L'ONG marocaine Adala (Justice) a regretté la «lenteur» de la réforme de la justice, plus d'un an après le lancement d'une feuille de route par le gouvernement sur ce dossier fréquemment qualifié de «prioritaire» au Maroc.
«Nous sommes toujours à la case départ», a déploré auprès de l'AFP Mohammed Bouzlafa, membre d'Adala, en marge d'un colloque consacré vendredi à la «présentation d'une étude sur la protection judiciaire des droits fondamentaux».
«Il y a un retard sur la présentation des lois organiques», a renchéri la présidente de l'association, Jamila Sayouri, regrettant que le contenu des lois discutées ne «respecte pas la feuille de route» sur la réforme de la justice.
Joint par l'AFP, le ministre de tutelle, Mustafa Ramid, a rétorqué samedi qu'il n'y avait «pas lieu de parler de retard». «La Constitution nous donne cinq ans pour mettre en place ces lois. Le gouvernement n'en est qu'à sa troisième année», a-t-il fait valoir.
Les autorités marocaines ont annoncé en septembre 2013 la mise en place d'une «feuille de route» devant permettre de renforcer l'indépendance de la justice et de combattre plus efficacement la corruption.
Vendredi, l'urgence de ce chantier a été rappelée par S.M le Roi Mohammed VI lors du traditionnel discours ouvrant la session d'automne du Parlement.
«La priorité doit être donnée à l'adoption des textes relatifs à la réforme de la justice», a dit le Roi Mohammed VI, insistant sur deux lois organiques, celles instaurant un «Conseil supérieur du pouvoir judiciaire» et créant un «statut des magistrats». Ces textes sont prévus par la Constitution adoptée en 2011, durant le «Printemps arabe».
La présidente d'Adala a également évoqué d'autres dossiers prioritaires, dont la loi «criminalisant les violences à l'égard des femmes» et la «réforme du Code pénal».
Le risque est de se retrouver, à l'approche des législatives de 2016, avec «un grand nombre de lois et pas suffisamment de temps pour que le Parlement et la société civile en débattent», a jugé Jamila Sayouri.