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Yvan Verougstraete, eurodéputé responsable de la Commission environnement, souligne que cette réforme place la gestion des textiles au cœur des priorités, en imposant aux producteurs et distributeurs une participation active au recyclage.
Responsabilité
La nouvelle législation fixe donc des objectifs clairs : elle responsabilise fermement producteurs et distributeurs, les obligeant à prendre en charge les coûts de collecte, de tri, et de recyclage de leurs produits, couvrant un large éventail allant des vêtements aux accessoires comme les chaussures, le linge de maison, les tapis, et même les matelas. Pour ce faire, chaque Etat membre devra organiser des collectes séparées efficaces afin d’optimiser la réutilisation et le recyclage des textiles. La mesure intègre aussi une attention particulière aux pratiques controversées de la fast fashion et ultra-fast fashion, identifiées comme sources majeures de pollution.
Au cœur de cette réforme figure le principe de la «responsabilité élargie des producteurs» (REP), qui pousse les fabricants à assumer l’impact total de leurs produits sur la chaîne de vie. Les producteurs de masse, produisant des biens jetables et peu durables, seront soumis à des contributions financières plus élevées, tandis que ceux misant sur la durabilité pourront bénéficier d’une tarification avantageuse. Ce système pénalise les pratiques irresponsables tout en encourageant une conduite plus éthique et respectueuse de l’environnement. Parallèlement, la collecte et le tri systématiques des textiles permettront d’éviter que ces derniers ne finissent dans des décharges ou soient exportés massivement sous des prétextes de réemploi souvent douteux.
Transparence
La transparence est également renforcée : les marques devront rendre compte du volume de vêtements mis sur le marché, ainsi que de leur durée de vie estimée, ce qui permettra aux consommateurs et aux régulateurs d’avoir une meilleure visibilité sur l’impact réel du secteur textile.
Côté coûts, chaque producteur devra verser une contribution REP, estimée autour de 30 centimes par t-shirt. Cette somme, relativement modeste, pourra être répercutée partiellement sur le prix de vente, impliquant une légère hausse (par exemple, un t-shirt qui valait 5 € pourrait passer à 5,30 €). Cette augmentation, minime mais symbolique, est conçue pour inciter aussi bien producteurs que consommateurs à changer leurs comportements : acheter moins de vêtements jetables, préférer la qualité, et privilégier la durabilité.
Impact
La nouvelle directive européenne sur la gestion des déchets textiles aura-t-elle un impact significatif sur le secteur textile marocain, qui constitue un pilier majeur de l'industrie manufacturière du pays ? Selon certaines analyses, le Maroc, en tant qu’important fournisseur textile pour les marchés européens, devra aligner ses pratiques industrielles sur les normes strictes introduites par la directive, notamment en matière de durabilité des produits, traçabilité et responsabilité élargie des producteurs. Cela impliquera une modernisation accélérée des processus de fabrication pour intégrer les principes d’économie circulaire, limiter le gaspillage et faciliter le recyclage.
Pression
Les analystes avertissent sur les pressions sur la chaîne d'approvisionnement. Ils estiment que « les attentes européennes imposeront aux entreprises marocaines de produire des textiles conçus pour une durée de vie accrue et une meilleure recyclabilité. Les fabricants devront également garantir la transparence sur les volumes produits et la qualité environnementale, ce qui pourrait requérir des investissements dans des technologies innovantes, la digitalisation et des systèmes de suivi plus rigoureux ».
Il y a également l’impact économique et en compétitivité. Si cette réforme, précisent les analystes, peut entraîner des coûts supplémentaires initiaux pour les fabricants, elle représente aussi une opportunité de différenciation. Les entreprises capables d’adopter rapidement des standards élevés de durabilité renforceront leur position concurrentielle, notamment auprès des donneurs d’ordre européens sensibles à la RSE (responsabilité sociale des entreprises). De plus, la réduction du gaspillage et le recyclage créeront de nouveaux débouchés et marchés locaux dans le secteur de la valorisation des déchets textiles.
Profit
Sur un autre registre, les spécialistes soutiennent que la mise en place de filières de collecte, de tri et de recyclage au Maroc pourrait générer de nombreux emplois non délocalisables dans des domaines spécialisés, contribuant ainsi à une transition écologique tout en dynamisant l’économie locale. Le Maroc pourrait aussi profiter de ses accords de libre-échange avec l’Union européenne et les Etats-Unis pour renforcer ses partenariats internationaux, attirer des investissements ciblés et développer des projets communs axés sur l’innovation et la durabilité dans le textile.
Transition
Mais pour réussir cette transition, le rôle de l’Etat marocain sera crucial en termes de soutien financier, réglementaire et de formation des acteurs du secteur, notent les experts. Les programmes d’aide à la modernisation devront inclure l’intégration des normes environnementales et la promotion de bonnes pratiques dans l’ensemble des maillons de la chaîne textile.
En conclusion, ces experts estiment que la directive européenne impose au Maroc une transformation profonde mais nécessaire de son industrie textile. Ce dernier, grâce à ses atouts traditionnels et géographiques, ainsi qu’à ses politiques de soutien, peut transformer cette contrainte réglementaire en opportunité majeure pour devenir un modèle régional de textile durable et circulaire, tout en consolidant sa place sur le marché mondial.
Hassan Bentaleb