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Un ramadan comme les autres : Une révolution en Irak


AFP
Mercredi 16 Septembre 2009

Un ramadan comme les autres : Une révolution en Irak
Siroter un café dans les ruelles de Falloujah, se promener sur les rives du Tigre à Bagdad ou Bassorah: les Irakiens peuvent s'adonner les soirs de ramadan à ces distractions simples, qui n'en représentent pas moins une petite révolution dans un pays en convalescence.
Pour la première fois depuis le début de la guerre dans leur pays en 2003, après l'invasion américaine, les Irakiens ont le sentiment de passer un ramadan empreint de normalité après avoir traversé des années sanglantes de conflits confessionnels.
Il y a encore deux ans, il était impossible de rester tard dans les rues de la ville sunnite de Falloujah, un temps foyer de l'insurrection et théâtre des plus grandes batailles entre les rebelles sunnites et les soldats américains.
Mais cette année, la vie a repris son cours normal pendant le mois saint, traditionnellement une période de partage où les musulmans visitent leurs familles et leurs amis pour rompre le jeûne.
“Nous pouvons nous promener dans les rues de la ville jusque tard dans la nuit. Les gens se rendent nombreux dans les parcs publics ce qui n'était pas le cas auparavant”, s'émerveille Omar Baqer Saleh, un habitant de 27 ans.
Pour lui, un autre signe est encourageant. “Pour la première fois cette année, le tambourineur public est réapparu”.
Le tambourineur public est une ancienne tradition arabe: avant que l'aube ne pointe, le tambourineur sillonne les rues et frappe sur son instrument en criant “Réveille-toi dormeur et prie l'éternel” aux musulmans avant que ne débute une nouvelle journée de jeûne.
Lors des violences confessionnelles, qui ont fait des dizaines de milliers de morts, ces tambourineurs avaient disparu. Trop dangereux. “Nos vieilles traditions reviennent petit à petit”, se félicite Omar.
Un récent soir de septembre, le jardin public d'Abou Naouas, sur la rive orientale du Tigre à Bagdad, ressemblait à une grande gargote à ciel ouvert avec ses longues guirlandes multicolores suspendues entre les arbres.
De grands écrans diffusaient des films égyptiens devant des pères de famille fumant des narguilés, au milieu de vendeurs ambulants de ballons gonflables et de pop corn assaillis par des hordes d'enfants.
Des grappes de jeunes hommes, cheveux gominés et habits branchés, tentaient d'approcher discrètement des groupes de filles, sous le regard suspicieux de policiers bedonnants plus occupés à profiter de l'air frais que de jouer les chaperons.
“Enfin on peut sortir et se relaxer après les dures journées de jeûne et de travail”, sourit Hicham Kassem, 28 ans, venu avec sa femme et ses enfants, en recrachant des bouffées de fumée de sa pipe à eau.
“On n'a plus peur de sortir. Chaque soir on change d'endroit: une fois ici, une autre dans le quartier de Wahda, à Karrada ou Mansour”, des lieux de sortie populaire pour les Bagdadis, dit-il.
Oula Hussein, une mère de famille de 37 ans et veuve depuis la mort de son mari en 2005 dans un attentat, se sent plus en sécurité grâce à l'éclairage public désormais présent dans les rues les plus fréquentées.
“Depuis qu'ils ont installé ces panneaux solaires, la lumière est revenue dans les rues et c'est bien mieux comme ça”, dit-elle.
A Bassorah, la grande ville du sud, la corniche du fleuve est de nouveau un endroit prisé pour profiter des fraîches soirées de ramadan et les vendeurs de glace, comme le célèbre Abou al-Khayr, sont bondés.
“On sort, on reste dans les cafés jusque tard”, explique Hussein al-Saad, un employé municipal de 35 ans. “Notre problème aujourd'hui, c'est plus la sécurité, c'est l'eau et l'électricité”, insiste l'homme.


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