L’OMP organise un atelier sur les enjeux actuels et futurs de la réforme carcérale marocaine


H.T
Mercredi 25 Juin 2025

Le Maroc est aujourd’hui à un tournant décisif quant à sa politique pénitentiaire. Dans un contexte de réformes législatives majeures, un dialogue actif s’installe entre institutions publiques et société civile pour repenser en profondeur le fonctionnement des établissements pénitentiaires et le traitement réservé aux personnes détenues. C’est dans cette dynamique que s’inscrit la récente rencontre organisée par l’Observatoire marocain des prisons (OMP), en partenariat avec Avocats Sans Frontières, autour de la loi n° 10.23 relative à l’organisation et au fonctionnement des établissements pénitentiaires.

Cet atelier de concertation a réuni un parterre d’acteurs institutionnels et civils : la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), des ONG, des avocats, des universitaires, des experts législatifs, ainsi que des représentants des médias. L’objectif étant de croiser les perspectives sur les enjeux actuels et futurs de la réforme carcérale marocaine.

Parmi les principales questions posées figure la conformité de la loi 10.23 aux normes pénitentiaires internationales. L’atelier a interrogé la capacité du texte à garantir une gestion plus humaine des lieux de détention, à assurer la dignité des détenus et à instaurer un équilibre entre la mission sécuritaire et les droits fondamentaux. Les discussions ont aussi porté sur l’interaction entre cette nouvelle loi et la loi 43.22 relative aux peines alternatives, ouvrant ainsi la voie à une justice plus réparatrice, moins punitive, et davantage tournée vers la réinsertion sociale.

Selon le nouveau président de l’OMP Abderrahmane Allali, la DGAPR est appelée à jouer un rôle central dans la mise en œuvre de ces réformes, notamment à travers le développement des peines alternatives (travaux d’intérêt général, contrôle judiciaire, etc.). Ces mécanismes, encore embryonnaires, représentent une avancée notable pour désengorger les prisons et humaniser la sanction pénale.

La réforme engage également une implication active de la société civile, non seulement comme force de proposition, mais aussi comme acteur de suivi et d’accompagnement. Plusieurs participants ont insisté sur la nécessité de clarifier le rôle des ONG dans la mise en œuvre de la nouvelle législation, notamment via la formation, le plaidoyer, la veille juridique et le soutien psychologique ou éducatif des détenus.

 Pour sa part, le bâtonnier Abderrahim El Jamai a mis l’accent sur un autre point crucial concernant la formation du personnel pénitentiaire. Pour lui, l’atelier a souligné l’importance de renforcer les compétences des agents, confrontés à des situations humaines complexes. Ces professionnels doivent bénéficier d’un encadrement continu, à la hauteur des exigences modernes de la gestion carcérale.

Il a également mis en lumière la nécessité de concilier le respect des droits humains des détenus avec les impératifs sécuritaires, insistant sur une approche équilibrée qui ne sacrifie ni l’ordre public ni la dignité humaine. La question du contrôle judiciaire, administratif et institutionnel de l’exécution des peines a été longuement débattue, tant elle est essentielle pour garantir la transparence et la redevabilité des institutions pénitentiaires.

A travers cet atelier, les participants ont souligné les opportunités offertes par la loi 10.23 pour moderniser la politique pénale marocaine, en répondant aux défis actuels:
surpopulation carcérale, réinsertion sociale, respect des engagements internationaux du Maroc. Mais ils ont aussi rappelé que le chemin reste long, et que la réforme devra s’appuyer sur un engagement constant des pouvoirs publics, un dialogue structuré avec la société civile et une volonté politique affirmée.

Il est désormais clair que l’avenir des prisons marocaines ne peut se construire sans une vision globale, fondée sur la dignité humaine, la justice équitable et l’efficacité sociale. La réforme est lancée, mais elle devra s’accompagner d’un suivi rigoureux et d’une mobilisation de toutes les parties prenantes pour devenir une réalité durable.

H.T


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