“Rock the Casbah” de Laïla Marrakchi projeté au Festival du cinéma francophone de Madrid

Le portrait de femmes à la «Hannah et ses sœurs» de Woody Allen transposé dans l’univers marocain


Mehdi Ouassat
Vendredi 9 Mars 2018

C’était il y a dix ans. Le premier film de la réalisatrice marocaine Laïla Marrakchi, «Marock» secouait les écrans du Maroc et bien au-delà. Montrant une jeunesse sans tabou, dénonçant l’hypocrisie religieuse et les mariages arrangés, le film avait suscité une polémique particulièrement virulente. Pourtant il avait rencontré un succès commercial inattendu, avec quelque 150.000 entrées au Maroc, autant qu’en France et avait même figuré dans la sélection «Un certain regard» au Festival de Cannes. En 2013, elle a réalisé son second long métrage «Rock The Casbah», un portrait de femmes à la «Hannah et ses sœurs» de Woody Allen transposé dans l’univers marocain.  Ce film qui s’inscrit dans une logique de maturité tout en gardant cette audace dans le traitement des sujets qui marque le travail de la réalisatrice sera projeté dans le cadre de la 4ème édition du Festival du cinéma francophone de Madrid, qui se poursuit jusqu’au 11 mars courant.
“Rock the Casbah” raconte l’histoire du décès d’un patriarche qui libère la parole au sein de sa famille, constituée principalement de femmes qui s’éveillent au monde adulte et se penchent sur les questions de la mort, de la condition féminine et des liens familiaux. C’est en effet l’histoire d’une famille qui se réunit sur trois jours dans la maison familiale suite au décès du père, pour se remémorer les souvenirs et partager sa perte, comme le veut la tradition musulmane. Il faut quitter les plages, les maillots de bain pour se vêtir de djellabas, réunir tout le monde et donner à la maison des allures d’enterrement. L’agitation est à son comble d’autant plus que cet homme n’a laissé derrière lui que des femmes. Tout va basculer avec l’arrivée de Sofia, la dernière des filles, celle qui a fait sa vie ailleurs. Actrice n’interprétant que des rôles de terroristes dans des séries américaines, elle arrive de New York après plusieurs années d’absence. Son retour va être le moyen de régler ses comptes avec ses sœurs et bouleverser l’ordre établi depuis toujours par ce patriarche. Entre rire et larmes, une hystérie collective va mener chacune de ces femmes à se révéler à elle-même.
Notons que Laïla Marrakchi  est née à Casablanca et a fait ses études en France. Elle est titulaire d’un DEA en études cinématographiques et audiovisuelles de l’Université Paris III. En 2000, elle a réalisé son premier court métrage : «L’Horizon perdu». Elle est aujourd’hui mariée au réalisateur Alexandre Aja, célèbre pour ses films «La colline a des yeux» et «Mirrors».
Rappelons enfin qu’ouvert à tous les publics, le Festival du cinéma francophone de Madrid se veut une fenêtre sur les cultures francophones riches et diversifiées, à travers notamment le cinéma de pays africains, européens et américains. Il s’agit, en effet, d’un rendez-vous annuel ayant pour objectif de faire découvrir au public espagnol, notamment de la capitale, la diversité des cultures francophones. Aux côtés de «Rock The Casbah», d’autres longs métrages francophones seront ainsi projetés, dont “Une Jeune fille de 90 ans” de Valeria Bruni Tedeschi et Yann Cordian, “La Vanité” de Lionel Baier, “Je veux voir” de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas, ou encore “Félicité”d’Alain Gomis. 


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