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Ils sont 62 candidats, de 31 pays. Certains ont fait venir leur tracteur en bateau du bout du monde. Ils ont deux heures pour labourer leur parcelle et un objectif: devenir le champion du monde de labour.
Vendredi et samedi se tenait à Saint-Jean-d'Illac, bourgade du sud-ouest de la France, le 61e Championnat mondial du labour. La dernière fois que la France a accueilli cette compétition c'était à Pomacle, petit village proche de Reims (nord-est), en 1999.
Observés à la loupe par les juges et sous un soleil de plomb, les candidats doivent labourer en deux heures une parcelle sur chaume (qui a déjà été cultivée), puis une prairie. Les sillons doivent bien évidemment être les plus droits possible et d'une profondeur de 20 centimètres. Tout centimètre ou minute supplémentaire, c'est une pénalité.
"La pire tuile pour un candidat, c'est de casser une pièce de la charrue. Si ça arrive, t'as une heure pour réparer mais une heure, ça passe vite", explique Jérôme Maure, de l'association France Labour.
Son candidat à lui, c'est Fabien Landre. A seulement 32 ans, cet agriculteur français originaire de l'Ain (est) a déjà été champion du monde en 2010 et vice-champion du monde l'an dernier. "Il a ça dans le sang", déclame en cœur son comité de soutien, muni de drapeaux. Pour l'instant, ils ne commentent pas la performance de leur champion car "c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses", assurent-ils.
Quelques parcelles plus loin, Willem Johannes Ludik a lui, semble-t-il, fait une belle "bouse". Une charrue qui dérape et hop, deux sillons de travers suffisent à abîmer l'ouvrage. Ce n'est pas terrible ça? "Oui, c'est sûr ce n'est pas très beau mais pour l'Afrique du Sud, c'est déjà une bonne performance. Car c'est la première fois que nous participons à une finale", commente Rudi du Toit, représentant en Afrique du Sud de la fédération mondiale de labour (WPO). Alors Rudi du Toit apprend et observe admirativement la parcelle de Samuel Gill juste derrière lui.
Allure athlétique, t-shirt sans manche et casquette vissée sur la tête, ce mécanicien nord-irlandais a l'amour du travail bien fait. Et en famille puisque Samuel a été champion du monde en 2008 et son frère en 2007, raconte un autre des frères, Richard.
Ici, tout le monde les redoute et beaucoup sont convaincus que la compétition se joue entre les Ecossais, les Irlandais et les Nord-Irlandais cette année.
"C'est normal, chez eux le labour est un sport national. Chez nous, personne ne connaît la discipline", justifie Jérôme Maure.
Ce n'est qu'en fin de journée samedi que les juges proclameront les résultats, avec, à la clé, la gloire bien sûr et une belle machine agricole offerte par un sponsor.
Et à eux, il ne faut surtout pas parler de non-labour, cette pratique à la mode qui encourage les agriculteurs à ne plus retourner la terre pour éviter son érosion et favoriser l'activité biologique souterraine.