Toni Servillo, l'acteur aux mille visages récompensé à la Mostra


Libé
Mercredi 10 Septembre 2025

Toni Servillo, l'acteur aux mille visages récompensé à la Mostra
Acteur aux mille visages, l'Italien Toni Servillo a été récompensé samedi à la Mostra de Venise pour son rôle de président veuf en fin de mandat rattrapé par des dilemmes moraux dans "La Grazia".
Une performance sobre et réussie, qui rappelle par de nombreux aspects l'actuel président italien, Sergio Mattarella.
Servillo fait partie des signataires d'une lettre ayant appelé le festival à prendre clairement position contre les actions d'Israël dans la bande de Gaza dévastée par la guerre
L'acteur de 66 ans a reçu la Coupe Volpi du meilleur acteur au terme d'une édition très politique de la Mostra et fait partie des signataires d'une lettre ayant appelé le festival à prendre clairement position contre les actions d'Israël dans la bande de Gaza dévastée par la guerre.

"La Grazia" est sa huitième collaboration avec Paolo Sorrentino qui, comme lui, a acquis une stature internationale avec "La Grande Bellezza", Oscar du meilleur film étranger en 2014.
Considéré comme l'alter ego du cinéaste, Napolitain comme lui, Toni Servillo a séduit le public tout au long de sa carrière par son art bluffant de la métamorphose.

Comédien à la large palette avec pour références Marcello Mastroianni et Federico Fellini, Toni Servillo a marqué le festival de Cannes en 2013 avec son rôle du journaliste mondain Jep Gambardella dans "La Grande Bellezza".
En 2008, il avait déjà été salué pour son incarnation de l'homme politique italien controversé Giulio Andreotti, dans "Il Divo".
Je ne considère pas le théâtre comme un parking où attendre des rôles au cinéma, je suis un acteur de théâtre militant  
Son rôle d'homme d'affaires mafieux recycleur de déchets, dans "Gomorra" de Matteo Garronne, plus modeste, avait également été encensé.
En 2021, il avait encore retrouvé son éternel complice Sorrentino pour "La main de Dieu", un récit autobiographique où il joue le rôle ô combien symbolique du père du cinéaste, disparu prématurément. Le film se déroulait à Naples.
Pourtant, Toni Servillo, issu d'une famille passionnée de théâtre, était avant tout un homme de scène.

Né en 1959 dans la province de Naples, l'acteur a fondé en 1977 le Teatro Studio di Caserta, où il a dirigé et interprété plusieurs pièces, de "Propaganda" (1979) à "Guernica" (1985).

"Un acteur très spécial"

En 1987, il est parmi les fondateurs, à Naples, des Teatri Uniti, laboratoire permanent pour la production et l'étude de l'art scénique contemporain, fusion de trois compagnies dont la sienne.

Il y continue en tant qu'acteur et metteur en scène un travail sur le tissu poétique et dramaturgique de la langue théâtrale napolitaine. Sa mise en scène de "Le Voci di dentro", d'Eduardo De Filippo, dans laquelle il joue avec son frère, a fait l'objet d'une tournée internationale.

L'Italien s'est aussi attaqué aux classiques français, montant "Le Misanthrope" (1995) et "Tartuffe" (2000) de Molière. Il s'est attelé également à la mise en scène d'opéras, à la Fenice de Venise.

Sa carrière cinématographique débute seulement en 1992 sous la direction d'un de ses amis du théâtre d'avant-garde, Mario Martone, passé ensuite à la réalisation.
 
Dans un entretien à l'AFP en 2021, Mario Martone avait confié voir en lui "un acteur très spécial", avec qui il avait "débuté à Naples à 17 ans, quand il avait encore plein de cheveux".
En 2001, Servillo entame une collaboration régulière avec Paolo Sorrentino dans "L'Uomo In Piu" puis "Les Conséquences de l'amour", présenté à Cannes en compétition en 2004.
Après avoir franchi les Alpes pour tourner dans "Un balcon sur la mer" (2010), de Nicole Garcia, aux côtés de Jean Dujardin, on le voit aussi notamment en sénateur berlusconien dans "La Belle Endormie" (2012) de Marco Bellocchio.

Le comédien n'a jamais renoncé au théâtre, se donnant le temps de choisir ses rôles au cinéma. Pour lui, "un acteur moderne doit savoir se déplacer dans les deux milieux".
"Je ne considère pas le théâtre comme un parking où attendre des rôles au cinéma, je suis un acteur de théâtre militant", avait insisté le comédien dans un entretien avec l'AFP au festival de Venise en 2021.


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