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L’Ukraine accuse les Russes de “ massacre délibéré” à Boutcha


Libé
Dimanche 3 Avril 2022

L’Ukraine accuse les Russes de “ massacre délibéré” à Boutcha
L'Ukraine a accusé dimanche l'armée russe d'avoir commis un "massacre délibéré" à Boutcha, après la découverte de nombreux cadavres dans cette ville au Nord-Ouest de Kiev qui a suscité l'indignation de responsables européen et britannique, le jour même où l'ONU tente une mission à Moscou.

Alors qu'émergeaient des indices d'exactions dans des régions d'où les Russes se sont retirés, plusieurs frappes ont atteint dimanche la ville stratégique d'Odessa, le principal port d'Ukraine, situé au bord de la mer Noire.

Selon l'Ukraine, les localités d'Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev "ont été libérées de l'envahisseur" qui abandonne des villes-clés près de la capitale ainsi que de Tcherniguiv, dans le Nord du pays, pour se redéployer vers l'Est et le Sud et "garder le contrôle" des territoires qu'elles y occupent.

Mais les Russes laissent derrière eux "un désastre total et de nombreux dangers", a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Facebook, en les accusant de "miner les territoires qu'ils quittent, des maisons, des munitions et même des cadavres".

Dans un communiqué dimanche, l'organisation de défense des droits humains, Human Rights Watch a elle dénoncé des exactions contre des civils assimilables à des "crimes de guerre" de la part de soldats russes dans les régions de Tchernihiv, Kharkiv et Kiev.

HRW dit avoir documenté plusieurs cas de "violations des lois de la guerre", citant celui d'une femme violée à plusieurs reprises et battue par un soldat russe, les exécutions sommaires de sept hommes, "d'autres cas de violence" et "menaces à l'encontre de civils", ainsi que des pillages.

À Boutcha, un journaliste de l'AFP a vu samedi les corps d'une vingtaine d'hommes, gisant dans une rue. Ces personnes ont été "toutes tuées d'une balle à l'arrière de la tête", selon Anatoly Fedorouk, le maire de cette ville reprise aux Russes, où près de 300 cadavres ont été enterrés dans des fosses communes.

"Nous avons trouvé des fosses communes. Nous avons trouvé des gens avec les mains et les jambes ligotées (...) et avec des coups de feu, des impacts de balles, à l'arrière de la tête", a déclaré à la BBC le porte-parole du président ukrainien, Serguiï Nikiforovil. "C'étaient clairement des civils et ils ont été exécutés". "Cela ressemble exactement à des crimes de guerre", a-t-il estimé.

"Le massacre de Boutcha était délibéré. Les Russes veulent éliminer autant d'Ukrainiens qu'ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les mettre dehors. J'exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 MAINTENANT", a écrit sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.

Son homologue britannique Liz Truss s'est dite "horrifiée par les atrocités à Boutcha et d'autres villes" et a réclamé une "enquête pour crimes de guerre".

Le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est également dit "choqué par les images obsédantes des atrocités commises par l'armée russe dans la région libérée de Kiev", sur Twitter.

"L'UE aide l'Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales", a-t-il dit, en ajoutant : "plus de sanctions et d'aide de l'UE sont en chemin".

Boutcha et la ville voisine d'Irpin, rendues méconnaissables par les bombardements, ont été le théâtre de certains des combats les plus féroces depuis que la Russie a attaqué l'Ukraine le 24 février, quand les soldats russes tentaient alors d'encercler Kiev.

Dimanche matin, c'est la ville historique d'Odessa qui a vécu une série de frappes aériennes.
Vers 06H00 (03H00 GMT), une demi-douzaine d'explosions ont secoué les murs de la cité portuaire jusqu'à présent épargnée par les combats, selon des journalistes de l'AFP et des habitants. Puis un nuage de fumée noire a bouché une partie de l'horizon.

Ces frappes n'ont pas fait de victimes selon le commandement régional de l'armée ukrainienne. Mais le ministère russe de la Défense a affirmé que des tirs de "missiles de haute précision à partir de la mer et de la terre" avaient détruit "une raffinerie et trois dépôts de carburant et de lubrifiants" près de cette ville.

Alors que la guerre a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l'exil près de 4,2 millions d'Ukrainiens, à 90% des femmes et des enfants, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, devait arriver à Moscou dimanche, avant de se rendre à Kiev, mandaté pour rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine.

Jusqu'à présent, la Russie refusait toute visite d'un haut responsable de l'ONU ayant l'Ukraine pour sujet principal.

Son négociateur en chef dans les pourparlers de paix avec l'Ukraine, Vladimir Medinski, a fait l'éloge dimanche d'une position "plus réaliste" de Kiev prêt, sous conditions, à accepter un statut neutre et dénucléarisé du pays, réclamé par Moscou.

Mais il a dit ne pas "partager l'optimisme" du négociateur ukrainien David Arakhamia, qui a laissé entendre samedi que les discussions visant à mettre fin aux hostilités avaient considérablement avancé. "Les +experts+ diplomatiques et militaires ukrainiens tardent à confirmer même les accords déjà obtenus au niveau politique" a affirmé M. Medinski.

Les efforts des troupes russes pour consolider leurs positions dans le Sud et l'Est de l'Ukraine se sont heurtés jusqu'ici à la résistance des Ukrainiens à Marioupol, où quelque 160.000 personnes seraient toujours bloquées et dont au moins 5.000 habitants ont été tués, selon les autorités locales.

Pour Moscou, contrôler Marioupol permettrait d'assurer une continuité territoriale de la Crimée jusqu'aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass, Donetsk et Lougansk.
Impossibles pendant des semaines, des évacuations ont commencé à petite échelle. Samedi, quelque "1.263 personnes" ont voyagé de Marioupol et Berdiansk à Zaporojie par leurs propres moyens, et une dizaine de bus en convoi sont partis de Berdiansk, avec à leur bord 300 habitants de Marioupol, a annoncé en soirée la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk sur Telegram. D'autres évacuations ont eu lieu dans l'est du pays.
Les forces russes continuent par ailleurs "de bloquer partiellement la ville de Kharkiv", la deuxième ville d'Ukraine, située dans l'est.

La Russie prévoit également "de créer des bataillons formés de résidents +volontaires+ des territoires temporairement occupés de l'Ukraine et de mercenaires", relève la même source.
Pression supplémentaire sur Moscou, les Etats baltes ont cessé d'importer du gaz naturel russe qui "n'est plus acheminé vers la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie depuis le 1er avril", a indiqué samedi le dirigeant de l'entreprise de stockage lettone Conexus Baltic Grid. Les pays baltes sont désormais desservis par des réserves de gaz stockées sous terre en Lettonie.
 "A partir de ce mois-ci, plus de gaz russe en Lituanie", a tweeté le président lituanien Gitanas Nauseda, en appelant le reste de l'Union européenne à suivre l'exemple balte.

Selon Eurostat, en 2020, la Russie comptait pour 93% des importations estoniennes de gaz naturel, 100% des importations lettones et 41,8% des importations lituaniennes.
Les Etats-Unis ont interdit l'importation de pétrole et de gaz russes après l'invasion de l'Ukraine, mais pas l'UE qui s'approvisionnait en Russie à hauteur de 40% environ en 2021.


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