Les trois heures d'échange entre le président américain et son homologue russe sur une base militaire en Alaska n'ont abouti à aucun "deal" ou avancée concrète.
"C'est une très bonne nouvelle qu'il n'y ait pas eu d'accord, pour l'Ukraine et pour les Européens", estime auprès de l'AFP Alberto Alemanno, professeur de droit européen à HEC Paris, jugeant qu'il existait un réel danger que soit dessinée "une nouvelle carte de la sécurité en Europe" dans le dos de Volodymyr Zelensky ou des leaders du Vieux Continent.
La recherche d'une solution négociée n'en reste pas moins extrêmement difficile. "La triste réalité est que la Russie n'a aucune intention de mettre fin à cette guerre de sitôt", a résumé la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a mis en garde contre "la propension" de la Russie "à ne pas tenir ses propres engagements".
Si les dirigeants européens n'avaient pas été conviés au sommet où Donald Trump et Vladimir Poutine ont échangé poignées de mains énergiques et flatteries, il ont tenté de peser sur son issue en organisant - en amont - une série d'appels et de réunions extraordinaires depuis les quatre coins de l'Europe -- vacances d'été obligent.
Et dès samedi, ils ont essayé de revenir dans le jeu en proposant de faciliter un sommet entre Donald Trump, Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine. Proposition pas encore acceptée par Moscou, frappée par 18 trains de sanctions européennes depuis le début de la guerre et qui entretient des relations glaciales avec l'Europe.
S'exprimant devant la presse à Anchorage vendredi, le président russe a d'ailleurs pris les dirigeants européens directement à partie, les exhortant à ne pas "créer d'obstacles" aux tentatives pour trouver une issue à la guerre en Ukraine.
"Il est clair que l'intention de Vladimir Poutine est d'écarter les Européens et de garder les Américains" au centre des tractations, note James Nixey, analyste indépendant spécialisé dans la politique étrangère russe.
Samedi matin, compte rendu du sommet par Donald Trump. Les Européens échangent durant une heure avec les présidents américain et ukrainien. Puis enchaînent avec une deuxième conversation, entre eux.
"C'est à l'Ukraine qu'il appartiendra de prendre des décisions concernant son territoire", martèlent les dirigeants européens dans une déclaration commune, s'engageant à "maintenir la pression sur Moscou".
"La Russie ne peut avoir de droit de veto sur le chemin de l'Ukraine vers l'Union européenne et l'Otan", ajoutent-ils, réaffirmant leurs lignes rouges.
Depuis le début de l'invasion russe, les Européens "n'ont jamais engagé avec Poutine", rappelle Alberto Alemanno. "Et là tout d'un coup ils doivent le faire sans savoir exactement quels sont les termes d'engagement", décrypte l'analyste, estimant que les dirigeants "sont un peu coincés".
L'équation est d'autant plus périlleuse que Donald Trump a clairement laissé entendre qu'il pourrait se désengager de ce conflit, après avoir maintes fois promis de le résoudre en "24 heures".
Et que les Européens n'ont, aux yeux de nombreux experts, pas les moyens d'assumer seuls le soutien à l'Ukraine, malgré leurs efforts entrepris pour renforcer les capacités de défense du continent.
"Quand je me suis réveillée ce matin, ma première pensée a été que nous devions nous dépêcher encore plus de nous réarmer", a assuré la Première ministre danoise Mette Frederiksen.
Soucieux de se montrer à la manoeuvre pour mettre fin au plus sanglant conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont convoqué une réunion dimanche avec les pays de la "coalition des volontaires" alliés de Kiev.
Des concertations organisées quelques heures seulement avant un déplacement de Volodymyr Zelensky à Washington pour rencontrer Donald Trump. Fait notable: quelques dirigeants européens pourraient être conviés à la rencontre.