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C’est sous ce titre que Slimane Touhami a publié son livre consacré aux migrants marocains travaillant dans le secteur agricole. Dans le cadre des activités du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger, lors de la 30e édition du Salon international de l’édition et du livre à Rabat, l’auteur a présenté son nouvel ouvrage, paru en français aux éditions Nouvelle Edition du réveil, et composé de 85 pages au format moyen.
Ce livre raconte l’histoire des migrants marocains employés dans le secteur agricole du sud de la France. L’intérêt de ce récit réside dans la "galère" que vivent ces paysans migrants, souvent séparés de leurs familles restées au Maroc. Ces travailleurs agricoles, dont l’histoire et les souffrances restent rarement exprimées selon l’auteur, viennent principalement des régions de Meknès et du Rif, pour s’installer dans la région française de Cocagne.
La force du récit Les Princes de Cocagne tient à son caractère quasi autobiographique : une histoire familiale racontée par l’un de ses fils, Slimane Touhami. C’est un récit qui évoque la souffrance particulière des migrants marginalisés, pris entre deux cultures, souvent rejetés par les deux mondes à la fois.
L’histoire de ces migrants remonte à l’époque coloniale. Les propriétaires terriens français de la région de Cocagne étaient souvent d’anciens "pieds-noirs" ayant quitté le Maroc, ou des Français qui possédaient des domaines agricoles au Maroc avant d’être contraints de partir suite à la promulgation de la loi de "marocanisation", les obligeant à céder leurs terres.
Selon l’auteur, cela marque un passage de la colonialité extérieure à une colonialité intérieure, les liens coloniaux se perpétuant même à travers l’expérience migratoire. Certaines exploitations ont en effet conservé les mêmes ouvriers qu’à l’époque coloniale.
Le récit de Touhami est puissant, car il a lui-même vécu cette expérience en tant qu’ouvrier agricole, tout comme son père. Il a connu personnellement la "galère des champs" avant de devenir chercheur, étudiant de près cette réalité et suivant la trajectoire de cette catégorie marginalisée, même dans le contexte migratoire. En effet, la majorité des études sur la migration se concentrent sur les ouvriers industriels, très peu abordent la question des travailleurs agricoles. Ce type d’approche peut être rattaché à l’école de sociologie de Chicago, qui s’intéresse particulièrement aux populations marginalisées.
Cette catégorie de travailleurs, selon lui, "galérait vraiment" : travaillant sans relâche, y compris les week-ends et jours fériés, car les activités agricoles ne sont pas soumises à des horaires fixes. Ils travaillaient dur pour envoyer de l’argent à leurs familles restées au Maroc.
Certains ont choisi de faire venir leurs familles, tandis que d’autres les ont laissées au pays.
Selon Slimane Touhami, ces ouvriers préféraient l’humour et l’ironie pour parler de leur quotidien difficile, sans jamais aborder leur vie privée ni familiale, conservant une forme de "jardin secret".
A la fin de l’ouvrage, l’auteur évoque, à travers une étude, le monde instable des travailleurs agricoles. Beaucoup parmi eux finissent par changer de métier, s’orientant vers le commerce ou d’autres activités moins éprouvantes. Aujourd’hui, dans le sud de la France, d’autres nationalités prennent la place des Marocains : Polonais, Bulgares, ou encore Latino-Américains.
L’auteur note également que la France compte aujourd’hui des agriculteurs appartenant à des syndicats ou partis hostiles à l’immigration, tout en dépendant paradoxalement de la main-d’œuvre étrangère pour faire tourner leurs exploitations.
Enfin, comme le souligne Touhami, ce type de travail concernait principalement les hommes. Les femmes, elles, travaillaient dans l’agriculture mais dans d’autres domaines, séparément des hommes.
Youssef Lahlali
Ce livre raconte l’histoire des migrants marocains employés dans le secteur agricole du sud de la France. L’intérêt de ce récit réside dans la "galère" que vivent ces paysans migrants, souvent séparés de leurs familles restées au Maroc. Ces travailleurs agricoles, dont l’histoire et les souffrances restent rarement exprimées selon l’auteur, viennent principalement des régions de Meknès et du Rif, pour s’installer dans la région française de Cocagne.
La force du récit Les Princes de Cocagne tient à son caractère quasi autobiographique : une histoire familiale racontée par l’un de ses fils, Slimane Touhami. C’est un récit qui évoque la souffrance particulière des migrants marginalisés, pris entre deux cultures, souvent rejetés par les deux mondes à la fois.
L’histoire de ces migrants remonte à l’époque coloniale. Les propriétaires terriens français de la région de Cocagne étaient souvent d’anciens "pieds-noirs" ayant quitté le Maroc, ou des Français qui possédaient des domaines agricoles au Maroc avant d’être contraints de partir suite à la promulgation de la loi de "marocanisation", les obligeant à céder leurs terres.
Selon l’auteur, cela marque un passage de la colonialité extérieure à une colonialité intérieure, les liens coloniaux se perpétuant même à travers l’expérience migratoire. Certaines exploitations ont en effet conservé les mêmes ouvriers qu’à l’époque coloniale.
Le récit de Touhami est puissant, car il a lui-même vécu cette expérience en tant qu’ouvrier agricole, tout comme son père. Il a connu personnellement la "galère des champs" avant de devenir chercheur, étudiant de près cette réalité et suivant la trajectoire de cette catégorie marginalisée, même dans le contexte migratoire. En effet, la majorité des études sur la migration se concentrent sur les ouvriers industriels, très peu abordent la question des travailleurs agricoles. Ce type d’approche peut être rattaché à l’école de sociologie de Chicago, qui s’intéresse particulièrement aux populations marginalisées.
Cette catégorie de travailleurs, selon lui, "galérait vraiment" : travaillant sans relâche, y compris les week-ends et jours fériés, car les activités agricoles ne sont pas soumises à des horaires fixes. Ils travaillaient dur pour envoyer de l’argent à leurs familles restées au Maroc.
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L’auteur note également que la France compte aujourd’hui des agriculteurs appartenant à des syndicats ou partis hostiles à l’immigration, tout en dépendant paradoxalement de la main-d’œuvre étrangère pour faire tourner leurs exploitations.
Enfin, comme le souligne Touhami, ce type de travail concernait principalement les hommes. Les femmes, elles, travaillaient dans l’agriculture mais dans d’autres domaines, séparément des hommes.
Youssef Lahlali