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Conflit libyen : Les habitants tentent de reprendre pied dans Mistrata en ruines


AFP
Samedi 13 Août 2011

Loin de la capitale des insurgés et dangereusement proche de celle du régime, l'enclave rebelle de Misrata (ouest) a vécu de rudes batailles, mais commence doucement à se remettre sur pied.

Partout, la ville porte les stigmates des violents combats qui ont duré plusieurs mois au printemps, jusqu'à ce que les rebelles parviennent à repousser les pro-Kadhafi mi-mai et à desserrer l'étau, grâce aux frappes de l'Otan. La cité portuaire, qui comptait 500.000 habitants avant le début de la révolte mi-février, subit toujours les tirs de roquettes des troupes du dirigeant Mouammar Kadhafi, repoussées à seulement quelques dizaines de kilomètres.Désormais, la ville ressemble moins à Benghazi ou Ajdabiya, ses soeurs rebelles de l'Est libyen, qu'à Sarajevo après la guerre ou à une cité victime d'un séisme majeur. Comme l'annonce un graffiti, bienvenue à  "Misratagrad" .Le long de la rue de Tripoli, l'axe principal de la ville qui a longtemps été la ligne de front, aucun bâtiment n'est intact sur deux kilomètres, et les bas-côtés sont encombrés de carcasses de conteneurs, de chars ou de voitures.

Les batailles ont été si intenses que la plupart des bâtiments aux façades grêlées --boutiques, appartements, bureaux-- ressemblent plus à d'immenses sculptures de barres d'armatures tout juste agrémentées de quelques touches de béton. Mais maintenant que les forces pro-Kadhafi ont été chassées des faubourgs de la ville, c'est dans ces gravats que les habitants de Misrata essaient de reconstruire leur vie.

A 38 ans, Chaâban Moustapha Badi assure avoir été le premier à rouvrir sa boutique de pièces automobiles fin mai sur la grande artère. Comme beaucoup d'autres, il avait auparavant été pillé par les forces pro-Kadhafi, qui cherchaient en particulier des batteries. Il n'a plus à vendre que ce que les soldats ont laissé. Mais en pointant du doigt les rues presque vides, il reconnaît qu'il n'a pas non plus beaucoup de clients.

 "Les gens n'ont pas d'argent, alors soit je donne les pièces gratuitement, ou alors je fais crédit (...). La situation est meilleure qu'avant, mais j'aurais aimé que la rue se ranime plus vite", explique ce père de sept enfants. En face, Hassan Abdallah Zoubi a lui aussi rouvert sa boutique, qui propose à la fois des boissons non-alcoolisées et du matériel informatique. Mais lui aussi a les mêmes difficultés. Même le Ramadan n'a pas fait décoller les ventes. La plupart des villes libyennes dépendent des salaires versés par le gouvernement, et à Misrata, aucun fonctionnaire n'a été payé depuis des mois. Il est de plus en plus difficile de circuler en raison de la pénurie d'essence, qui oblige les rares automobilistes à patienter des heures aux stations-essence. Et la guerre n'est jamais loin. Pick-up et ambulances traversent régulièrement la ville à toute vitesse, chargés de munitions pour l'un des trois fronts autour de la ville, ou de combattants blessés. Pour les habitants, le plus dur reste les roquettes qui continuent de s'abattre presque chaque jour. Elles font rarement des victimes mais leur impact psychologique est lourd. Chaâban Moustapha Badi raconte que sa fille de six mois tremble beaucoup trop, et que ses autres enfants pleurent et s'enfuient à chaque explosion. A quelques mètres de sa boutique, un fragment de roquette est d'ailleurs visible dans des décombres que des enfants ont adoptés comme terrain de jeu. 



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