un viol à Marrakech en 2010 qui a marqué un tournant dramatique dans sa vie, comme l’a encore expliqué M. Kindi. Et de préciser que depuis ce viol, ses parents ont refusé de la recevoir dans leur domicile et ont préféré  la placer comme bonne, livrée au bon vouloir  de divers employeurs. Un quotidien que ne supportent pas apparemment les frêles épaules de N.N. C’est alors qu’elle s’est sentie acculée à mettre fin à ses jours en se tailladant les veines. Un cri au secours qui n’a pas été entendu. Face à l’indifférence et à l’exploitation dont elle souffre, elle a récidivé. «Une dramatique affaire qui nous ramène à la réalité de la problématique des petites bonnes et ses conséquences inhumaines» a encore commenté le président de l’Association Insaf.
Une triste réalité qui n’a pas cessé d’interpeller les associations aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. L’Association Insaf en a fait son cheval de bataille et combat ce phénomène avec force  et détermination avec les moyens dont elle dispose. A Chichaoua, elle a réussi à sauver près de 200 filles et 50 autres à Kelaâ Sraghna. Elles ont été retirées du travail domestique et scolarisées. Les responsables de l’association assurent avec fierté que dans les zones de leur intervention, plus personne ne fait commerce de ses enfants.
Des initiatives fort louables mais qui demeurent insuffisantes vu l’ampleur du phénomène. Ce sont les responsables publics qui sont encore une fois vivement interpellés. Un projet de loi visant l’interdiction de l’emploi des mineures existe bel et bien mais peine à quitter les tiroirs du Secrétariat général du gouvernement. Il y est en stand-by depuis plus de deux ans et attend d’être présenté au Parlement. Pourtant, Abdelilah  Benkirane avait  bien promis de veiller à accorder à cette problématique tout l’intérêt qu’elle mérite. 
Depuis que le PJD a pris les rênes du pouvoir, c’est le statu quo. Aucune embellie ne semble se profiler à l’horizon. En attendant, les rapports des associations avancent des chiffres assez alarmants qui donnent à réfléchir. Elles parlent de près  de 80.000 mineures qui sont employées en tant que domestiques. Selon le  Haut commissariat au plan (HCP), près de 123.000 enfants de moins de 15 ans, toutes catégories de travail confondues, sont employés au Maroc.
Certes un drame a été évité de justesse, mais n’oublions pas de rendre hommage à la personne qui a payé de sa vie en essayant de sauver celle de N.


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