Hamza Filali: Il y a différence entre humoriste et bouffon

Mardi 28 Janvier 2014

Hamza Filali: Il y a différence  entre humoriste et bouffon
Ce jeune Casablancais, 
titulaire d’un Master 
communication marketing, 
a d’abord travaillé comme 
steward, avant de devenir humoriste à plein temps. 
Son premier spectacle «Hadi Hyati» a remporté un beau succès à Casablanca. Il compte se produire à Tanger dans moins d’un mois. 
 
Libé : Vous avez d’abord été steward avant de devenir humoriste. Un drôle de parcours ?
 
Hamza Filali: Après avoir décroché mon bac, j’ai suivi une formation de trois ans, dans le domaine de la communication et du marketing. Mais j’ai dû changer de cap par la suite, en devenant steward aux Emirats arabes unis. Profitant de mon séjour dans ce pays, j’ai préparé un master, toujours dans le domaine de la communication et du marketing.  Mais c’était beaucoup plus pour faire plaisir à mes parents, qui tenaient absolument à ce que je décroche ce diplôme. Quant à moi, je n’avais qu’un seul rêve en tête : devenir humoriste, malgré tous les écueils. Car pour nous autres Marocains, le métier d’humoriste n’en est pas vraiment un. On a bien le droit de faire rire les gens, à condition de le faire à ses moments perdus. Cela dit, il faut bien avouer que même un artiste totalement rompu à ce genre d’activité, doit avoir un bagage culturel solide. Autrement,  la  créativité lui fera défaut. Et il trouvera bien du mal à communiquer avec les autres.  Car il y a bien une différence entre un humoriste et un bouffon.
 
C’est le Web qui vous a  fait connaître, à travers votre mini-série «Hadi Hyati» . 
 
Cela est tout à fait vrai. Notre génération a pleinement profité de cette technologie extraordinaire. Vous savez, notre pays foisonne de jeunes talents. Mais sans la précieuse aide d’Internet,  ils auraient beaucoup de mal à se faire remarquer. Il est vrai que la télé a aussi un rôle à jouer dans ce domaine. Par exemple, dans l’émission «Jari ya jari», je fais toujours de mon mieux pour aider les humoristes en herbe. Mais actuellement, il suffit que tu  filmes une vidéo avec ton Iphone, et  de la publier ensuite sur le web, pour te faire connaître auprès d’un large public. A condition que cette vidéo ait une certaine valeur artistique, bien entendu.   
Internet a donc joué un rôle prépondérant dans ma carrière. Mais celui de la télévision est tout aussi important, puisqu’elle permet à un jeune artiste comme moi de retrouver régulièrement les téléspectateurs. 
 
Votre one man show s’intitule «Hadi Hyati» (C’est ma vie). Est-ce donc un spectacle d’inspiration autobiographique? 
 
Oui, je parle un peu de ma vie. Et à travers cela, j’évoque un peu celle de tous les Marocains. Je ne cible pas une certaine catégorie de spectateurs. Je parle de tout et de tous. Les gens se sont retrouvés dans ce spectacle, parce que je leur parle de leur vie quotidienne, de choses qui leur tiennent à cœur. Et il y a même certains qui sont venus me voir, juste après mon premier spectacle, pour me dire qu’ils ont été vraiment touchés, par cette manière d’aborder leurs soucis et leurs préoccupations de tous les jours. 
 
Votre premier spectacle porte le même nom que votre première mini-série. Est-ce par manque d’inspiration ? 
 
En fait, j’ai gardé la même appellation « Hadi Hyati » parce que, pour moi, ça a toujours été un porte-bonheur. Et puis, c’est bien de ma vie qu’il est question dans ce spectacle. Je pratique, il est vrai, une sorte d’autodérision. C’était assez risqué, bien entendu, de choisir pareil titre, mais grâce à Dieu, la première de mon spectacle s’est déroulée à guichets fermés. 
 
Vous avez préparé votre spectacle avec Abdelhadi Lamhar, qui est le coauteur de «L’couple».
 
Vous savez, j’ai rencontré Abdelali Lamhar bien avant l’époque de la fameuse série « L’couple ». Je lui ai dit que j’avais une folle envie de monter un spectacle. Peu de temps après, nous nous sommes attelés  à l’écriture de nos textes.  Il m’a d’abord demandé de relater certains événements importants de ma vie. Ensuite, il a pris cette matière première et il l’a façonnée  à sa manière. En y apportant sa touche humoristique. Avec un talent inégalable. Mais il ne s’est pas contenté de cela, bien entendu. Il a aussi assuré la mise en scène, tout en s’occupant de moult détails.
 
L’écriture des textes a dû demander un sacré effort. 
 
L’écriture, comme chacun le sait, est le pilier de tout spectacle humoristique. C’est loin d’être une tâche aisée, pour quelqu’un qui appréhende constamment la réaction du public. Mais d’une manière générale, tout ce qui est fait avec les tripes finit par remporter le succès escompté.
 
Quel est l’humoriste marocain qui vous a le plus marqué ? 
 
J’ai surtout été influencé par Hassan El Fad. Un humoriste inimitable, doublé d’un intellectuel averti. Pour ce bourreau de travail, le rire n’a rien d’arbitraire. Mais Hassan El Fad a été aussi pour moi un père spirituel. Il m’a beaucoup aidé. Il a toujours cru en mon talent, et n’a jamais cessé de me le dire. Et c’est ce qui m’a donné confiance.  Actuellement, on pense même à monter ensemble un spectacle, dans un proche avenir. Probablement au Festival Marrakech du rire.   
 
Envisagez-vous une tournée à l’étranger dans un proche avenir?
 
Après le Maroc, on prévoit une grande tournée en Europe. On se produira notamment en France, en Belgique et aux Pays-Bas.  Nous irons ainsi à la rencontre des ressortissants marocains qui sont avides de ce genre de spectacles, montés par leurs compatriotes. Citons, à titre d’exemple, l’humoriste marocain Ecko, qui vient de présenter son spectacle, à Londres, à guichets fermés.   
 
Et le grand écran, ça ne vous tente pas? 
 
Je ne suis certainement pas de ceux qui brûlent les étapes. Je préfère prendre mon temps. Il m’a fallu deux ans de travail acharné, rien que pour la mise en œuvre de mon actuel spectacle. Alors laissons du temps au temps, comme on dit.  

Propos recueillis par Mehdi Ouassat

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1.Posté par Soufiane le 28/01/2014 22:49 (depuis mobile)
L''humoriste oublie toujour de parler de son expérience à royale air Maroc et fière toujours de l''expérience flight émirats

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