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A cette occasion, le président français Emmanuel Macron a déclaré, en ouvrant les travaux de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, dominés cette année par la guerre à Gaza :
« La France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine… pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien» .
Et d’ajouter : «Il est temps d’arrêter la guerre et les bombardements à Gaza, les massacres et l’exode des populations… Il est temps pour la paix, car nous sommes sur le point de devenir incapables de la réaliser».
Le même jour, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Monaco et Andorre ont pris la même décision en reconnaissant officiellement l’Etat de Palestine. Israël et son allié américain ont vivement dénoncé cette vague de reconnaissances, précédée dimanche dernier par des démarches similaires de la part du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et du Portugal.
L’initiative lancée conjointement par la France et l’Arabie saoudite sur l’avenir de la solution à deux Etats est le fruit de plusieurs mois d’efforts diplomatiques pour rallier le plus grand nombre possible de pays et dessiner une feuille de route pour la paix. Elle a permis l’adoption, à une écrasante majorité à l’Assemblée générale de l’ONU, d’un texte favorable à la création d’un Etat palestinien, mais excluant le Hamas de son gouvernement – condition à laquelle tiennent les capitales occidentales. Une condition avant tout de principe, dans la mesure où le Hamas, depuis les accords d’Oslo, s’est toujours opposé à la solution à deux Etats et a tenté de la faire échouer par des attentats à l’époque.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a prononcé son discours en visioconférence, les autorités américaines lui ayant refusé un visa d’entrée. Il a, à son tour, affirmé que le Hamas n’aurait aucun rôle à jouer dans le futur gouvernement palestinien.
Aujourd’hui, plus de 150 pays sur les 193 membres de l’ONU reconnaissent l’Etat de Palestine. Mais celui-ci conserve pour l’instant son statut d’« observateur », en raison du véto américain.
Certains estiment que cette reconnaissance restera symbolique et qu’elle ne résoudra pas les problèmes des Palestiniens, victimes de massacres à Gaza et de politiques d’expulsion et de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem. Cependant, cette vague de reconnaissances, notamment de pays occidentaux influents comme la France et le Royaume-Uni, pourrait ouvrir la voie à des sanctions, à davantage de pression et même à un isolement d’Israël. Ce qui contribuerait à freiner les souffrances du peuple palestinien et à l’aider à recouvrer ses droits, tout en mettant les Etats-Unis dans l’embarras, eux qui continuent de soutenir la politique d’extermination menée par le gouvernement israélien d’extrême droite.
Le débat que connaît la France illustre bien cette évolution des positions : la majorité de la gauche et du centre soutient la décision du président français, tandis que l’extrême droite et une partie des conservateurs appuient la politique de Benyamin Netanyahou et sa guerre d’anéantissement.
Après cet effort diplomatique et historique pour la reconnaissance des droits palestiniens, vient désormais le temps de changer concrètement la réalité sur le terrain, d’arrêter la guerre et la colonisation. L’initiative américaine à New York, avec l’appui de certains pays arabes et musulmans directement concernés, peut représenter une lueur d’espoir pour mettre un terme à cette tragédie. D’autant qu’Israël, en attaquant cinq pays de la région dont le Qatar, a mis ses alliés de Washington – en particulier ceux qui ont signé les accords d’Abraham – dans une position délicate, tant sur le plan officiel que populaire. Ce débordement israélien, rendu possible par le soutien inconditionnel de l’administration américaine, pourrait pousser ces alliés régionaux à rechercher de nouvelles alliances.
Paris – Youssef Lahlali