La faim et le désespoir se propagent tandis que les dispositifs d'aide alimentaire et humanitaire sont utilisés comme des armes. Gaza est devenue une terre de désespoirLe 18 mars, l'armée israélienne a mis fin à deux mois de trêve avec le Hamas et repris son offensive dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 en représailles à l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien.
Israël a totalement bloqué depuis le 2 mars l'entrée de l'aide internationale à Gaza, vitale pour ses 2,4 millions d'habitants, affirmant vouloir ainsi faire pression sur le Hamas pour qu'il libère les derniers otages retenus dans le territoire.
Depuis l’attaque du Hamas, "le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct", écrit la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard, en préface du rapport annuel de l'ONG sur les droits humains publié mardi.
"Les Etats ont regardé, comme s'ils étaient impuissants, Israël tuer des milliers de Palestiniennes et de Palestiniens, massacrant des familles entières sur plusieurs générations et détruisant des habitations, des moyens de subsistance, des hôpitaux et des établissements scolaires", ajoute-t-elle.
Dans son rapport, Amnesty réitère ses accusations de "génocide", déjà formulées fin 2024 et catégoriquement rejetées par les autorités israéliennes.
Le rapport cite notamment des "homicides", des "atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale de civils", des "déplacements et disparitions forcées", l'"imposition délibérée de conditions de vie destinées à entraîner la destruction physique de ces personnes".
Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk a de son côté appelé la communauté internationale à mettre en œuvre des "efforts concertés" afin "d'empêcher cette catastrophe humanitaire d'atteindre un nouveau niveau inégalé".
L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a elle aussi dénoncé mardi le refus par Israël de laisser entrer toute aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.
"Le blocus de Gaza tue en silence", a affirmé la porte-parole de l'Unrwa, Juliette Touma.
"Les enfants de Gaza se couchent affamés. Les malades et les blessés ne peuvent pas recevoir de soins médicaux en raison de la pénurie (...) dans les hôpitaux", a-t-elle dit. "La faim et le désespoir se propagent tandis que les dispositifs d'aide alimentaire et humanitaire sont utilisés comme des armes. Gaza est devenue une terre de désespoir".
Dans le camp de réfugiés de Shati, dans le nord du territoire, des Palestiniens faisaient la queue mardi devant la pharmacie d'une clinique gérée par l'Unrwa, dont les stocks s'épuisent.
"Nous avons besoin de nourriture, de farine, d'aide (...). Nous demandons l'ouverture des points de passage et l'accès aux services de santé. Nous sommes déplacés dans des écoles, sans médicaments, sans eau, sans beaucoup de choses essentielles", a témoigné Firas al-Basyuni, un habitant du camp.
L'offensive israélienne a fait au moins 52.365 morts à Gaza depuis le 7 octobre 2023, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Mardi, la Défense civile a encore fait état de sept morts dans des frappes israéliennes.
Du côté israélien, l'attaque du Hamas a causé la mort de 1.218 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.
Sur 251 personnes enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.
Le rapport d'Amnesty souligne aussi que 90% des habitants de Gaza ont été déplacés depuis le début de la guerre et accuse Israël d'avoir "provoqué délibérément une catastrophe humanitaire sans précédent".
"Gaza est un test pour la justice internationale et un test pour notre humanité", a souligné Heba Morayef, responsable de l'ONG pour la région Moyen-Orient Afrique du Nord.