Climat: l'Amérique entre dans le marathon diplomatique


AFP
Mercredi 1 Avril 2009

Un marathon diplomatique sur le climat s'est engagé dimanche à Bonn avec la première session de négociation sous l'égide de l'ONU en vue de la conclusion en décembre d'un nouvel accord international, et l'entrée en piste de la nouvelle délégation américaine. Pour leurs partenaires au sein de la Convention de l'ONU sur les changements climatiques (CNUCC), ce rendez-vous sonne comme l'heure de vérité et doit permettre aux Etats-Unis de formaliser leur degré d'engagement pour l'avenir.
Le nouvel accord doit être finalisé en décembre à Copenhague, afin de relayer la première phase du Protocole de Kyoto qui expire fin 2012. "La véritable négociation s'engage. J'espère que les Américains énonceront dès dimanche les grands principes qui vont les guider dans cette négociation", confiait cette semaine à l'AFP le secrétaire exécutif de la CNUCC, Yvo de Boer. Les pays industrialisés doivent préciser de combien ils sont prêts à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2020 par rapport à 1990, ainsi qu'à long terme (2050). Mais les pays en développement sont aussi appelés, pour la première fois, à s'engager sur des politiques qui ralentiraient l'envolée de leurs émissions.
A ce jour, seuls les pays développés sont soumis aux contraintes de réduction du Protocole de Kyoto, sauf les Etats-Unis qui ne l'ont jamais ratifié. Il faudra donc d'ici décembre trouver le moyen de les embarquer dans le nouvel accord ainsi que les grands émergents comme la Chine, devenue premier pollueur mondial, chacune des deux puissances ayant prévenu de longue date qu'elle n'avancerait pas sans l'autre.
Alors que l'Union européenne s'est déjà engagée fermement sur un objectif de réduction de 20% en 2020 par rapport à 1990 - voire de 30% si d'autres la suivent -, le président Barack Obama a évoqué pour la même date un retour des émissions américaines à leur niveau de 1990 (soit une réduction de 14% environ par rapport à 2005). "Cela ne nous semble pas suffisant et l'UE veut commencer d'engager le dialogue sur ce point", indique un expert européen: pour l'UE, une réduction de 30% des GES d'ici 2020 coûterait l'équivalent d'1% du PIB européen chaque année, fait-il valoir. "Mais avec 1% de leur PIB, les Américains peuvent faire beaucoup mieux qu'annoncé".
"La plupart des pays industrialisés pensent que les Américains peuvent faire mieux que ça, et les pays en développement les pressent déjà de faire davantage", note Alden Meyer, directeur de l'Union of Concerned Scientists (américaine). Les délégations ont reçu un document de l'ONU résumant à grands traits les positions des uns et des autres, qui doit servir à l'élaboration d'un premier texte de négociation à la mi-juin.
Mais l'administration américaine doit aussi éviter de reproduire "l'erreur de Kyoto", en signant à Copenhague un texte que refuserait d'approuver le puissant Congrès à Washington. Obama veillera à lui laisser le temps d'adapter la législation nationale à tout nouvel engagement extérieur.
"Il ne faudrait pas non plus que la crise serve de prétexte à l'inaction", relève Jennifer Haverkamp, du think tank américain Environmental Defense Fund.
Lors d'une conférence de presse téléphonique, le démocrate Edward Markey, président de la Commission Sécurité énergétique et Climat de la Chambre des Représentants, s'est voulu rassurant: "Bonn est l'occasion de prouver que le temps du dédain unilatéral pour le processus de négociation sous l'égide de l'ONU est révolu".


Lu 351 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.







L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          


Inscription à la newsletter



services