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Tuchel-Dortmund Un mariage ombrageux brisé par un attentat

Lundi 17 Février 2020

Entre Thomas Tuchel et Dortmund, les relations n'ont jamais été simples. Mais elles ont viré au cauchemar en avril 2017, après l'attentat contre le bus de l'équipe dans lequel se trouvait l'actuel entraîneur du PSG, opposé mardi au club qu'il a dirigé deux ans.
"Nous ne jouons pas contre Thomas Tuchel, mais contre le Paris SG", a lancé le directeur sportif du Borussia Michael Zorc au lendemain du tirage au sort des huitièmes de finale de Ligue des champions. "Il sera bien sûr accueilli amicalement lorsqu'il reviendra à Dortmund".
Le coach parisien évacue lui aussi la question: "J'ai décidé de ne pas me mettre au milieu de toute cette histoire, mais de bien préparer l'équipe. Elle n'a rien à voir là-dedans", dit-il dans une interview publiée dimanche par la presse allemande.
La courtoisie est de rigueur. Mais l'histoire d'une union fracassée demeure.
Tout avait pourtant bien commencé, lorsque le jeune entraîneur avait pris en 2015 la difficile succession du mythique Jürgen Klopp, idole du Signal Iduna Park. Après 11 victoires consécutives pour ses 11 premiers matches officiels, Tuchel avait mené le BVB à la deuxième place de la Bundesliga, derrière le Bayern, avec un football offensif conforme à l'ADN du Borussia.
La première fracture est intervenue à l'intersaison. Tuchel fait savoir qu'il veut continuer à bâtir sur les piliers de l'équipe que sont Mats Hummels, Ilkar Gündogan et Henrik Mkhitaryan. En mai, le patron du club Hans-Joachim Watzke le rassure: "Il est totalement exclu que les trois quittent Dortmund en fin de saison".
Trois mois plus tard, Hummels est cédé au Bayern, Gündogan à Manchester City et Mkhitaryan à Manchester United!
La saison suivante est marquée par quelques incidents. Lorsque Pierre-Emerick Aubameyang est suspendu un match par le club pour indiscipline, l'entraîneur lui donne ostensiblement une énorme accolade à son retour sur le terrain. Et lorsque le Borussia recrute le jeune espoir suédois Alexander Isak, Tuchel affirme qu'il n'a même pas été consulté.
L'ambiance n'est donc plus au beau fixe, au matin du quart de finale aller de Ligue des champions contre Monaco, le 11 avril 2017. Mais le club est encore en course pour toutes les compétitions et, en public, les dirigeants affichent leur satisfaction.
Ce soir-là, sur la route du stade, le bus des joueurs est la cible d'un attentat à l'explosif. Le défenseur espagnol Marc Bartra est blessé au poignet. Les joueurs et l'entraîneur en état de choc.
Alors que Bartra est à l'hôpital, et que l'on ignore tout de l'identité et du mobile du ou des agresseurs, les dirigeants des deux clubs, en accord avec l'UEFA, acceptent pourtant de reprogrammer le match dès le lendemain soir. Sans consulter Tuchel.
C'est longtemps après que l'on apprendra que l'auteur de l'attaque espérait s'enrichir, après avoir spéculé à la baisse sur les actions du club.
Dortmund joue et perd 3-2. Après le match, Tuchel s'en prend ouvertement à ses dirigeants: "Nous avons l'impression d'être traités comme si on avait lancé une bouteille de bière contre notre bus, et une demi-heure plus tard, on nous annonce la décision: on joue demain", fulmine-t-il.
Watzke, qui se retrouve dans la peau du "méchant", accusé d'avoir cédé aux intérêts financiers de l'UEFA, est ulcéré. D'autant que Tuchel, lui, est dans le beau rôle: celui qui fait preuve d'humanité en défendant ses joueurs.
"C'est au lendemain de l'explosion que le Borussia Dortmund a implosé", raconte le journaliste Michael Horeni dans un livre co-écrit avec Watzke, intitulé "Echte Liebe" ("Amour véritable", la devise du BVB).
"L'attentat fait remonter à la surface toutes les tensions qui préexistaient. Les nerfs sont à vif (...) La relation était déjà dégradée, mais à la fin de la journée, elle était détruite", poursuit-il.
Dans les jours suivants, Watzke admet "de graves divergences" avec Tuchel. Plus tard, au moment du procès, l'entraîneur résumera toute l'histoire d'une phrase choc: "La grosse divergence, c'est en fait que j'étais dans le bus et Aki (Watzke) non".
En fin de saison 2016-2017, le Borussia termine troisième du championnat, et panse ses blessures en remportant la coupe d'Allemagne.
Au stade olympique de Berlin, la fête est grandiose, mais il est trop tard: Tuchel est limogé. Il restera un an sans entraîner, avant de rebondir au Paris SG en 2018.


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