
Le réalisateur congolais Dieudo Hamadi, désigné membre du jury de l'édition 2025 du Festival de Cannes, voit en ce choix la reconnaissance d'un parcours consacré à raconter les "traumatismes" de la République démocratique du Congo, pays marqué par trente ans de conflits.
A 41 ans, ce natif de Kisangani (nord-est) ne s'attendait "pas du tout" à faire un jour partie du prestigieux sérail, lui qui, à l'origine, ne rêvait pas de cinéma.
Dans cet immense pays d'Afrique centrale qui compte plus de cent millions d'habitants, l'industrie cinématographique reste encore confidentielle, faute de financements adéquats.
Jusqu'à l'indépendance du pays en 1960, les colons belges interdisaient aux Congolais de regarder des films produits à l'étranger, par crainte d'encourager des comportements subversifs.
Après l'indépendance, les conflits politiques et militaires ont largement empêché l'essor d'un cinéma national.
"Dans ma ville, à Kisangani, on n'a pas grandi avec l'idée de devenir cinéaste. Ce n'est pas un rêve, dans notre culture", estime le réalisateur.
Par une nuit pluvieuse, Dieudo Hamadi a récemment finalisé le tournage d'une série, entamé six mois plus tôt pour la chaîne française Canal+, intitulée "Milimo" (Esprit, en lingala), sous un grand hangar à l'Institut français de Kinshasa.
Vêtu d'un T-shirt rouge et d'un pantalon kaki, téléphone en main, Dieudo Hamadi coordonnait une vingtaine de techniciens et acteurs, plaçait et replaçait les figurants pour la prise suivante, malgré l'heure tardive.
Portée par une équipe artistique et technique "100% congolaise", la production est "à 99% financée par l'étranger", reconnaît-il.
Aucune information ne peut être diffusée sur le contenu de l'oeuvre, mais cette production d'envergure comparée aux standards kinois signale le chemin parcouru par le cinéaste qui avait commencé par étudier la médecine après le bac "pour faire plaisir à (son) père", comme il le rappelle d'un air amusé.
C'est finalement son père qui lui permettra de découvrir sa vocation pour le 7ème art en lui offrant un ordinateur, sur lequel le jeune Dieudo Hamadi s'essaye au montage de vidéos.
Avec cet outil, "j'ai pris goût à raconter des histoires avec des images", et surtout, à "raconter mon environnement, mon quotidien", se souvient-il.
C'est donc vers le documentaire que se tourne Dieudo Hamadi, qui compte désormais quinze ans de carrière et cinq longs-métrages à son actif.
Dès ses premières réalisations, le cinéaste s'attelle à mettre en lumière certaines des facettes les plus sombres de la RDC, pays parmi les plus pauvres au monde malgré d'immenses richesses naturelles.
Pasteur au service des politiciens les plus offrants en période d'élection dans "Atalaku" (2013), lycéens exclus des examens pour n'avoir pas soudoyé leurs professeurs dans le film "Examen d'état" (2014), policière chargée de la lutte contre les violences sexuelles faites aux mineurs dans "Maman Colonelle" (2017)... Les héros des films de Dieudo Hamadi se trouvent aux prises avec une société fortement inégalitaire, marquée par la corruption et l'impunité.
La consécration vient en 2020 avec le film "En route pour le milliard" retenu à la sélection officielle au Festival de Cannes cette année-là.
Un documentaire avec, en toile de fond, un épisode emblématique de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), quand les armées rwandaise et ougandaise s'étaient affrontées à Kisangani, ville ravagée par les combats qui durèrent du 5 juin au 10 juin 2000.
Dans ce long-métrage, Dieudo Hamadi filme le voyage d'une association de victimes, qui embarquent à bord d'un bateau sur le fleuve Congo depuis Kisangani jusqu'à la capitale Kinshasa, située à près de 2.000 km, pour exiger réparation des préjudices subis.
"Pour les gens de ma génération, ça a été un traumatisme qui n'est pas totalement passé jusqu'à présent. Devenu cinéaste, j'avais envie de raconter ces traumatismes-là", explique-t-il.
Mais en raison de la pandémie de Covid-19, Dieudo n'avait pas pu se rendre à Cannes en 2020 pour y recevoir sa distinction.
Désigné parmi les neuf membres du jury de la 78è édition du Festival de Cannes, le réalisateur congolais estime qu'il s'agit là d'"un bon retour des choses", et de la "reconnaissance d'un parcours".
A 41 ans, ce natif de Kisangani (nord-est) ne s'attendait "pas du tout" à faire un jour partie du prestigieux sérail, lui qui, à l'origine, ne rêvait pas de cinéma.
Dans ma ville, à Kisangani, on n'a pas grandi avec l'idée de devenir cinéaste. Ce n'est pas un rêve, dans notre culture, estime le réalisateur"Les films on sait que ça existe mais devenir professionnel des films c'est une idée qu'on n'a pas reçue", raconte-t-il à une équipe de l'AFP à Kinshasa, capitale de la RDC.
Dans cet immense pays d'Afrique centrale qui compte plus de cent millions d'habitants, l'industrie cinématographique reste encore confidentielle, faute de financements adéquats.
Jusqu'à l'indépendance du pays en 1960, les colons belges interdisaient aux Congolais de regarder des films produits à l'étranger, par crainte d'encourager des comportements subversifs.
Après l'indépendance, les conflits politiques et militaires ont largement empêché l'essor d'un cinéma national.
"Dans ma ville, à Kisangani, on n'a pas grandi avec l'idée de devenir cinéaste. Ce n'est pas un rêve, dans notre culture", estime le réalisateur.
Par une nuit pluvieuse, Dieudo Hamadi a récemment finalisé le tournage d'une série, entamé six mois plus tôt pour la chaîne française Canal+, intitulée "Milimo" (Esprit, en lingala), sous un grand hangar à l'Institut français de Kinshasa.
Vêtu d'un T-shirt rouge et d'un pantalon kaki, téléphone en main, Dieudo Hamadi coordonnait une vingtaine de techniciens et acteurs, plaçait et replaçait les figurants pour la prise suivante, malgré l'heure tardive.
Portée par une équipe artistique et technique "100% congolaise", la production est "à 99% financée par l'étranger", reconnaît-il.
Aucune information ne peut être diffusée sur le contenu de l'oeuvre, mais cette production d'envergure comparée aux standards kinois signale le chemin parcouru par le cinéaste qui avait commencé par étudier la médecine après le bac "pour faire plaisir à (son) père", comme il le rappelle d'un air amusé.
C'est finalement son père qui lui permettra de découvrir sa vocation pour le 7ème art en lui offrant un ordinateur, sur lequel le jeune Dieudo Hamadi s'essaye au montage de vidéos.
Avec cet outil, "j'ai pris goût à raconter des histoires avec des images", et surtout, à "raconter mon environnement, mon quotidien", se souvient-il.
C'est donc vers le documentaire que se tourne Dieudo Hamadi, qui compte désormais quinze ans de carrière et cinq longs-métrages à son actif.
Dès ses premières réalisations, le cinéaste s'attelle à mettre en lumière certaines des facettes les plus sombres de la RDC, pays parmi les plus pauvres au monde malgré d'immenses richesses naturelles.
Pasteur au service des politiciens les plus offrants en période d'élection dans "Atalaku" (2013), lycéens exclus des examens pour n'avoir pas soudoyé leurs professeurs dans le film "Examen d'état" (2014), policière chargée de la lutte contre les violences sexuelles faites aux mineurs dans "Maman Colonelle" (2017)... Les héros des films de Dieudo Hamadi se trouvent aux prises avec une société fortement inégalitaire, marquée par la corruption et l'impunité.
La consécration vient en 2020 avec le film "En route pour le milliard" retenu à la sélection officielle au Festival de Cannes cette année-là.
Un documentaire avec, en toile de fond, un épisode emblématique de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), quand les armées rwandaise et ougandaise s'étaient affrontées à Kisangani, ville ravagée par les combats qui durèrent du 5 juin au 10 juin 2000.
Dans ce long-métrage, Dieudo Hamadi filme le voyage d'une association de victimes, qui embarquent à bord d'un bateau sur le fleuve Congo depuis Kisangani jusqu'à la capitale Kinshasa, située à près de 2.000 km, pour exiger réparation des préjudices subis.
"Pour les gens de ma génération, ça a été un traumatisme qui n'est pas totalement passé jusqu'à présent. Devenu cinéaste, j'avais envie de raconter ces traumatismes-là", explique-t-il.
Mais en raison de la pandémie de Covid-19, Dieudo n'avait pas pu se rendre à Cannes en 2020 pour y recevoir sa distinction.
Désigné parmi les neuf membres du jury de la 78è édition du Festival de Cannes, le réalisateur congolais estime qu'il s'agit là d'"un bon retour des choses", et de la "reconnaissance d'un parcours".