De la décentralisation …


Par Yossef Ben-Meir *
Mardi 9 Février 2010

De la décentralisation …
Dans son discours du 6 novembre 2009, S.M. le Roi Mohammed VI a déclaré que les provinces sahariennes seront parmi les premières régions à bénéficier des avantages de la régionalisation. La date du 6 novembre 2009 marquait le 34ème anniversaire de la Marche verte, lorsque 350.000 Marocains non armés avaient marché jusqu'à l'ancienne colonie espagnole du Sahara pour réaffirmer les liens historiques du Royaume avec la région. Depuis cette date, un conflit territorial continue à opposer le mouvement séparatiste du Polisario, soutenu et financé par le voisin algérien, au gouvernement central à Rabat.
A Marrakech, quelques jours avant l'annonce du Souverain, la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton, avait réitéré l'appui du gouvernement américain pour la position du Maroc et déclaré que son plan pour la résolution du conflit est "crédible." Le 3 janvier 2010, en annonçant la création de la Commission consultative pour la régionalisation, S.M. le Roi a de nouveau affirmé que les provinces sahariennes seront parmi les premières régions à bénéficier des avantages du nouveau système décentralisé. Le Maroc est manifestement en train de mettre en avant son plan.
La décentralisation offre un moyen potentiel de résolution des conflits en dotant les sous-régions d'autonomie, de responsabilités et de capacités pour faire avancer le développement, ce qui peut avoir un effet stabilisant. Le principe directeur de la décentralisation est de créer une unité nationale, en renforçant la diversité et la détermination régionales.
L'histoire des Etats-Unis offre des exemples en montrant comment des systèmes décentralisés fédéralistes peuvent fonctionner aussi bien pour atténuer que pour exacerber des tensions régionales. Le fédéralisme a permis initialement de surmonter des conflits entre les Etats du Nord et du Sud lors de la fondation des Etats-Unis, des conflits qui auraient pu faire obstacle à la création du pays. Cependant, la décentralisation peut aussi constituer une cause de conflit si elle est utilisée pour favoriser des mouvements sécessionnistes, ce qui est également survenu de manière tragique aux Etats-Unis.   S.M. le Roi Mohammed VI est conscient de ce danger potentiel de la décentralisation et a affirmé que le processus de décentralisation et le renforcement de la solidarité nationale doivent aller de pair. C'est la raison essentielle pour laquelle il a demandé un processus de décentralisation "progressif".  La manière dont la décentralisation sera mise en œuvre sera décisive pour l'instauration de la confiance nécessaire en une ère nouvelle de paix durable et de plus grande prospérité. Si elle réussit à résoudre le conflit du Sahara, la décentralisation lèverait également le plus grand obstacle, celui qui entrave une forte collaboration au sein de l'Union du Maghreb - un bloc régional comprenant le Maroc, la Mauritanie, l'Algérie, la Tunisie et la Libye.  Virtuellement, tous les pays du monde appartiennent à un bloc régional en raison du large éventail d'opportunités économiques qu'il offre (plus grands marchés, plus grandes économies, prix moins élevés, moins d'inflation, meilleure efficacité et autosuffisance), ainsi que l'occasion de coopérer sur des défis régionaux comme la pollution et l'immigration.  Visiblement, une union plus viable et plus productive constitue un objectif hautement important pour S.M. le Roi Mohammed VI.  Dans le contexte du Sahara, il serait prudent de déconcentrer les responsabilités de l'Etat le plus localement possible étant donné que cela sera probablement perçu par la population de la région comme un plus grand niveau d'autonomie, ce qui permettra de renforcer la confiance. Il est également important que la population et les institutions de la région s'engagent dans la décentralisation et bénéficient de ses avantages le plus tôt possible pour jouer un rôle au sein du système qu'ils chercheront ainsi à sauvegarder.
En matière de décentralisation, le Souverain insiste souvent sur le recours à la méthode participative. Cette approche  implique, en effet, l'engagement direct des populations dans la gestion de leur propre développement et de leurs affaires sociales, leur inculquant un sens de la maîtrise et de l'appropriation des questions qu'elles jugent importantes. Au Sahara, la population locale verrait, en effet, que l'avenir de la région dépend des décisions qu'elle prend.  Les institutions publiques et privées du Sahara pouvant servir de véhicules efficaces devraient être identifiées pour transférer à leurs membres les compétences qui leur permettraient de faciliter le développement participatif. Par exemple, les membres des associations civiles locales consacrées au développement devraient être ciblés pour bénéficier de formations. Plus ces compétences essentielles sont largement disséminées, plus le développement répondant aux besoins décrits par la population elle-même est susceptible de se produire et la décentralisation d'avoir des chances de réussir.
La décentralisation, conformément aux grandes lignes énoncées par S.M. le Roi, nécessitera une réforme du ministère de l'Intérieur dont la mission est la sécurité interne du pays. Premièrement, en tant qu'agence d'enregistrement, il peut jouer un rôle majeur dans la construction de partenariats institutionnels en mettant à la disposition du public, à travers Internet, les coordonnées de dizaines de milliers d'associations marocaines, réparties par région et par type de mission. Deuxièmement, les démarches consistant à notifier le ministère au sujet des réunions locales de planification communautaire et des activités de mise en œuvre de projets devraient être progressivement abandonnées. Enfin, une révision de la manière dont ce ministère peut utiliser son réseau pour contribuer au développement local et régional devrait constituer une priorité importante.
Une agence de décentralisation dans le cadre du Cabinet Royal permettrait de construire des partenariats institutionnels productifs, au sein du gouvernement et entre tous les secteurs et niveaux. Selon les observateurs, le plus grand défi du Souverain est de guider la transition vers la décentralisation. La création d'une Agence au sein du Cabinet Royal serait stratégique dans ce sens.    La réussite de la décentralisation au Maroc pourrait créer des opportunités historiques pour le pays et la région. En répondant aux aspirations politiques, sociales, culturelles, économiques et environnementales des populations ciblées, elle pourrait également réunir les conditions les plus viables pour mettre fin au conflit du Sahara.

* Professeur assistant de sociologie à l'Université Al Akhawayn
et président de la Fondation
du Haut Atlas

les seize régions économiques

Oued-Eddahab - Lagouira
Avec ses 36.751 habitants, dont 31.148 d'urbains, la région de Oued Ed-Dahab - Lagouira est la moins peuplée du Royaume. Elle comprend une province : Oued Eddahab et une préfecture (Awsard)
Près de 30 % de la population de cette région sont âgés de moins de 15 ans.
Chaouia-Ouardigha
Avec 1.554.241 habitants, dont près d'un million de ruraux et 594.812 urbains, la région de Chaouia-Ouardigha est formée de trois provinces (Settat, Benslimane et Khouribga).
Marrakech-Tensift-Al Haouz
La région de Marrakech-Tensift-Al Haouz  s'étend sur une superficie de 32114 km2, soit l'équivalent de 4,5% du territoire national.
Administrativement, la Région comprend 3 Préfectures (Marrakech Menara, Marrakech Medina, et Sidi Youssef Ben Ali) et 4 Provinces (Al Haouz, Chichaoua, Kelâat Es-Sraghna, Essaouira).
Oriental
Formée de cinq provinces (Jerada, Berkane, Taourirt, Figuig, Nador) et de la préfecture d'Oujda-Angad, la région de l'Orientalcompte 1.768.691 habitants dont 975.978 citadins.
Grand Casablanca
Avec plus de trois millions d'habitants, dont seulement moins de 150.000 ruraux, la région du Grand Casablanca, qui regroupe 8 prefectures (Casablanca-Anfa, Aïn Sebaa-Hay Mohammadi, Aïn Chok-Hay Hassani, Ben Msik-Sidi Othmane, Al Fida-Derb Soltane-Al Mechouar de Casablanca, Sidi Bernoussi-Zenata et Mohammedia) est un centre urbain par excellence.
Meknès-Tafilalet
Formée des préfectures Meknès-El Menzeh et Al Ismaïlia et de quatre provinces (El Hajeb, Ifrane, Khénifra et Errachidia), la région Meknès-Tafilalet avoisine les deux millions d'habitants, moitié rurale et moitié urbaine.
L'activité économique de cette région reste dominée par le secteur tertiaire (43,2 %). Le milieu rural y représente près de 76 %.
Fès-Boulemane
Constituée d' une préfecture  (Fès- Dar-Dbibegh),et de trois  provinces (Boulemane,  Sefrou et Moulay Yacoub),  la région de Fès-Boulemane se distingue par une population aux deux tiers urbaines : 913.888 d'urbains sur un total de 1.322.473 d'habitants.
Taza-Taounate-Al Hoceima
Avec 6,6 % de la population totale du pays, soit 1.719.837 habitants, la région de Taza-Taounate-Al Hoceima comprend trois provinces : Province d'Alhoceima, province de Taza et province de taounat,  et se distingue par son caractère rural (21,6 % d'urbains).
Tanger-Tétouan
La région de Tanger-Tétouan regroupe deux Wilayas : Wilaya de Tanger-Asilah, avec une Préfecture : Fahs-Bni Mkada et Wilaya de Tétouan avec une préfecture : Préfecture de Tétouan et deux provinces : Province de Chefchaouen, et province de Larache.
Souss-Massa-Draa
Bordée par l'Océant à l'Ouest, la région de Guelmim-Smara au Sud, et par la régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz et de Tadla-Azilal au Nord, à l'Est par l'Algérie et la région de Meknès-Tafilalet, la région de souss-Massa-Draâa s'étend sur une superficie de 70 880 km2, soit 9,9% de la superficie totale du Maroc.
Elle regroupe, sur le plan administratif, la wilaya d'Agadir (les préfectures d'Agadir Ida Outanane, d'Inezgane Aït Melloul la province de Chtouka Aït Baha) et les provinces de Tiznit, Taroudant, Ouarzazate et Zagora.
 Guelmim-Esmara
Limitée au Nord par la région de Souss-Massa-Drâa, au Sud par la région Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra et la frontière Mauritanienne, à l'Est par la frontière Algérienne, l'Océan Atlantique et la région Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra à l'Ouest, la région Guelmim Es-Semara s'étend sur une superficie de 133 730 km2 , soit 18,8 1 % de la superficie nationale.
Administrativement, la région est constituée de cinq provinces : Guelmim, TanTan, Assa-Zag, Tata et Es-Semara, regroupant 60 communes dont   11 urbaines et 49 rurales.
 Gharb-Cherarda-Beni Hsan
Issue de l'ancienne région économique Nord-Ouest, la région du Gharb-Chrada-Beni Hssen couvre une superficie de 8.805 km2, soit 1,2% de la superficie totale du pays et comprend deux provinces : la province de Kénitra (4.745 km2) et la province de Sidi Kacem (4.060 km2. Ces deux provinces sont subdivisées e 61 communes rurales et 12 communes urbaines.
Elle est limitée au Nord par la région de Tanger Tétouan, au Nord-Est par la région de Taza-Al Hoceima-Taounate, au Sud-Est par la région de Fès-Boulmane et la région de Meknès-Tafilalt, au Sud par la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër et à l'Ouest par l'Océan Atlantique.
 Laayoune-Boujdour-Sakia El Hamra
 La région de Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, occupe la partie centrale des régions sahariennes, limitée au Nord par la région de Guelmim-Es-Semara, au Sud par la région Oued Ed-Dahab-Lagouira, à l'Est par la Mauritanie et à l'Ouest par l'Océan. Elle s'étend sur une superficie de 139 480 km2 soit 19,62% de la superficie nationale.
Administrativement, la région comprend la wilaya de Laâyoune et la province de Boujdour regroupant 14 communes dont 4 municipalités (Laâyoune, El Marsa, Tarfaya et Boujdour).

Extrait du site www.maroc.ma



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