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Chaque jour, des dizaines de passagers empruntent les chariots de métal fabriqués par les "trolley boys" eux-mêmes et voyagent sur quelques segments de l'immense réseau ferré de la mégapole de 12 millions d'habitants. Les passagers économisent ainsi du temps et de l'argent car à 10 pesos le voyage (20 cents américains), ce mode de transport n'est pas cher. Il évite aussi aux gens d'être serrés comme des sardines dans des autobus bondés et étouffants. Mais il y a le risque permanent pour les "trolley boys" et leurs passagers d'être happés par un train s'ils ne sautent pas assez vite hors de l'attelage. "Notre boulot est très dangereux, il faut connaître les horaires des trains", raconte Rene Vargas Almeria, 57 ans, qui pousse des passagers depuis près de 20 ans.
Cette portion de voie ferrée de 1,2 km dans le quartier de Santa Mesa est fréquentée par plus d'une vingtaine de trains par jour. Les autorités tolèrent à contre-coeur l'activité des "trolley boys" du fait de leur popularité. Étonnamment, les victimes ne sont pas si fréquentes qu'on pourrait le penser. La police ne compile aucune statistique sur le sujet mais dit ne pas se souvenir du dernier accident mortel. Tous ont cependant en mémoire des occasions où ils en ont réchappé de justesse.
Rodolfo Maurello, 60 ans, qui transporte des gens depuis près de deux décennies, se souvient du jour où il poussait son chariot rempli de passagers sans remarquer le train qui arrivait derrière lui. "Le train était juste à quelques mètres", dit-il, expliquant s'être retourné à la dernière minute pour faire signe au conducteur de s'arrêter. "C'était à quelques secondes. Le grincement des freins était assourdissant".
M. Maurello est toutefois content d'être son propre patron, son charriot lui appartient. Les bons jours, il gagne l'équivalent de 10 dollars, ce qui lui permet de subvenir aux besoins de ses trois enfants.
Aux Philippines, une personne sur cinq gagne moins de deux dollars par jour. Rene Almeria se souvient d'un épisode similaire. Il pensait à autre chose et avait ce jour-là un seul passager qui regardait dans la direction opposée. "J'ai tourné la tête et j'ai vu arriver le train, j'ai tiré mon charriot hors des rails. C'était vraiment limite".
Manille est notoirement malade de ses bouchons. Infrastructures insuffisantes, faiblesse des transports publics et augmentation du nombre des voitures particulières, tout concourt à ce que les gens mettent des heures pour parcourir quelques kilomètres.