-
La Jeunesse Ittihadie fête ses cinquante ans et réaffirme son rôle clé dans le Maroc moderne
-
Le Groupe socialiste-Opposition ittihadie établit un constat minutieux, exhaustif et critique de l’action et des prévisions du gouvernement
-
L’Observatoire marocain pour le rejet du terrorisme et de l’extrémisme donne le ton
-
SM le Roi félicite Khaled El-Enany à l'occasion de son élection au poste de directeur général de l’UNESCO
A l’occasion de la Journée de l’Afrique à la COP 30, célébrée mardi à Belém, les responsables politiques, institutions régionales, partenaires au développement et organisations de la société civile ont affiché un message unifié : le continent ne veut plus être un simple bénéficiaire de l’aide climatique, mais un acteur majeur capable de définir son propre agenda. Sous le thème « L’Afrique à l’avant-garde de l’action climatique », les discussions ont porté sur la nécessité d’un financement durable et équitable pour soutenir une croissance verte résiliente et inclusive.
Un continent uni autour de la justice climatique
Pour les dirigeants africains, l’heure est à la fermeté. Dix ans après l’Accord de Paris, les financements climatiques demeurent largement insuffisants au regard des besoins, et les écarts entre promesses et actions continuent de se creuser. L’Afrique, qui absorbe 20% des puits de carbone mondiaux mais n’est responsable que de moins de 4% des émissions de gaz à effet de serre, reste paradoxalement l’une des régions les moins financées, ne recevant que 3% des financements climatiques globaux.
Moses Vilakati, Commissaire de l’Union africaine chargé de l’environnement, a résumé l’état d’esprit général : « L’Afrique parle d’une seule voix, forte et déterminée, pour la justice climatique. Nous ne sommes pas de simples bénéficiaires, mais des acteurs engagés, porteurs de solutions africaines pour un avenir durable».
Une vision économique ambitieuse: de l’exploitation à la création de valeur
Les discussions ont également mis en lumière une ambition nouvelle : faire du climat un levier de transformation économique. Le continent, riche en minéraux critiques tels que le cobalt ou le manganèse, se trouve au cœur des industries de demain — batteries, technologies propres, véhicules électriques.
Toutefois, il ne capte encore qu’une faible part de la valeur ajoutée.
La COP 30 a ainsi relancé le débat sur la transformation locale et la création de chaînes de valeur régionales capables de réduire la dépendance aux exportations brutes. La Banque africaine de développement a rappelé ses priorités stratégiques : libérer le capital africain, renforcer la souveraineté financière, miser sur la démographie et développer des infrastructures résilientes.
Par ailleurs, le marché africain du carbone représente une opportunité majeure. Moins de 1% des revenus mondiaux du carbone reviennent actuellement au continent. Avec une gouvernance africaine, ce marché pourrait générer jusqu’à 100 milliards de dollars par an et créer cinq millions d’emplois verts d’ici 2030.
Un appel pressant à la réforme du système financier mondial
Au-delà des annonces, une exigence s’est imposée : repenser en profondeur l’architecture du financement climatique. Les dirigeants africains dénoncent un système opaque, dominé par les institutions du Nord, où l’essentiel des financements se présente sous forme de prêts — aggravant la dette des pays déjà vulnérables.
L’échec de la COP 29 à Bakou, qui n’a pas permis de débloquer les 300 milliards de dollars annuels d’aide pour l’Afrique, demeure dans les esprits. Près de 60 % des financements proposés prenaient la forme de dettes supplémentaires, un modèle que les dirigeants africains refusent désormais.
Cosmas Milton Ochieng, représentant de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, a été clair : « Restructurer l’architecture financière mondiale est une condition de survie. L’Afrique a besoin d’un système prévisible, transparent et équitable».
Un tournant politique : l’Afrique demande un nouveau pacte climatique mondial
L’Afrique n’exige plus seulement davantage de financements : elle réclame un nouveau pacte climatique mondial, fondé sur l’équité, la reconnaissance de son rôle environnemental et la valorisation de ses ressources naturelles. Le continent veut un accès direct aux fonds climatiques, des mécanismes non basés sur la dette et une tarification juste du carbone.
Avec plus de 350 milliards de dollars en fonds souverains et caisses de retraite mobilisables, les dirigeants africains appellent également à renforcer le financement intérieur, afin de construire une transition verte autonome et durable.
Une COP déterminante pour l’avenir du continent
A Belém, la Journée de l’Afrique n’a pas été une simple célébration symbolique. Elle a pris la forme d’une déclaration de souveraineté climatique.
Les dirigeants du continent ont réaffirmé que l’Afrique ne cherche pas la charité, mais un partenariat mondial équitable, capable de reconnaître sa contribution essentielle à la préservation de la planète.
A l’heure où les regards se tournent vers les négociations finales de la COP 30, le message africain est clair : il est temps de passer d’un système de financement inéquitable et endettant à un véritable engagement climatique international, à la hauteur des enjeux et du rôle central que joue déjà l’Afrique dans l’équilibre climatique mondial.
Hassan Bentaleb







