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Exploitées et maltraitées, elles contribuent pourtant au bien-être du citoyen lambda


Mohamed Jaouad Kanabi
Mercredi 18 Avril 2018

Exploitées et maltraitées, elles contribuent pourtant au bien-être du citoyen lambda
Cela diminue certes, c’est notoire, mais l’esclavage des enfants demeure toujours bel et bien présent. Et à l’occasion de la Journée internationale contre l’esclavage des enfants instaurée depuis 1995 tous les 16 avril que Dieu fait, force est de constater que dans le monde, un enfant sur dix est toujours contraint de travailler pour ne pas dire plus, et ce afin de subvenir à ses besoins ou à ceux de sa famille. En 2016, un rapport conjoint de l’Organisation mondiale du travail ( OIT), de l’Organisation internationale des migrations (OIM) et du groupe de défense des droits de l’Homme Walk Free Foundation (WFF) rapportait que leur nombre se chiffrait à quelque 152 millions de jeunes de moins de 18 ans. Parmi eux, ils étaient quelque 4,3 millions d’enfants à être en état d’esclavage. Mais l’esclavage moderne ne se limite pas au travail. Il faut y ajouter l’exploitation sexuelle, les mariages forcés. Le rapport en comptabilisait au total 5,7 millions en 2016.
Qu’en est-il au Maroc ?  Ce phénomène, bien qu’en nette diminution après que quelques textes de loi furent promulgués, demeure bien préoccupant au regard des statistiques du Haut-commissariat au plan (HCP). En effet, il y a de cela un quinquennat, ils étaient environ 92.000 enfants âgés de 7 à moins de 15 ans qui travaillaient encore au Maroc. Combinés, travail d’enfants et mariage de mineures, et autres violences et exploitation sexuelle, ils constituent une violation des droits de l’enfant et surtout font tâche. L’impact de ces pratiques peu scrupuleuses porte atteinte à l’image de notre pays car elles n’obéissent à aucune valeur morale, en plus de légitimer leur abolition à l’échelle mondiale et que juste quelques pays peu regardants tels l’Inde, le Pakistan, le Nigeria, la Chine… tolèrent toujours en avançant des faits de malheur extrême (guerre, crise, famine, misère, etc.).
Le plus choquant en ce qui concerne cet état de fait dans le Royaume, ce sont ces jeunes filles ou même garçons communément appelés ‘’petites bonnes’’ et dont jusqu’à 80.000 gamines ou gamins souffriraient d’une exploitation voire d’une maltraitance au niveau domestique. Malgré un cadre juridique ‘’lu, vu et approuvé’’ il y a bientôt neuf mois, et qui régit bien plus les travaux de la femme de ménage entre 16 et 18 ans, par ailleurs peu herculéens et du reste, incontrôlables, que leur statut, il demeure un hic pour les moins de 16 ans. C’est qu’il n’y a aucune loi censée les protéger.
Les exemples de maltraitance de ce pan de l’enfance marocaine sont malheureusement fréquents et l’on peut oser sans frémir, une forme d’esclavage. Si pour des cas illustres au regard de la notoriété du maître, les faits avérés de barbarie envers la gamine sous dépendance absolue furent médiatisés, nombre de cas similaires passent malheureusement inaperçus parce que volontairement passés sous silence.
Et quand on sait l’environnement et les conditions de travail et de vie dans lesquels elle est soumise, on se dit qu’il est désormais temps d’éradiquer le travail ‘’des petites bonnes’’. En effet, ces dernières dont la quasi majorité d’entre elles est sans couverture sociale, pour exercer leur calvaire quotidien, sont debout depuis l’aube jusque très tard dans la nuit avec en prime bien des abus, violence voire agressions sexuelles que souvent rapportent des ONG marocaines en charge de ces dossiers, font pour ainsi dire bon ménage.
In fine, il compte plus que jamais pour nous de lutter contre cette forme d’exploitation ignoble dont sont victimes certains de nos enfants qui, chiffrés par le HCP en 2016, étaient estimés à 193.000 qui, âgés de 7 à 17 ans, exerçaient un travail dangereux, 42.000 filles faisaient partie de cette catégorie de population marginalisée par la force des choses. Plus particulièrement par des déperditions  scolaires en milieu rural, la pauvreté et l'ignorance des parents et du fait d’une culture à des égards peu évidents qui permet de considérer la fille comme inférieure au garçon. Elle est donc toute désignée pour être, au meilleur des cas, mariée toute mineure soit-elle ou au moins pire, aller faire la domestique chez le citoyen lambda dans un foyer en ville dont elle ne connaîtra même pas l’adresse.
Chacun de nos enfants comme sous d’autres cieux a le droit d’apprendre, de jouer, grandir dans un environnement protecteur, loin de la violence, de l’exploitation et des abus. L’UNICEF agit pour bannir ces graves violations des droits de l’enfant, nous n’avons qu’à nous y référer.


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