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En marge de la manifestation, Libé a rencontré Ali Guermoune, président de l’Association qui a initié la cérémonie commémorative.
Libé : Comme tous les élus des provinces du Sud, vous avez certainement lu, avec intérêt, le texte de la Note de cadrage présentée au Souverain par le président du CESE. Quel commentaire vous a-t-elle inspiré ?
Ali Guermoune : La Note présentée par le président du CESE et qui concerne le développement des provinces du Sud pour laquelle les consultations vont débuter, la semaine prochaine, nous a réjouis du fait qu’elle concerne le développement de ces contrées et qu’elle constitue une amorce de l’application de la régionalisation avancée. Cette note m’inspire les observations suivantes : il y a un diagnostic préliminaire de la situation économique qui a été établi en l’absence des représentants des populations de ces provinces, qu’il s’agisse de syndicalistes, des élus ou de représentants de l’élite politique ou économique locale. Ce diagnostic a mis en exergue les grands investissements consentis par l’Etat dans ces provinces et qui portent sur tous les domaines de développement. Cependant, de mon point de vue, ces investissements, même s’ils étaient consacrés au développement des provinces, n’ont pas concerné l’élément humain qui reste, à mon avis, le plus important pour un développement global. Concernant les projets réalisés dans la région, ceux-ci n’ont profité ni aux populations, ni aux régions. Il s’agit de grands projets dont la réalisation a été confiée à de grandes sociétés. Mais ces projets ne justifient pas les sommes colossales qui leur ont été consacrées.
Je suis étonné quand on me dit que pour la réalisation de deux places publiques à Tan Tan, une enveloppe de 2 milliards de centimes a été dégagée. Cela me fait mal, car je sais que pour la réalisation de l’assainissement liquide de plusieurs quartiers de la ville, ce qui est prioritaire et plus coûteux que des places publiques, nous avons dépensé bien moins que ce montant.Par conséquent, ce qui doit être indiqué c’est que d’importants crédits ont été dégagés pour la réalisation de projets dans les provinces sahariennes, mais lesdits crédits ont été gonflés et même très gonflés pour que des sociétés, des bureaux d’études et différents intermédiaires en profitent au détriment des habitants et du développement des provinces. Les domaines cruciaux dont le développement était fondamental, n’ont pas été visés. Prenez l’exemple de Tan Tan dont l’économie se fonde sur la pêche maritime. Qui en profite ? Une société qui exploite les richesses de la province n’accorde même pas des miettes aux autochtones. Nous aurions souhaité que sur le fruit de l’exploitation des produits halieutiques, une partie, au moins, soit investie localement pour contribuer à l’éradication du chômage dont la Note a souligné le taux élevé dans ces provinces.
Le président du C.E.S.E qui sera présent pour vous consulter, que lui diriez-vous ?
En tant que président du conseil provincial de Tan Tan, mon intervention sera consacrée à des programmes qui ne manqueront pas de contribuer au développement des provinces et de porter sur les points essentiels à même de répondre aux attentes des populations et d’éradiquer le chômage, essentiellement des jeunes. Que voulez-vous que les habitants de la petite ville de Tan Tan fassent de deux places publiques à 2 milliards de centimes, alors qu’avec moins que cela nous pouvons asphalter les rues de la ville. C’est le genre d’investissements, dont la réalisation n’est pas faite pour profiter aux habitants ou aux provinces du Sud, mais à de grandes sociétés et leurs armadas de bureaux d’études, d’intermédiaires et autres.
Les habitants de Tan Tan estiment, et à juste titre, que leur ville est négligée et laissée pour compte. Quelle proposition ferez-vous au président du CESE pour permettre le démarrage économique de la ville et mettre fin aux nombreuses marches de protestation qui sont le lot quotidien de ses habitants ?
Les habitants ont tout à fait raison de s’estimer laissés pour compte et abandonnés. Ils pensent que cette situation est le fait d’une négligence de la part de responsables des différents départements, mais ils commencent à penser que cette négligence est voulue. Certains nous imputent même la responsabilité de la naissance, il y a 40 ans du P lisario.
Les habitants de Tan Tan ne souhaitent, aujourd’hui qu’une chose : qu’il soit mis fin aux préjugés nourris par la négligence de cette ville.