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Si sa pensée intrigue davantage les intellectuels et les chercheurs de par le monde entier, c’est parce qu’elle manifeste une vision globale jouxtant Ontologie, Epistémologie et Morale. En effet, ontologiquement Sartre fonde sa pensée sur le passage obligé de l’Etre, pour être effectivement, de la région de l’en-soi à celle de pour-soi. Si l’en-soi décrit l’état d’inertie de l’être, le pour-soi, lui, structure son devenir et sa concrétisation comme trace possible dans l’épreuve de l’existence. Epistémologiquement, la question se pose au niveau de la possibilité d’une Connaissance qui puisse opérer une labilité entre l’être comme Sujet libre et le monde extérieur comme entité heuristique. C’est dans cette optique qu’intervient la question de l’altérité comme théorie et comme pratique relative à la pensée sartrienne ce qui fait que toute connaissance est connaissance de quelque chose, c’est dire que le rapport à l’extériorité (l’altérité) est un rapport qui doit concevoir et percevoir l’Autre (le monde et ses choses) dans la logique de la phénoménologie : entrer en contact avec les choses du monde afin de les conscientiser pour les connaître et les comprendre. La théorie littéraire sartrienne, dans ce sens, se base essentiellement sur la versatilité du sens du texte et de sa connaissance.
Quant à la question de la morale, Sartre a promis, à la fin de son monument philosophique « L’être et le néant », de lui consacrer tout un ouvrage, chose qu’il n’a pas faite bien entendu et la question a, depuis lors, demeuré suspendue, d’où l’inachèvement comme technique non seulement scripturale chez Sartre, mais surtout comme structure existentielle. Toutefois, la lecture attentive de l’héritage philosophique sartrien permettra au lecteur de saisir que la morale selon Sartre est plutôt subjective ; elle est le produit de la liberté et de la responsabilité inconditionnelles du Sujet en tant que pour-soi et non pas en tant que pour-autrui, contrairement aux philosophies kantienne et cartésienne, à titre d’exemple, qui conditionnent la morale dans sa relation immédiate avec la société. Dans cette perspective la morale dans l’acception sartrienne demeure impossible. Ceci étant, la pensée de Sartre est certainement inaccessible, spartiate ; ses fondements philosophiques et théoriques justifient cet à priori. Il a donc opté pour la littérature en vue de concrétiser ses idées en partant de la réalité de l’être dans sa relation avec le monde.
Dans ses pièces de théâtre, comme dans ses nouvelles et ses romans, Sartre traite de la condition humaine dans un contexte bien précis : peu importe la manière de laquelle l’être est venu au monde, ce qui importe c’est qu’il soit responsable de ses actes et de sa destinée. Intentionnalité, engagement, liberté, mise en situation et bien d’autres notions de base, sont autant de références à décrypter dans l’œuvre littéraire à Thèse de Sartre. Problématiques, ses personnages se noient dans un monde sans père ni repères. Ils ne s’y autorisent que d’eux-mêmes, de leurs seuls actes et de leurs seules capacités de transcender leurs épreuves existentielles. Humanisme, l’existentialisme est avant tout une aventure d’être…