C’est parti pour la 70ème Berlinale rattrapée par l'actualité et les polémiques

340 films venus du monde entier seront projetés dont 18 en lice pour l'Ours d'or


Samedi 22 Février 2020

L'actualité et les polémiques se sont invitées à la 70e Berlinale, premier grand festival de cinéma de l'année en Europe, qui a démarré jeudi quelques heures après une double fusillade ayant fait neuf morts en Allemagne.
Une minute de silence a été observée jeudi soir en hommage aux victimes, avant la projection de "My Salinger year", le film d'ouverture (hors compétition) avec Sigourney Weaver et Margaret Qualley, sur une jeune femme travaillant pour l'agent littéraire de J.D Salinger.
Dans un bref communiqué plus tôt, le festival avait fait part de "sa détresse et de sa peine" après le drame de Hanau, près de Francfort, réitérant son engagement contre "la violence" et la xénophobie, alors que le mobile "raciste" de l'assaillant ne fait guère plus de doute.
Jusqu'au 1er mars, 340 films venus du monde entier seront projetés dont 18 en lice pour l'Ours d'or, remis par un jury présidé par le Britannique Jeremy Irons, 71 ans, vu récemment dans la série "Watchmen".
Tentant de déminer une polémique, après la réapparition dans la presse allemande d'une interview où il tenait des propos jugés sexistes, il a affiché son soutien aux mouvements pour "protéger les femmes contre toute forme de harcèlement", au droit à l'avortement et au mariage gay.
Une mise au point pour que le sujet "cesse de détourner l'attention de la Berlinale", a-t-il souligné.
"J'espère que certains des films que nous allons voir parleront de ces questions... et j'espère voir des films qui nous incitent à questionner nos attitudes, nos préjugés", a-t-il ajouté lors de la conférence de presse du jury, composé notamment des acteurs Bérénice Bejo ("The Artist") et Luca Marinelli ("Martin Eden") ainsi que des réalisateurs Kenneth Lonergan ("Manchester by the sea") et Kleber Mendonça Filho ("Bacurau").
Ils devront décider d'ici le 29 février qui succèdera à "Synonymes" de Nadav Lapid, Ours d'or 2019.
En plus d'être un anniversaire, cette édition ouvre un nouveau chapitre pour la Berlinale: après 18 ans aux manettes, l'Allemand Dieter Kosslick a cédé sa place à un duo composé de l'Italien Carlo Chatrian, ancien directeur du festival de Locarno, et la Néerlandaise Mariette Rissenbeek.
Pour ses débuts, le tandem a dû faire face à de récentes révélations sur le passé nazi d'un ancien directeur de la Berlinale, ce qui les a contraints à transformer le prix Alfred-Bauer en Ours d'argent.
Côté programmation, l'ambition est de "faire de la place à la diversité", en proposant des films réalisés par des femmes, des oeuvres du monde entier, avec un gros contingent venant du Brésil, ainsi que des débats.
Alors que le débat sur le manque de femmes et d'artistes "issus de la diversité" dans le cinéma bat son plein après les Bafta britanniques et les Oscars, la Berlinale va proposer six films dirigés ou codirigés par des réalisatrices cette année. Un peu moins que l'an dernier.
"Six films ce n'est pas la parité, mais c'est en bonne voie pour l'atteindre", estimait Carlo Chatrian, en présentant sa sélection fin janvier. Son prédécesseur avait signé l'an dernier une charte en faveur de la parité hommes-femmes (5050x2020), comme d'autres grands festivals.
Mêlant auteurs confirmés (Philippe Garrel, Tsai Ming-liang, Kelly Reichardt...) et découvertes, la compétition 2020 n'hésite pas à faire le grand écart, rapprochant des films aussi éloignés que "There is no evil" de l'Iranien Mohammad Rasoulof, interdit de sortie de territoire, et la comédie du duo Kerven-Delépine sur nos habitudes numériques.
Soucieux de séduire le jeune public, la Berlinale va ausi présenter en avant-première le nouveau film de l'écurie Pixar ("En avant"), le "Pinocchio" de Matteo Garrone, déjà sorti en Italie, et plusieurs séries dont "The Eddy", bientôt sur Netflix, de Damien Chazelle ("La La Land").
Malgré une dimension glamour, le festival, créé en 1951, conserve son ADN politique: Hillary Clinton est attendue pour une discussion après la projection d'une série documentaire en plusieurs parties qui lui est consacrée et le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov, emprisonné cinq ans, viendra défendre son deuxième film "Numbers", inspiré de son incarcération.


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